The Good Business
A Nantes, le nombre d'entreprises et de nouveaux emplois ne cesse d'augmenter... Une croissance à peine freinée par l'incendie de la cantine numérique, lieu de rassemblement des start-up locales, en novembre dernier. La raison ? Une solidarité quasi-inédite. Explications.
A Nantes, une nouvelle entreprise se crée tous les deux jours dans le secteur du numérique. Au total, entre 2009 et 2016, la capitale des Pays de la Loire a servi de berceau à 1863 entreprises (+ 83 %), accompagnées de la création de 22 000 emplois (+ 39 %) dans la tech… Un dynamisme impressionnant, surtout que la cité des Ducs revient de loin ! Au milieu des années 80, les chantiers ferment les uns après les autres, risquant d’entraîner toute la ville dans une spirale négative. Mais Nantes va miser sur la culture – en créant le Festival des Allumées par exemple – au début des années 90, et gagne une image de cité inspirante, créative et innovante. Ainsi, elle commence à attirer les entrepreneurs, ou simplement à garder ses talents. Les anciennes friches industrielles de l’Île de Nantes, en plein centre-ville, sont réinvesties, au profit des activités culturelles et entrepreneuriales. « Les Parisiens s’installent ici pour la qualité de vie, les salaires moins élevés et la concurrence moindre pour embaucher les meilleurs développeurs, c’est un cercle vertueux », confirme Adrien Poggetti, Directeur de la French Tech locale.
Des entrepreneurs, un terreau de talents, et pourtant, personne ne se marche sur les pieds ; les chiffres parlent d’eux-mêmes. Adrien Poggetti l’explique, à sa façon : « des terrains ont disparu, mais le jeu à la nantaise (une tactique de football basée sur un collectif disponible, mobile et solidaire ; ndlr) se retrouve dans notre tissu entrepreneurial, les boîtes montent des délégations, on voit paraître des collaborations public/privé et les start-up qui ont réussi ont a cœur de rendre ce qui leur a été donné ».
Nantes regarde vers l’international
Parmi les entreprises qui font la fierté de la tech nantaise, Adrien Poggetti cite d’instinct iAdvize et Lengow. Mickaël Froger, CEO de la deuxième citée, qui accompagne les sites de e-commerce dans leur quête de visibilité, a senti lui aussi cet élan solidaire : « j’ai bénéficié d’une aide précieuse quand j’ai créé ma start-up ». Résultat, il a monté un incubateur de start-up, Octopus, et s’est mué en ambassadeur de la French Tech. Il est aussi très investi auprès d’Atlantic 2.0, une association qui met en relation les acteurs locaux du numérique.
Dans cette ville « à taille humaine » – une expression galvaudée mais qui va à Nantes comme un gant -, la collaboration est le maître mot. Quand, en novembre 2016, la Cantine Numérique, le bâtiment totem, est intégralement ravagé par un incendie, plusieurs centaines d’entreprises locales proposent d’héberger les start-up SDF. En 24 heures tout le monde avait retrouvé un bureau ! En attendant une nouvelle cantine et un nouveau totem dans les anciennes Halles Alstom en 2018 (voir page 2), la solidarité en ville permet aux jeunes pousses locales de continuer leur course en avant…
Un nouveau bâtiment totem certes, mais ce n’est pas le seul chantier qui attend la tech nantaise. Si le label French Tech a permis de mettre en lumière et, selon Adrien Poggetti, « crédibiliser le dynamisme local », il a surtout été utile pour fixer des objectifs et une ligne directrice aux acteurs concernés : sensibiliser les étudiants d’une part, accompagner les pépites les plus prometteuses dans leur développement d’autre part mais aussi – et c’est là le plus grand challenge – s’exporter.
L’international est la prochaine étape pour la French Tech de l’ancienne Venise de l’Ouest, en commençant par mettre Nantes sur la carte des villes européennes qui comptent. Un défi à la hauteur de la ville, à condition d’éviter les pièges d’une croissance trop rapide, comme elle l’a fait jusqu’ici…
A retrouver en page 2 : interviews de Benjamin Avignon et Franklin Azzi, architectes du renouveau nantais.
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