Culture
Poésie visuelle, art militant, installations filaires et sculptures totems composent un parcours réjouissant de Bruxelles à Anvers, en passant par Louvain.
Quand l’écriture fait dessin, Bruxelles. Né en 1959 en Azerbaïdjan, Babi Badalov vit aujourd’hui à Paris. Poète et voyageur, il intègre souvent ses propres écrits dans ses œuvres, les associant à des images, créant ainsi des dessins, des collages, des peintures sur murs, des tissus, des installations et des éditions.
Son oeuvre est marquée par le décoratif et l’ornement, révélant des filiations entre le dessin et l’écriture que l’Occident a effacées. Son travail de « poésie visuelle » n’est jamais aussi intéressant que lorsqu’il s’intéresse à la manière dont le langage peut nous isoler des individus avec lesquels nous souhaitons communiquer tout en ne partageant pas la même langue qu’eux.
A travers cette entreprise de calligraphie directe, Babi Badalov aborde les questions sociales et géopolitiques qui se posent à tout exilé, et ce faisant, il fait aussi et surtout écho à sa propre vie. Soul Mobilisation Babi Badalov, La Verrière, jusqu’au 15 février. www.fondationdentreprisehermes.org
Au fil de l’oeuvre, Bruxelles. Les installations spectaculaires de Chiharu Shiota transforment les espaces dans lesquels elles se déploient, immergeant le visiteur dans son univers. L’artiste, qui a représenté le Japon à la Biennale de Venise de 2015, a étudié la peinture au début de sa formation, puis elle a commencé à utiliser son propre corps dans des performances, avant de choisir le fil comme mode d’expression formelle et conceptuelle.
Dans l’installation principale de l’exposition Me Somewhere Else, une immense nasse de fils s’élève jusqu’au plafond, retenue au sol par deux pieds en bronze. Couleur rouge sang, ce dense entrelacs pourrait faire penser à des connexions neuronales. Il évoque pour Chiharu Shiota sa lutte contre la maladie et la certitude que son esprit survivra à son corps. Chiharu Shiota. Me Somewhere Else, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, jusqu’au 9 février. www.brusselsmuseums.be
Keith Haring revival, Bruxelles. Mort à 31 ans en 1990, Keith Haring fait partie des figures légendaires du New York des années 80. Jouant un rôle clé dans la contre-culture, créant un style immédiatement reconnaissable, Keith Haring a conçu un art compréhensible pour tous.
L’exposition, qui réunit des peintures grand format sur papier, sur toile et sur vinyle, des dessins, de la vidéo, des pochettes de disques, rend compte de son extraordinaire productivité sur quinze ans de carrière à peine.
Le parcours ressuscite la farandole des personnages qui dansent, des chiens qui aboient et des soucoupes volantes qui peuplent ses fresques urbaines. Ces figures récurrentes dispersent des messages sur le racisme, l’homophobie, la toxicomanie, le sida, le capitalisme ou la destruction environnementale, avec l’humour et l’activisme qui animaient l’artiste. Keith Haring, Bozar, jusqu’au 19 avril. www.bozar.be
Les expos hors-Bruxelles
Comic Aerts, Louvain. Les personnages semi-comiques que Nel Aerts fait apparaître dans ses œuvres semblent provenir de droodles, ces énigmes sous forme de petits croquis. Courts sur pattes, ils questionnent la réalité, transcendent les trivialités du quotidien et se moquent du rôle attribué à l’artiste contemporain.
Dans cette exposition, ces figures clownesques sont accompagnées d’une nouvelle série de sculptures à l’équilibre précaire. Totems cocasses de canettes, de brocs et de mugs empilés suggèrent à tout moment la possibilité de la chute et de l’échec. La vie d’artiste n’est pas rose tous les jours. Nel Aerts. The Waddle Show; A Counteract, M Leuven, jusqu’au 15 mars. www.mleuven.be
Jeux de mots, Anvers. Après avoir abandonné des études de chimie, enchaîné divers métiers et publié des poèmes dans les années 50, Marcel Broodthaers a entamé, à 40 ans, une carrière de plasticien.
En noyant dans du plâtre les volumes invendus de son dernier recueil de poésies, il produit sa première sculpture en 1964. Le M HKA consacre une grande rétrospective à cette figure éminente de l’art belge, avec ses œuvres du début aux matériaux insolites (coquilles d’oeufs, briques, moules…), en s’intéressant surtout aux œuvres plus tardives, lorsque Broodthaers fait retour sur le langage, jouant avec les mots et les intégrant dans des contextes différents. Marcel Broodthaers. Soleil politique, M HKA, jusqu’au 19 janvier. www.muhka.be
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