The Good Business
Depuis l’ouverture de son premier espace en décembre dernier à Bruxelles, Welkin and Meraki enchaîne les inaugurations. Ce nouvel acteur du coworking s’est glissé entre le bureau et l’hôtellerie…
Paris, le 11 avril dernier. Dans le hall d’un immeuble numéro 121 de l’avenue de Malakoff (16e arrondissement de Paris), une foule chic jongle entre champagne et canapés dans un brouhaha franco-flamand. C’est ici que Welkin and Meraki, nouvel acteur belge du coworking, a choisi d’installer son premier espace parisien. Depuis une première ouverture à Bruxelles, à la fin de l’année dernière, sa troisième adresse est déjà complète (450 places sur 4500 m²). Dans quelques jours, WM ajoutera Luxembourg à son portfolio. Le tout en quelques mois à peine !
L’histoire de Alain Brossé
Pour avoir un début d’explication à cette folie des grandeurs, il faut se tourner vers le profil de son CEO et fondateur, Alain Brossé. Après avoir travaillé chez Regus, le pionnier du bureau partagé pour lequel il a ouvert quelque 700 espaces en sept ans, il change de cap. « J’ai adoré ce job, mais je voulais me lancer moi-même dans ce business. J’avais conscience qu’il manquait quelque chose que je pouvais trouver dans le secteur de l’hospitalité. J’ai donc travaillé pour Thomas Cook pendant quatre ans en participant à son retour en bourse. Puis je suis passé par les ressources humaines pendant un an, avant de co-fonder Tribes. C’était ma première expérience à mon compte dans le coworking » il confie à The Good Life.
Après le rachat de 85 % des parts de son entreprise par un gigantesque fond d’investissement américain Alain Brossé considère que « le fun est parti ». Il vend ce qui lui reste et il part pour un tour du monde des coworkers pendant près d’un an, en tant que client. Cette année sabbatique achève de le convaincre que sa prochaine création sera un mélange entre bureaux flexibles et hôtellerie.
« En récoltant toutes ces informations, j’ai pris conscience qu’il y a de nombreux travailleurs qui ne veulent pas forcément cohabiter avec des start-ups. Ni boire une bière à 17h avec son voisin et faire leurs ongles ou une nouvelle coupe de cheveux » pique l’entrepreneur « certaines préfèrent une peinture à l’argile, un tapis en matière naturelle traitée contre les allergènes, un bureau recouvert de cuir plus agréable, du bois plutôt que du plastique, de la gastronomie ».
Le coworking des « corporate »
En embauchant le designer Benoit Viaene pour aménager ses espaces et le chef étoilé Benoit de Witte pour ses cuisines, Welkin and Meraki se positionne comme un acteur luxe du coworking. La firme se revendique comme le « 5 étoiles » des bureaux partagés. Un sentiment qui se confirme quand on arpente les couloirs de l’espace parisien comme dans un hôtel Nobu. Ici, les bureaux sont presque tous fermés, ont un numéro comme les chambres d’un hôtel et sont appelés des « suites ».
Le design, un élément très important pour Alain Brossé
« Les matériaux sont plus chers, certes, mais ils sont plus sains, plus beaux. Pour marier le bois et le verre, le processus est très long, mais le rendu est plus naturel. Si le café nous coûte 4 centimes de plus par tasse, c’est parce qu’il est le résultat d’un mélange de quatre grains imaginé par un sommelier qui sert des tables étoilées. L’important c’est de prendre le temps, d’être patient pour donner le meilleur produit au meilleur prix au client. Car l’humain est au centre de nos préoccupations. »
Les clients devront s’acquitter d’une somme un peu plus élevée que chez les concurrents – les tarifs ici – et ne ressemblent pas forcément au membre « classique » des espaces de coworking. Ils sont répartis entre des PME déjà bien installées, des cabinets d’avocats, des banques et des grandes entreprises qui signent le plus souvent pour trois ans et installent en moyenne 20 salariés. Les clients de Welkin and Meraki ne sont pas « triés » avant l’attribution des postes par le coworker, mais la firme sélectionne néanmoins des profils qu’elle juge complémentaires. Car si elle diffère d’un Wework ou d’un Morning sur l’ambiance ou la décoration, le but reste le même : créer une synergie entre les membres.
Un développement exponentiel
Et, depuis le 11 avril, c’est le cas à Paris ! Alain Brossé explique pourquoi il a décidé d’installer un espace ici aussi rapidement. « D’abord, je suis très attaché à la France, j’ai mes racines ici, mais c’est surtout parce que notre métier marche très bien ici ». S’il marque un point – les ouvertures d’espaces de coworking se multiplient ces dernières années – le CEO semble oublier que cela entraîne une concurrence féroce. On le relance alors et sa réponse est sans appel : « Nous n’avons pas peur, il n’y a aucune offre à notre niveau ».
Une offre très haut-de-gamme
Cette offre nécessite de la patience et du temps mais, paradoxalement, se développe vitesse grand V. « De la même manière qu’un boulanger est capable de sortir 1000 pains par jour de très bonne qualité, nous avons travaillé notre recette. Maintenant nous la déclinons de ville en ville. » Ainsi, les différences sont infimes à Eindhoven, Bruxelles, Paris et, bientôt, à Luxembourg. Un mélange entre l’expérience gravée sur son CV et de la réflexion autour d’un patron déclinable à l’infini qui permettent ainsi à Welkin and Meraki de rêver en grand.
Au cours des 12 prochains mois, le coworker ouvrira 10 nouveaux espaces
Deux de plus à Paris, dans le 8e arrondissementseront inaugurés en septembre et en décembre prochain. Deux à Londres dans la City et à Mayfair, puis à Francfort, Berlin, Dublin et Stockholm avant d’attaquer le marché américain à New York, Los Angeles et San Francisco. Sacré programme pour Alain Brossé qui ambitionne d’ouvrir 200 espaces WM en 10 ans. « A côté de mon job chez Regus, c’est presque des vacances ! » conclut-il dans un sourire avant de retourner serrer quelques mains dans le hall à, qui sait, de potentiels futurs investisseurs…
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