The Good Business
Excepté dans quelques zones populaires où la pauvreté est visible, la ville de Genève est un élégant cortège de voitures de luxe, de tramways glissant silencieusement sur leurs rails ; une vie paisible sur fond de montagnes. Une richesse jamais tape-à-l’oeil, car on cultive ici une attitude résolument low profile, résultat d’une union heureuse entre protestantisme et… capitalisme !
Economie solide, PIB en progression, nombre de créations d’entreprises en hausse, tout roule pour la région genevoise. Seule ombre au tableau : un taux de chômage de 4,5 % (!). Il place le canton à la dernière place en Suisse. Même si elle dépend largement de l’industrie horlogère, et dans une moindre mesure de la chimie (parfums et arômes), la région de Genève a su développer, à partir de ces bases historiques, des entreprises innovantes soutenues par l’Office de promotion des industries et des technologies (OPI).
Il s’agit d’un organisme privé financé par l’Etat qui accompagne les PME. « Elles représentent 15 % du PIB et plus de 15 % des emplois du canton de Genève, précise Frédéric Dreyer, directeur de l’OPI depuis avril 2018. Notre mission principale est de les accompagner dans leur transition numérique et de les aider à court et moyen termes. »
L’OPI est également actif dans la gestion de projets en R&D. « Honnêtement, quand je suis arrivé à ce poste, j’ai eu le vertige en constatant la diversité des entreprises, poursuit cet ancien professionnel de l’industrie horlogère. L’innovation est l’un des fers de lance de la Suisse, qui figure toujours dans le top 3 des pays qui déposent le plus de brevets. Trouvez- moi un exemple, ailleurs dans le monde, d’un écosystème comme celui de Genève. Il n’y en a aucun. Nous avons ici des multinationales, des entreprises traditionnelles, des incubateurs de start-up. Nous avons une université qui se classe au top, et toutes les grandes ONG. Ce rapport entre un petit territoire et une ouverture internationale d’envergure est unique au monde. »
L’enjeu des transports urbains
Au chapitre des innovations, beaucoup s’intéressent au problème du transport urbain. Un enjeu majeur pour la ville. Aux heures de pointe, la circulation est infernale car ceux qui travaillent à Genève n’y vivent pas. En effet, 84 000 travailleurs transfrontaliers font quotidiennement la navette. C’est donc pour s’attaquer à ce problème qu’Echosmile, projet franco-suisse de navettes collectives autonomes, est en cours de développement.
Elles permettront de parcourir facilement les 6 kilomètres qui relient Archamps, en Haute-Savoie, à Plan-les- Ouates – une zone industrielle suisse surnommée Plan-les-Watch, en raison de la présence de nombreuses marques horlogères.
Autre projet piloté par l’OPI : des drones-taxis pour le transport de personnes. Avec l’appui de l’Office fédéral de l’aviation civile et du contrôle aérien suisse, l’étude a été portée devant la Commission européenne. « En matière de drones, les acteurs majeurs sont américains ou chinois, mais nous avons ici tout ce qu’il faut pour en concevoir et en fabriquer un européen ! » affirme Frédéric Dreyer.
En attendant la mise en oeuvre de ces projets, il y a déjà, sur le territoire genevois, des exemples concrets d’innovation en matière de transport. Les bus Tosa, en service depuis 2017, sont 100 % électriques. Mais ce qui les distingue, outre leur grande capacité, c’est leur système de recharge flash. Cela leur permet de faire le plein en quelques secondes aux arrêts. Une technologie suisse qui pourrait être bientôt déployée à Nantes ainsi qu’en Asie.
« Genève possède un niveau de compétences élevé dû à la présence des multinationales qui attirent des talents. »
Autre exemple : IEM, entreprise spécialisée dans les parcomètres, a ajouté à son catalogue de produits une panoplie de services numériques autour du smart-parking. Enfin, le prix de l’innovation 2018 de la chambre de commerce a été décerné à la start-up Orbiwise, spécialisée dans la mise en place de réseaux sans fil pour l’Internet des objets.
« On admet généralement que la grande force de l’économie genevoise est qu’elle repose sur plusieurs secteurs d’une puissance à peu près égale, résume Alexandra Rys, directrice de la communication de la chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève. Si bien que chaque fois qu’il y a eu une grande crise nous nous en sommes plutôt bien sortis, et c’est particulièrement vrai à Genève comparativement au reste de la Suisse. »
« Nous avons un niveau de compétences élevé dû à la présence des multinationales qui attirent des talents. L’éducation, et notamment le système dual (apprentissage en entreprise), fait que nous atteignons un niveau de formation hors norme. Certes, à Genève, nous avons atteint les limites de l’exiguïté du territoire – dans le fond, nous sommes bien contents que les nouveaux actifs de Genève se logent en France ou dans le canton de Vaud –, mais nous pensons qu’il y a de la place pour attirer des industries nouvelles avec des emplois à forte valeur ajoutée. »
Guide pratique
• Y aller : TGV Lyria rejoint Genève depuis Paris en 3 h 08. Jusqu’à 8 allers-retours par jour. www.tgv-lyria.com
• Se déplacer : sur place, la Geneva Transport Card, fournie gratuitement par les hôtels, donne accès à tout le réseau de transports en commun de la ville. En Suisse, le billet tout-en-un Swiss Travel Pass permet de parcourir la Suisse en long et en large et de façon illimitée, en train, en bus ou en bateau (211 € les 3 jours).
• Se renseigner : les offices du tourisme de Suisse et de Genève sont à même d’apporter les réponses à presque toutes les questions… www.suisse.com et www.geneve.com