The Good Business
L’opérateur norvégien a récemment inauguré le Roald Amundsen, un bateau hybride. Il s’agit du premier navire équipé de batteries à effectuer des croisières d’exploration.
En Europe, la pollution liée aux croisières est un sujet épineux. Côté face, c’est une économie florissante, qui rapporte beaucoup aux acteurs du tourisme. Côté pile, une étude récente de l’ONG Transport & Environnement démontre que 200 bateaux de croisière polluent autant que les centaines de millions d’automobiles européennes.
L’opérateur norvégien Hurtigruten a pris les devants. Ce dernier, qui effectue des croisières d’exploration en Arctique et en Antarctique, et opère une ligne d’express côtier dans son pays, a éliminé tous les plastiques jetables depuis un an.
Aussi, il ne fait appel qu’à des producteurs locaux pour remplir ses cales, signe des partenariats avec des compagnies d’autocars qui roulent au biogaz, un carburant qu’il utilise également pour faire naviguer son express côtier, et fonctionne au fuel léger, même lorsque ce n’est pas obligatoire.
En juillet, Hurtigruten allait plus loin en inaugurant le Roald Amundsen, première bateau de croisière d’exploration hybride, dont les batteries permettent de réduire de 20 % ses émissions de CO2. Il est le premier navire « électrique » qui a réussi la traversée du Passage du Nord-Ouest.
Pourquoi personne ne l’avait fait avant ? Est-ce que cette technologie peut se généraliser aux autres compagnies ? Est-ce qu’il est possible d’être encore plus propre ? Christine Bois-Beauval, directrice générale de Hurtigruten en France, a répondu aux questions de The Good Life.
Les batteries
« Pour le moment, elles permettent de réduire de 20 % nos émissions de CO2. Mais, à l’avenir, parce que ça évolue très vite, elles pourront peut-être nous permettre de les diviser par deux ! Elles n’occupent que la moitié de l’espace qui leur est réservé sur le bateau, on pourra donc s’adapter si la technologie évolue. »
Seuls en hybride
« Personne n’avait encore lancé de bateaux de croisière hybride, parce que cela coûte très cher, d’une part. D’autre part, nous n’avons pas de gros navires, nous accueillons 500 passagers en moyenne. Alimenter un paquebot qui transporte 5000 personnes, c’est beaucoup plus compliqué ! Il y a aussi certainement un peu de la mentalité norvégienne, très en avance sur le sujet, qui pèse dans la balance. Enfin, en naviguant toute l’année dans des zones très impactées par le réchauffement climatique, on est peut-être plus sensibles au problème, que les opérateurs en Méditerranée par exemple. »
Des croisières 100 % électrique ?
« Quand on navigue vers les destinations que l’on propose, en Arctique et en Antarctique, où l’on est loin de tout, c’est un risque trop grand. Pour les croisières d’exploration, même si je pense que nous serons amenés à naviguer de plus en plus sur les batteries, il faudra toujours un moteur, au moins par sécurité. »
L’avenir
« Le jumeau du Roald Amundsen, le Fridtjof Nansen, lui aussi hybride sortira des chantiers norvégiens au mois d’avril. Nous allons également reconvertir toute notre flotte de l’express côtier en biogaz d’ici 2021. Et à la même date nous aurons reçu trois bateaux d’exploration hybrides supplémentaires. Au total, notre flotte sera constituée de 19 bateaux. Douze qui fonctionneront au biogaz, 5 hybrides et deux au fuel léger. »
Finalement, comme le transport aérien, certains acteurs semblent de bonne volonté et tentent d’améliorer leur empreinte climatique, tout en continuant à développer leur activité.
Malgré tout, la technologie actuelle ne permet pas encore de généraliser l’hybride et encore moins le tout électrique, aux croisières d’exploration. Le limitant, pour le moment, aux ferries et aux plus petites capacités.
→ www.hurtigruten.fr
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