Horlogerie
Bien difficile d’ignorer la puissante vague écolo actuelle. Dans l’univers horloger, IWC est l’une des premières manufactures helvètes à l’avoir surfée. Où en est aujourd’hui cette pionnière horlogère du développement durable ?
L’écologie est à la mode, doux euphémisme. Le phénomène remonte à une petite dizaine d’années. Les jeunes de la génération Z sont particulièrement connectés à cette nouvelle « religion ». Pour elle, ils sont prêts à renoncer à prendre l’avion, à rouler au volant de voitures électriques délicates à recharger ou encore à acheter des produits cultivés à une poignée de kilomètres de chez eux. Regroupés derrière des figures tutélaires, comme Greta Thunberg, ils font pression sur les industriels pour que processus de fabrication et produits évoluent vers un plus grand respect de l’environnement.
Les membres de cette nouvelle tribu ne craignent pourtant pas les contradictions. Ils sont tout aussi accros à l’écologie qu’à leur smartphone… un produit à la durabilité toute relative… Quoi qu’il en soit, les horlogers, comme les autres industriels, ont tout à gagner à brosser ces « engagés » dans le sens du poil. Dans le cas contraire, ils risquent de finir ostracisés.
IWC, pionnière de l’écologie horlogère
La manufacture de Schaffhouse, en Suisse, fabrique des montres de luxe depuis plus de cent cinquante ans. Réputée notamment pour ses modèles pour aviateurs, elle intègre le puissant groupe Richemont en 2000. C’est à cette date qu’elle prend ses premières mesures en faveur de l’environnement.
Cette pionnière atteint la neutralité carbone (par le biais de compensations) dès 2007. Aujourd’hui, IWC a mis en place l’un des programmes de développement durable les plus conséquents du secteur horloger. La marque de l’iconique Portugieser s’appuie sur un comité interne qui supervise la gestion des impacts sociaux et environnementaux de la maison.
En parallèle, elle édite depuis 2018 un rapport bisannuel sur ses engagements en matière de développement durable. Cet ouvrage est établi selon la norme internationale édictée par le Global Reporting Initiative (GRI). Il fait le point sur toutes les bonnes pratiques de la firme en la matière et fixe les cibles à atteindre. Pour IWC, il s’agit d’un outil de transparence écologique.
Résultats 2020… objectifs 2022
Où en est aujourd’hui cette « bonne élève » ? IWC se félicite d’avoir atteint, en 2020, une grande partie des objectifs fixés dans son deuxième rapport. La maison horlogère souhaitait réduire de 10 % ses émissions de gaz à effet de serre. Elle voulait également diminuer de 30 % le poids et le volume de ses emballages.
C’est chose faite aujourd’hui. En revanche, la manufacture n’est pas encore parvenue à doubler la part des femmes au sein de son management. Son nouveau CEO, Christoph Grainger-Herr, maintient le cap. Il a juste repoussé cet objectif à 2022.
IWC fait partie d’un monde du luxe où l’on utilise des matériaux rares. Dès 2012, l’horloger entend se fournir en or « propre ». La marque adhère au Responsible Jewellery Council (RJC), un organisme qui milite pour la traçabilité des matériaux précieux. Depuis ce jour, la manufacture achète son platine, son or et ses diamants uniquement auprès de fournisseurs certifiés.
C’est la garantie que les produits ne sont pas issus de conflits ou de violation des droits de l’homme, du travail des enfants, ou que leur extraction ne dégrade pas sévèrement l’environnement. À plus long terme, la marque de la mythique Portofino souhaite utiliser 100 % d’or recyclé, une solution basée sur la réutilisation de vieux bijoux ou des chutes de métal récupérées lors de la fabrication ou d’opérations de finition.
In fine, la qualité de l’alliage obtenu est telle qu’il est difficile de déceler une différence avec de l’or traditionnel. Tous ces engagements portent leurs fruits : IWC est classée par le WWF suisse parmi les entreprises les plus écologiques du secteur horloger.
Un atelier en forme de manifeste
Inaugurée en 2018, le Manufakturzentrum est le symbole du travail d’IWC en matière d’environnement. Ce bâtiment ultra fonctionnel, nouveau siège social et unité de fabrication de la marque, vise l’exemplarité écologique. Architecte de formation, Christoph Grainger-Herr, en a supervisé la construction.
