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L’Haïtza de 1930 est devenu l’Ha(a)ïtza. L’établissement s’élève sur 4 étages et compte 38 chambres, dont 7 suites et un appartement.
melanie

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La villa Ha(a)ïtza sublimée par la créativité de Starck

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Ils avaient fait un carton avec leur premier hôtel réalisé avec Starck, la Co(o)rniche, et pris tout le monde de court en donnant du peps à un bassin un peu endormi. Et puis ils ont remis ça avec Ha(a)ïtza… A Pyla, toujours, et toujours avec Starck.

C’est l’histoire d’une belle rencontre. En 2009, William Techoueyres, international de rugby, restaurateur et même un temps propriétaire de casino, rencontre Starck, qui a fait de la région l’un de ses camps de base dans le monde. Entre ces deux (vraies) personnalités, cela « fitte » tout de suite. Techoueyres venait d’acheter un ancien relais de chasse néobasque devenu l’adresse sympa du coin. On y faisait des mariages et des fêtes avec une vue incroyable sur la dune (la plus haute d’Europe), le Ferret et le banc d’Arguin. Pour Starck, c’est l’un des dix plus beaux endroits de la planète. On se sent ici au bout du monde, entre Seychelles et Bahamas. Starck (inspiré) se lance dans l’aventure et fait un festival : la déco est magnifique, façade préservée, carreaux de ciment partout, une terrasse piscine (en béton gris) époustouflante… Et, à l’intérieur, le meilleur de Starck, un peu comme sa maison au Cap-Ferret, mais en beaucoup plus grand ! La Co(o)rniche (@lacoorniche) était née, et bien née. Seul problème, l’hôtel est limité, avec 12 chambres. En 2013, Starck imagine 18 cabanes en bois (45 m²) autour de l’hôtel inspirées des villages ostréicoles voisins, avec de splendides terrasses et un spa Carita à la place du terrain de boules… (The good life !)

Le couloir d’entrée, un sas entre l’extérieur et les mondes intérieurs de cet hôtel sublimé par Starck.
Le couloir d’entrée, un sas entre l’extérieur et les mondes intérieurs de cet hôtel sublimé par Starck. Vincent Bengold

Starck imagine espaces rêvés poétiques

L’hôtel ne désemplit pas, avec une clientèle très internationale. Entre-temps, Sophie Techoueyres quitte son cabinet de dentiste pour rejoindre son mari, et le moteur monte dans les tours. Starck, qui transforme tout en or (mais pas avec n’importe qui), est ravi de son coup ! L’hôtel est ouvert toute l’année. Et rien n’arrête plus les amis. Le couple Techoueyres achète, en 2015, l’hôtel Haïtza, en bas de la rue, à quelques encablures de la ­Co­(o)­rniche (haïtza est un mot basque qui signifie « roc »). Un établissement néobasque (­encore) qui a eu son heure de gloire dans les années 30. Starck se (re)lâche et pousse le bouchon encore un peu plus loin. Le bâtiment historique devient la porte d’entrée d’un monde magique et élégant fait d’espaces rêvés poétiques et d’abstractions des terræ incognitæ que l’on retrouve dans l’univers fantasmagorique du grand salon et, partout, des photos de famille, des souvenirs de voyages en Afrique (@haaitza). Il y a même une salle de trophées en contraste avec un espace réception immaculé, type galerie d’art moderne. Et puis des tabourets hauts en bois, des luminaires de toutes les couleurs, une cheminée, une boutique, un spa, un (vrai) café, un coiffeur, une pâtisserie (incroyable) et 38 chambres – tons blancs sur bois clairs – très apaisantes, très élégantes, sans ostentation, avec de magnifique douches italiennes. Le lit fait face à la fenêtre, et vous êtes envoûté (marabouté ?) par l’odeur des pins. Starck est un génie, ce n’est même plus la peine de parler d’univers, vous êtes dans sa tête, dans ses rêves, c’est éclectique, iconoclaste, déglingué, mais calculé. Chic frais, intemporel, anti-ennui et, surtout, cela ne ressemble à rien d’autre, c’est Starck. Moi, je dis que dans ce monde aseptisé où les blancs se mêlent au gris et au beige, ça fait du bien !

Bon, en plus, les Techoueyres, bien qu’ils travaillent beaucoup, sont très chanceux. Six mois après l’ouverture du restaurant, le chef du Skiff Club a décroché sa première étoile Michelin. Une récompense éclair qui a bluffé tout le monde. A 48 ans, Stéphane Carrade (qui a eu 2 étoiles à Jurançon pour Chez Ruffet en 2006, puis à La Guérinière, à Gujan-Mestras) a trouvé dans cette ambiance familiale et décontractée une totale liberté, et il faut avouer que sa carte est exceptionnelle, avec de beaux produits régionaux.  Côté déco, 3 skiffs sont suspendus à la charpente blanche de la véranda, et les embarcations semblent flotter au-dessus des tables. Aux murs, des chapeaux de canotier et des photos de courses et d’entraînements. Ne ratez pas le brunch du dimanche, il est à tomber ! Où vont-ils s’arrêter ? On peut supposer qu’avec tous ces établissements le service laisse un peu à désirer, eh bien, pas du tout ! Le personnel de l’hôtel et du restaurant est jeune, efficace, souriant, attentionné, à 10 000 lieux des classiques du genre. C’est simple, ils vous donnent immédiatement l’impression qu’ils vous connaissent depuis longtemps… Il y a du boulot derrière, c’est sûr, beaucoup de boulot. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas été surpris de la sorte. Bel été, et si vous êtes dans le coin, allez voir Ha(a)ïtza, vous ne le regretterez pas !

Ha(a)ïtza
1, avenue Louis-Gaume, Pyla-sur-Mer
Tél. +33 (0)5 56 22 06 06.
www.haaitza.com

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