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Du vin au pays du saké ? Oui, c’est possible ! Méconnus, les vins japonais font l’objet d’une saine curiosité. Notamment grâce à la culture de deux cépages emblématiques : le koshu et le muscat Bailey A.
Celle des vins au Japon est une culture traditionnelle depuis le XIXe siècle, du moins dans certaines préfectures. Bien sûr, le vignoble japonais ne peut pas rivaliser avec celui des grands pays producteurs, ni même avec celui de son voisin chinois – du moins en superficie –, mais il peut concurrencer la production de pays tels qu’Israël, le Liban ou encore le Canada.
L’essor du vignoble japonais date des années 80. Les vignerons européens voient alors l’Archipel comme un vaste marché potentiel pour les vins haut de gamme, et les cursus d’enseignement se développent au Japon, tandis que les étudiants les plus aventureux viennent en Europe pour se perfectionner. De retour au pays, cette nouvelle génération d’œnologues renouvelle les méthodes vinicoles pour s’éloigner des cépages internationaux – sans pour autant les oublier –, et en retrouver d’autres, plus traditionnels. Ces nouveaux vignerons ont voulu produire des vins plus légers que les bordeaux ou certains bourgognes, en les dotant d’une certaine acidité et d’un taux d’alcool moindre.
Vins japonais, appellations d’origine
- Koshu
Cépage emblématique de ce renouveau, le koshu, qui ne pousse que sur le sol nippon. Essentiellement au cœur de la préfecture de Yamanashi, à une centaine de kilomètres à
l’ouest de Tokyo. C’est là, sous la silhouette du mont Fuji, que poussent 95 % des 480 ha de vignes de koshu, sur les quelque 30 000 ha plantés dans tout l’Archipel, essentiellement pour le raisin de table. Dans cette zone montagneuse, les précipitations sont importantes, mais l’ensoleillement aussi, et la vigne tire parti des fortes amplitudes thermiques propres aux terrains élevés. Ici, la culture se fait d’ailleurs en pergola pour que les grappes soient le plus exposées aux rayons du soleil jusqu’aux vendanges, souvent tardives. Les vins produits offrent la même gamme aromatique qu’un muscat d’Alsace, avec des arômes agréables et des acidités moyennes, l’idéal pour accompagner des sushis. - Muscat Bailey A
Autre vigne autochtone également utilisée : le muscat Bailey A. Cet hybride de muscat de Hambourg, créé il y a près d’un siècle pour résister au mildiou et à la pourriture, permet de produire des vins rouges. Bien évidemment, à côté de ces « spécialités » japonaises, les vignerons n’hésitent pas à utiliser les cépages internationaux, et on retrouve dans les vignes chardonnay, merlot et sauvignon, mais aussi kerner, traminer et zweigelt. Si le Japon ne dispose pas d’instances nationales pour la viticulture, le pays s’est doté d’un système d’appellations d’origine, afin de désigner les vins issus des différentes régions. Mais avec des lacunes : telle ou telle région peut bénéficier de l’appellation, même si le vin a été fermenté sur place à partir de raisins venus d’ailleurs, voire importés.
Du côté des acteurs, cinq grands groupes (Kirin, Suntory, Asahi, Sapporo et Kikkoman) détiennent la quasi-totalité des vignobles et produisent près de 80 % des volumes, mais il faut aussi compter avec quelque 200 producteurs, réunis au sein de la Japan Winerie Association, dont les exploitations sont souvent minuscules – autour de 0,25 ha en moyenne. Tous ensemble, ils ne produisent que 0,37 % de la production mondiale. Pas de quoi satisfaire le marché intérieur, même si les Japonais ne consomment que 2,5 litres de vin par an. Ni le marché extérieur, car le saut qualitatif des vins nippons leur ouvre les portes de l’exportation. Tout d’abord sur les marchés voisins, Singapour, la Corée du Sud et Hong Kong en tête. Mais aussi en Afrique du Sud et aux États-Unis, où les amateurs sont séduits par leur délicatesse, et les sommeliers, par leur capacité à accompagner la cuisine asiatique, à condition qu’elle ne soit pas épicée.
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