The Good Business
Impossible de les attraper tous les trois en même temps. Entre Paris, Londres, New York et Ibiza, tout va très vite et très loin dans la vie de Romée de Goriainoff, d’Olivier Bon et de Pierre‑Charles Cros, amis d’enfance, cofondateurs de l’Experimental Group, maintenant à la tête d’une vingtaine d’établissements. Dont un à Ibiza.
Tout a commencé en 2007, avec l’Experimental Cocktail Club, à Paris, un bar qui redéfinit le genre et sort le cocktail de l’atmosphère confinée et intimidante des hôtels de luxe. Un lieu qui s’adresse à la jeune génération, mais en lui proposant des boissons de qualité, bien préparées, loin des mojitos prémixés, produits et bus à la chaîne. Puis ils sont passés au bar à vin avec trois adresses de la Compagnie des vins surnaturels – à Paris, en 2011, à Londres, en 2013, et à New York, en 2014. Eux, ce sont Romée de Goriainoff, Olivier Bon et Pierre- Charles Cros, trois amis d’enfance qui, après avoir créé des bars à cocktails, sont devenus des restaurateurs accomplis avec, à Paris, le Beef Club (ouvert en 2012), le Fish Club (2013), le Bachaumont (2015) et le Balagan (2017). La suite ? L’hôtellerie, bien sûr : après le Grand Pigalle, à Paris, en 2015, l’Henrietta, à Londres, en 2017, le trio vient d’inaugurer un second établissement parisien, l’Hôtel des Grands Boulevards. Et le programme à venir est tout aussi chargé : l’Experimental Chalet, à Verbier, pour l’hiver 2018 ; pour l’été 2019, le groupe prévoit l’ouverture d’un petit palazzo vénitien sur le Dorsoduro en cours de rénovation, ainsi que l’inauguration du Menorca Experimental, à Minorque, un resort nature équipé de 40 bungalows avec piscines privées.
Lieux légèrement en marge des grands axes, souci du détail et sens du service, décors soignés sans être guindés, la French touch du groupe plaît, y compris à Londres et à New York où, pourtant les grands noms de l’hospitality business ne cèdent pas beaucoup de terrain. « Tout va très vite, explique Olivier Bon. Cette croissance est difficile à maîtriser, mais nous sommes de plus en plus organisés. Nous avons mis en place des équipes et des managers sérieux, qui prennent les choses en main, même lorsque nous devons nous absenter. Pierre-Charles s’est installé à Londres, où le volume d’activité est quasiment le même qu’à Paris. Il voyage beaucoup, explore, prospecte, rencontre des investisseurs potentiels, car nous tenons compte de toutes les propositions que nous recevons. Quant à moi, je suis beaucoup à Paris, j’essaie d’aller à Londres deux ou trois soirées par mois et, pendant la saison d’été, je suis à Ibiza deux weekends par mois. » L’Experimental Beach Ibiza y a ouvert en 2013.
L’île des Baléares aurait pu sonner comme une récréation. Mais un business-plan malin se cache derrière, qui permet de joindre l’utile à l’agréable. « Durant l’été, nous souffrons économiquement dans les grandes villes. Pas de terrasses, des équipes qui dépriment… Il fallait donc trouver une activité. Nous avons cherché sur une carte les endroits, à deux heures d’avion de Paris, pouvant offrir du confort, du soleil et des belles plages. Il n’y avait qu’Ibiza. Nous y avons trouvé un site exceptionnel au bord d’une plage, au cap d’Es Falcó, à une quinzaine de minutes en voiture de la ville, au bout d’une route en terre. C’était un restaurant italien vieillissant et nous avons fait des pieds et des mains pour l’obtenir. Faire du business là-bas peut être très compliqué. Les locaux se sont fait envahir par des opérateurs qui ne proposent qu’une offre formatée, complètement internationale, du type Nikki Beach. C’est un marché tendu. La saison commence en avril, autour du week-end de Pâques, et elle finit la deuxième semaine d’octobre. Nos managers sur place sont rejoints, entre mi-juillet et mi-août, par une partie de nos équipes, ce qui permet de réduire les effectifs à Paris. »
La patte de l’Experimental Group
L’Experimental Beach compile une sorte de best-of de ce qui a fait le succès du groupe : une ambiance cool avant tout, plus bobo que bling-bling, un grand restaurant de 250 couverts pour déjeuner et dîner, qui propose un mix des spécialités de la maison – le ceviche du Fish Club, par exemple –, des plats traditionnels espagnols, une carte de vins blancs ou rosés et des cocktails d’été, à savourer sur un transat et, idéalement, devant un coucher de soleil.
La musique y est présente, mais le DJ mixe sur un registre chill out et, à minuit, il s’arrête. Une facette d’Ibiza qui bouscule l’image d’une usine à fêtards. « Il y a quelque chose dans cette île qui la distingue de beaucoup d’endroits où on fait la fête. Un côté familial qui jouxte le côté artistique, un esprit hippie. Tout le monde y est cool. Lors des soirées, il y a des vieux, des enfants, un mélange des genres sans a priori, une façon tranquille de faire la fête sans agressivité. Des gars qui se tapent dessus dans les boîtes de nuit, je n’ai jamais vu ça là-bas. Certes, il y a des gens qui ont un pouvoir d’achat élevé, mais ça n’est pas prétentieux. » Ne reste qu’à aller sur les traces des trois garçons dans le vent de l’Experimental Beach.
Playa des Codolar Salinas, Ibiza
Tél. +34 664 331 269
www.eccbeach.com
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