Culture
La skyline déjà bien encombrée de New York agglutine depuis quelques années des buildings d'un nouveau genre : plus fins et plus hauts. Une tendance qui ne fait que se renforcer.
Situés sur la 57e Rue, à Central Park South et sur Park Avenue, plusieurs des nouveaux immeubles de New York introduisent une nouvelle forme d’architecture dans la ville : leur extrême hauteur (plus de 400 m) se conjugue avec une telle minceur qu’on les appelle les gratte-ciel hypermaigres (« skinny ») ou les gratte-ciel crayons.
Leur construction est due à des avancées technologiques : modélisation numérique, béton plus résistant, calculs aérodynamiques sophistiqués, installation sous le toit d’un contrepoids amortissant l’oscillation du sommet du bâtiment. Pour avoir le droit de monter à de telles hauteurs, les promoteurs profitent du fait que la limitation de la surface par étage permet de répartir la surface totale autorisée sur plusieurs étages.
De plus, ils rachètent souvent les « droits à s’élever » (« air rights ») des immeubles voisins, qui datent souvent des années 30 à 50 et n’atteignent pas la hauteur théorique autorisée. Enfin, ils profitent d’une faille de la législation, selon laquelle les parties consacrées aux « équipements mécaniques » n’entrent pas dans le calcul de la hauteur. D’où l’agrandissement vertical de ces zones, au-delà de la limite du crédible : au 432 Park Avenue, près d’un quart des 427 m ne sont ainsi pas habités !
81 700 $ le m²
Les gratte-ciel crayons répondent au désir des multimillionnaires et des milliardaires de posséder un étage entier (voire plusieurs) offrant une vue panoramique sur tout New York. A proximité immédiate de Central Park, ces immeubles donnent d’un côté sur ce rectangle vert, de l’autre sur tout le sud de Manhattan. Les prix varient selon l’étage : au 432 Park Avenue, un pied à terre au 50e étage a été acheté pour 45 000 $ le mètre carré, et un autre au 95e étage pour 81 700 $ le mètre carré (soit 30,7 M $ pour 376 m²).
Ces logis comprennent bien entendu une salle de gym sophistiquée, une salle de ciné, une salle de jeux et une salle pour se poudrer. Le concierge est prêt à réserver dans l’instant une table chez Serendipity 3, une loge pour voir les Mets ou la location d’un bateau aux Hamptons. Des sociétés spécialisées peuvent faire venir à domicile un chef célèbre, un conférencier renommé, une photographe star, un thérapeute traitant le stress à l’aide des couleurs, un designer créant des bagues de mariage pour la communauté LGTBQ… Lorsqu’on habite aussi près du paradis, autant sortir le moins possible de chez soi.