The Good Business
Rencontrer un entrepreneur sud-africain à Lisbonne alors qu’il est ambassadeur d’une marque américaine, la situation est originale ! Ludwick Marishane se trouvait dans la capitale portugaise à l’occasion d’un événement organisé par Dockers. La griffe californienne y présentait ses « Challengers », des ambassadeurs sélectionnés pour leurs profils d’entrepreneurs dont « les ambitions sont plus grandes que leurs ressources ». Le jeune homme de 29 ans, qui a inventé DryBath, un gel qui permet de se laver sans eau (ou presque), coche toutes les cases.
The Good Life : Comment vous est venu le goût de l’entrepreneuriat ?
Ludwick Marishane : Mes parents se sont séparés quand j’avais 4 ans, mais cela n’a pas empêché mon père de devenir le CEO de mon éducation ! [Rires.] Tous les jours, je devais lui faire un rapport sur ma journée à l’école, et il me donnait des livres supplémentaires à étudier. Par chance, je n’avais pas de loyer à payer, de frigo à remplir ou de frères et soeurs à élever. J’ai pu me concentrer sur mes études de chimie et étancher ma soif d’apprendre… et d’entreprendre.
TGL : C’est au lycée que vous avez eu l’idée de DryBath. En quoi cela consiste-t-il ?
L. M. : C’est un gel que l’on se passe sur le corps avant d’utiliser un linge humide pour se rincer (ou de laisser sécher). J’ai commencé à travailler dans un laboratoire et il a fallu huit versions pour arriver au résultat final. Cela permet d’économiser de l’eau et du temps, celui qu’il faut pour préparer son seau lorsqu’on n’a pas d’accès à l’eau courante, mais aussi de limiter la propagation de maladies.
TGL : Et comment avez-vous réussi à financer la création de votre entreprise ?
L. M. : Pendant trois ans, j’ai parlé aux mauvaises personnes. Les investisseurs ne voyaient pas l’intérêt d’un tel produit, ils n’étaient pas concernés. Je n’ai donc jamais levé de fonds. Puis j’ai rencontré des consommateurs potentiels, des jeunes surtout, qui, eux, m’ont encouragé dans ma démarche. Pour trouver de quoi mettre en place mon projet et continuer son développement, j’ai enchaîné les concours d’entrepreneurs et j’ai récolté 100 000 dollars au total.
TGL : A vous entendre, il est plus difficile de lever des fonds pour une entreprise comme la vôtre que pour les start-up de la tech…
L. M. : C’est le propre des entreprises de manufacture. Nous fabriquons nos produits dans une usine du Cap, et les investissements sont très lourds pour arriver à mon objectif de vendre chaque dose à 50 cents [contre 1,50 dollar aujourd’hui, NDLR]. Pour produire un jour les quantités désirées, nous nous tournons vers la vente en « B2B », notamment aux compagnies aériennes, aux entreprises de transport routier et de gardiennage… Ensuite, nous pourrons proposer le produit le moins cher possible au plus grand nombre.
TGL : Quels sont vos projets à venir ?
L. M. : Outre la réduction du prix de DryBath, je veux également développer Excel@Uni, l’entreprise que j’ai créée en 2013 pour aider les étudiants à aller au bout de leurs études. Aujourd’hui, nous aidons 1 000 jeunes mais, d’ici à dix ans, j’aimerais qu’ils soient 12 millions. J’ai aussi en tête de développer, par le biais d’une application, l’envie d’investir et d’épargner dans mon pays, où la population est traditionnellement dépensière…
TGL : Cette collaboration avec Dockers vous permet de gagner en visibilité pour mener à bien tous ces projets…
L. M. : Oui… même si je ne les connaissais pas avant de recevoir leur proposition ! Ce que j’aime, c’est qu’ils sont obsédés par le fait de trouver des solutions aux problèmes des gens… Tout comme moi.
Un « good Challenger » pour Dockers
Plutôt que d’utiliser l’image d’influenceurs ou de mannequins pour la promotion de leurs nouvelles Smart Series, Dockers s’est tourné vers des entrepreneurs dont l’image colle plus à l’identité de la marque. Ces ambassadeurs – baptisés « Challengers » – essaient tous de changer le monde à leur manière. Le mot d’ordre cette année ? « Always on » : toujours sur le pont, à réfléchir et à créer. Une devise qui, selon Joan Calabia, Director Brand Marketing de Dockers Europe, correspond parfaitement à Ludwick Marishane : « Il suffit de partager un dîner avec lui pour se rendre compte qu’il est constamment en train d’imaginer des solutions aux problèmes qu’il connaît, mais aussi à ceux qu’il anticipe.» Ainsi, le jeune entrepreneur sud-africain a été choisi pour promouvoir la nouvelle innovation de Dockers : le DuraFlex Lite, un chino au tissu léger mais résistant. La firme américaine bénéficie de l’aura que dégage Ludwick Marishane qui, lui, gagne en visibilité. Le fameux gagnant‑gagnant… En parallèle, la marque Dockers, même si elle refuse de tomber dans le green washing, continue d’augmenter sensiblement sa part de coton durable dans ses productions et de développer une collection waterless (utilisant moins d’eau). De quoi convaincre les potentiels futurs Challengers de s’engager pour une entreprise durable.
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