The Good Business
Un Italo-Américain pointilleux dirige Eastpak, un Autrichien bon vivant fait rouler Delsey sur le net et un brillant duo Franco-Allemand fait rutiler Rimowa. Ils ont des têtes bien faites et des idées qui font bouger le marché du bagage.
Stefano Saccone souhaite réconcilier Eastpak (@eastpak) avec l’Amérique
Avec sa mine outdoor et son sourire de gamin, il a toujours l’air de revenir d’un trek. Depuis octobre 2015, Stefano Saccone, qu’on dit exigeant et pointilleux, dirige Eastpak, la fameuse marque de sacs colorés qui s’est imposée dans les collèges. Un anticartable qui, dans les années 80, réalisait jusqu’à 90 % de son chiffre d’affaires en France, et qui, aujourd’hui, malgré des résultats plus qu’enviables – la marque aurait enregistré, l’an dernier, une croissance à deux chiffres en Europe –, est en mal d’internationalisation. Ce n’est pas un hasard si la direction de VF Corporation (qui a racheté Eastpak en 2000) est allée chercher cet Italo‑Américain (titulaire d’un MBA à l’université de Georgetown) dans une autre de ses filiales, Napapijri : cette fausse griffe nordique au parfum d’aventure polaire, qui est en réalité italienne et dont l’ancien directeur du marketing a boosté les parkas Skidoo et Rainforest. Et le patron d’Eastpak, qui vit aujourd’hui entre Paris et Anvers, de mettre un autre tour dans son sac : relancer Eastpak sur les campus des États-Unis, faire renaître cette griffe américaine qui est aujourd’hui bien plus célèbre à Paris qu’à Boston !
Guenther Trieb fait rouler Delsey (@delseyofficial) sur la Toile
C’est l’un des signaux forts adressé par cet Autrichien de 56 ans, bon vivant, gastronome et skieur chevronné : être le premier patron de Delsey à ancrer sa direction à Hong Kong. L’Asie, nouvel eldorado de Delsey après la France et les États‑Unis ? « Nous sommes très forts en Asie occidentale. Nos ventes se répartissent désormais à parts égales sur les trois continents : Europe, Amérique du Nord et Asie, à raison de 30 % pour chacun », expliquait récemment Guenther Trieb dans une interview au quotidien indien Business Standard. L’ancien Procter & Gamble (pendant vingt-quatre ans !), diplômé de l’université d’économie de Vienne et titulaire d’un MBA à l’université DePaul, à Chicago, s’investit à fond sur son autre grand chantier : « numériser » Delsey, alors que le CA (230 M €) du troisième bagagiste mondial a doublé en quatre ans grâce au soutien des fonds de placement Argan Capital et Partners Group, propriétaires de Delsey depuis 2007, et que les ventes Internet ont grossi de 15 % depuis l’arrivée du Guenther Trieb en 2013. Une mission de grande ampleur, pour laquelle la marque n’a pas hésité à s’agréger la toute puissance d’Amazon, mais aussi des sites Internet chinois Tmall et Taobao.
Alexandre Arnault et Dieter Morszeck font rutiler Rimowa (@rimowa)
LVMH vient d’acquérir Rimowa, cette petite pépite allemande qui manquait à son (très beau) portefeuille de marques, ces fameuses valises à rainures chic et ultralégères que font rouler les stars d’Hollywood et de la jet-set, et pour lesquelles LVMH a signé un gros chèque de 640 M €. L’auteur du deal, c’est Alexandre Arnault, troisième des 5 enfants de Bernard Arnault, fraîchement sorti de l’École Telecom ParisTech (ex-École nationale supérieure des télécommunications) qui, depuis deux ans, effectuait des aller-retour à Cologne pour discuter business avec Dieter Morszeck, 63 ans, petit-fils du fondateur Paul Morszeck et brillant patron de Rimowa depuis quarante-quatre ans. Le plus gros coup de poker de ce dingue d’aéronautique, pilote professionnel : glisser du polycarbonate, résistant et ultraléger, dans la coque de ses valises ! Alexandre Arnault et Dieter Morszeck sont tous deux, pour l’heure, cogérants de Rimowa. « Alexandre et moi partageons des valeurs communes ! » lance Morszeck dans les colonnes de Die Zeit, quand Alexandre, préfère tweeter… ne plus avoir à se sentir coupable de montrer ses Rimowa… Good job !