Le site emploie notamment 100 % d’énergie renouvelable. La manufacture utilise l’hydroélectricité helvète. Sur son toit, une centrale photovoltaïque produit chaque année près de 300 MWh d’électricité. Des LED éclairent les lieux ainsi que ses environs. Le chauffage est assuré par des pompes à chaleur. Enfin, la priorité est donnée à l’eau de pluie, qui est utilisée notamment pour les installations sanitaires. Cela permet d’économiser 255 000 litres d’eau par an.
Le social en force
C’est historique, IWC s’est toujours engagé vis-à-vis de ses salariés. Ainsi, dès 1897, l’horloger vient en aide financièrement aux familles des employés invalides ou en mauvaise santé. Ces dernières années, la marque s’est beaucoup investie dans le bien-être au travail, obtenant de bons résultats. Ainsi, elle est certifiée Great Place to Work, une première pour une marque horlogère.
Près de 90 % de ses collaborateurs se disent fiers de faire partie de la famille IWC. Cette bonne ambiance a permis une réduction de 10 % du taux d’absentéisme. Prochain chantier ? La maison horlogère veut décrocher la certification Equal Pay sur l’égalité salariale entre hommes et femmes.
Écologie : les écrins et bracelets IWC font leur mue
Les montres sont des produits durables par essence. Les ingénieurs d’IWC cherchent pourtant à les faire évoluer vers une définition toujours plus écologique. La manufacture innove en proposant des bracelets en TimberTex, fabriqués en Italie. Ce matériau à base de papier est composé à 80 % de matières végétales naturelles. Il est aussi solide et agréable au toucher que le cuir. La cellulose utilisée provient d’arbres certifiés Forest Stewardship Council (FSC), issus de forêts européennes gérées de manière durable et responsable.
L’horlogerie, durable par essence
Les montres ont un atout inestimable. Elles sont plutôt écologiquement vertueuses. Un garde-temps est le type même de produit qui se passe de génération en génération, et donc pérenne par nature.
« Une grande part de nos pièces marchent encore 150 ans après leur naissance », se félicite-t-on chez IWC. Une montre classique ne demande, par ailleurs, ni pile ni carburant pour fonctionner. Elle puise son énergie dans les mouvements du bras humain. Difficile de faire plus écolo !
De ce point de vue, les activités high-tech, comme la téléphonie ou l’informatique, ne peuvent en dire autant, bien au contraire : le secteur organise, planifie, accélère savamment l’obsolescence de ses produits.
Malgré tout, on reste humble à Schaffhouse, près de Zurich. On a en tête que l’horlogerie, comme toute industrie qui passe par des processus de chauffage et de cuisson, demeure malgré tout un peu polluante.
L’emballage est un autre chantier
La manufacture a repensé totalement ses conditionnements de montres. Elle a réussi à réduire leur volume et leur poids de 30 %. Ils utilisent, en outre, 90 % de plastique en moins. « En concevant des emballages plus petits et de meilleure qualité, nous avons obtenu de nouveaux écrins plus durables et démontré que le luxe n’est pas nécessairement synonyme d’excès », se félicite-t-on à la manufacture.
Une évolution jamais achevée
On le voit, IWC reste fermement engagée dans un processus de luxe plus écologiquement respectueux. « Agir durablement requiert un effort collectif, continu et collaboratif, sans fin. Une politique de développement durable n’est jamais achevée, annonce Christoph Grainger-Herr. Nous pouvons toujours faire davantage et nous allons continuer dans cette voie. » Cette démarche est pour la manufacture une façon de rester en contact avec les nouvelles générations. Ses montres éviteront ainsi d’être reléguées au rang de produits pour séniors.
Des transports plus vertueux
La manufacture IWC a mis en place une politique de transport ambitieuse. « Elle vise à réduire l’empreinte carbone de nos salariés. Des aides financières sont allouées à ceux qui achètent des véhicules à faibles émissions de carbone », explique la marque.
Des bornes de recharge pour voitures et aussi pour vélos électriques sont disposées sur les parkings. Elles permettent aux employés qui ont fait le choix de la « mobilité zéro émission » de recharger leur véhicule pendant leur journée de travail.
Deux Smart électriques sont proposées en libre-service, notamment pour accompagner les invités jusqu’à la gare. La manufacture encourage également financièrement ceux qui utilisent les transports en commun.
IWC travaille avec l’organisme local chargé des bus pour adapter les passages aux bons horaires – avec une fréquence plus élevée le matin et le soir pour les employés de la manufacture.
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