Horlogerie
L'horlogerie japonaise produit plus de 70 millions de montres par an (estimation), soit beaucoup plus que les horlogers suisses. Pourtant, on parle moins couramment des garde-temps nippons, souvent moins onéreux. Pour que cela change, l’horlogerie japonaise s’est engagée dans une marche vers le premium.
Le Japon pourrait être l’autre pays des montres, comme la Hollande est l’autre pays du fromage, ou l’Italie l’autre pays de la gastronomie. Un titre qui n’est pas usurpé, puisque l’archipel est même devenu, avec plus de 70 millions de montres fabriquées annuellement, l’un des premiers producteurs mondiaux. Et le panier moyen est bien moins élevé que son homologue helvète. Cela vient de l’histoire de l’horlogerie japonaise, qui connaît une accélération autour de 1870.
À cette époque, les horlogers suisses s’intéressent au marché nippon qui s’annonce prometteur, sortant en effet du protectionnisme dans lequel il était englué. Les Suisses organisent alors un transfert de technologie en invitant des ouvriers nippons à aller étudier dans leurs ateliers. Une fois formés, ils rentrent au Japon pour s’occuper du service après-vente des marques suisses présentes là-bas et qui rencontrent un franc succès.
Ce que les Suisses n’avaient pas prévu, c’est qu’une partie de ces horlogers fraîchement formés ouvriraient leurs propres ateliers. Résultat, la première marque de l’archipel, la Nippon Watch Manufacturing Co., voit le jour en 1891. Las, elle disparaît quatre ans plus tard. Mais l’élan est donné. En 1892, Hattori Kintaro fonde la Seikosha Clock Factory, future Seiko.
Dès les années 1910, la production intérieure prend le dessus sur les importations. Globalement, elle fait preuve de modernité et d’inventivité. Ainsi, en 1913, Seiko sort sa première montre-bracelet. Un peu plus tard est fondé Citizen. Mais la Première Guerre mondiale va donner un coup de frein à l’essor de cette industrie. Il faut attendre la fin des années 40 pour assister au renouveau de l’horlogerie japonaise. Le pays lance alors un vaste programme d’exportation mondiale de ses garde-temps et horloges.
Avec le quartz, l’horlogerie japonaise conquiert le monde
Le véritable bond en avant intervient à la fin des années 60, avec l’arrivée du quartz. Cette technologie simplifiée permet d’améliorer la fiabilité et la précision des produits et de les vendre à des prix imbattables. Elle révolutionne l’industrie horlogère. L’horlogerie japonaise submerge le monde avec la force d’un tsunami.
La Suisse souffre, des manufactures centenaires se retrouvent en faillite. Les ateliers sont contraints de licencier des dizaines de milliers de travailleurs… À la suite de cette terrible crise, certains horlogers suisses ont la brillante idée de laisser le quartz aux Japonais et de se recentrer sur ce qu’ils savent faire le mieux : les montres mécaniques. Avec le succès que l’on sait.
Depuis lors, l’horlogerie japonaise pâtit en Occident de la réputation de produire de « petites montres bon marché ». Et pourtant, la vérité est tout autre. Les géants de l’archipel produisent bien des wagons de montres à quartz, mais fabriquent également, en plus petite quantité, des montres mécaniques de qualité.
Un marché très concentré
Aujourd’hui, trois grands groupes – Casio, Citizen et Seiko – dominent le secteur. Chacun réalise un chiffre d’affaires de plusieurs milliards de dollars. Leur entrée de gamme, constituée de pièces entre 100 et 300 euros, subit depuis quelques années les attaques des marques de mode.
En France, Daniel Wellington ou Ice-Watch, notamment, leur grignotent des parts de marché. Mais c’est plus encore la concurrence des montres connectées qui se révèle la plus violente. Celles-ci rencontrent un immense succès depuis qu’elles proposent des fonctions pour le sport et le bien-être. Apple vendrait plus de 30 millions d’Apple Watch par an !
Pour s’en sortir, les horlogers nippons se sont lancés dans une montée en gamme. Objectif : aller titiller l’horlogerie premium helvète. Dans leur quête des sommets horlogers, les géants japonais ont pour eux d’être de vraies manufactures. Tous trois fabriquent toutes leurs pièces en interne : boîte, moteur, cadran… Cette disposition constitue un vrai plus en matière de prestige horloger.
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