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Chez Yorgo Tloupas : typographie(s), ski et café grec

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The Good Business

Pour le premier épisode de « En route avec », notre nouveau format vidéo sur Instagram, Yorgo Tloupas nous ouvre les portes de son quotidien. Directeur artistique et expert en typographie (mais pas seulement), il œuvre souvent dans l'ombre – il était donc naturel de braquer nos projecteurs sur lui.

Amateur de sports de glisse et de voyages, Yorgo Tloupas parcourt le monde à la recherche de sensations et de beaux livres, deux passions qui nourrissent son inspiration. Fondateur du studio Yorgo & Co, cet « entrepreneur du design », comme il se définit, aime relever les défis et sortir de sa zone de confort. Il s’est investi dans le développement du magazine automobile Intersection en 2001, de la marque de skis Black Crows en 2006, et a ouvert son café Yorgaki en 2019. C’est dans une autre de ses créations qu’il nous a reçus, la Saganaki House, une petite maison de ville atypique située dans le 18e arrondissement de Paris.


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Il est 9h. Yorgo Tloupas nous ouvre les portes de sa demeure singulière : une maison triangulaire de 75 m², répartie sur trois niveaux, construite sur une parcelle de 26 m². « J’en suis propriétaire depuis 2010. Je cherchais une maison que je pourrais faire évoluer et agrandir avec l’aide d’un ami architecte. La mairie nous a donné l’autorisation, ce qui est assez inhabituel ici. À Londres, où j’ai vécu de longues années, les extensions sont quasiment la norme », nous explique-t-il.

Après avoir travaillé pendant des années pour des marques, j’ai eu envie de créer la mienne. »

Yorgo Tloupas.
Yorgo Tloupas. Emmanuelle Lubaki © Yorgo&Co

Un Invader sur la façade

Une fois le seuil franchi, il nous offre un café – grec, bien sûr. Ce designer en vogue perpétue le succès de son père, le sculpteur Philolaos, originaire de Larissa en Grèce, dont il s’efforce de prolonger la carrière posthume, aux côtés de sa mère et de sa demi-sœur. Outre la forme unique de l’édifice, un autre élément surprend à l’intérieur : la quantité de livres, nichés dans chaque recoin. « Les livres, c’est ma passion. J’en accumule depuis mon enfance, sur l’art, le design, le voyage, mais ils deviennent aussi une contrainte. L’aménagement de la maison en découle. De Venise au Mexique, je fouille les librairies d’occasion à la recherche de la perle rare. » Parmi ses trouvailles, un livre consacré aux enseignes vernaculaires grecques, qu’il trouve fascinantes, ou encore « Riding Modern Art » de Raphaël Zarka. « Ce bouquin explore le lien entre la pratique du skate-board et l’art dans l’espace public. On y découvre des œuvres de mon père, mais aussi une photographie de moi skatant la fontaine de l’Embâcle, face à l’église de Saint-Germain-des-Prés, en 1996. Elle ressemble à un obstacle à première vue ! »

Bien fournies en livres, ces étagères accueillent aussi des objets singuliers, témoins de sa notoriété et de son cercle d’amis : un mini-lui scanné en 3D et signé Xavier Veilhan, une boîte de Lego à son effigie, un Monopoly personnalisé, et une œuvre d’Invader faisant écho à celle sur sa façade. « Nous sommes amis depuis que j’ai fait la mise en page des cartes Michelin de ses « invasions ». Un jour, en rentrant de week-end, paf ! Je découvre un énorme Invader sur ma façade ! » Yorgo Tloupas évolue donc dans un cercle d’artistes renommés, mais sa spécialité, ce sont les logotypes, qu’il a érigés en véritable métier.

Yorgo Tloupas : entrepreneur du design

En tant que directeur artistique et cofondateur du studio Yorgo & Co, Yorgo Tloupas s’est spécialisé dans l’image de marque. « Mon métier peut s’appliquer à tous les domaines. Demain, je pourrais créer une identité visuelle pour une start-up dans la santé, un cabinet d’avocats ou même un fabricant de camions-poubelles. Avant tout, il y a chez moi un désir très fort d’améliorer le paysage visuel qui nous entoure. » Artcurial, Hôtel de Crillon, Martell, Paris+ Art Basel, Ricard, Hermès, la Maison Gainsbourg, ainsi que les magazines Vanity Fair, GQ, Beaux-Arts, Libération, ou encore Les Inrockuptibles ont fait appel à ses talents.

« L’inspiration me vient de tout, sauf de mon industrie. J’ai une certaine connaissance de ce domaine, mais je préfère regarder l’art, l’architecture ou la nature, pour éviter de copier inconsciemment. » Et en matière de logo, ce n’est pas toujours facile ! « Le logo d’Airbnb se rapproche, pour moi, du logo parfait, mais les designers ont été accusés d’en avoir plagié un autre, japonais, datant des années 1970. Plus un logo est abouti, plus il est simple, et plus il est simple, plus il y a un risque qu’il existe déjà. Il existe d’ailleurs un phénomène particulier qu’on appelle le « point Godwin du logo ». Très souvent, en dessinant une forme, on se rend compte qu’elle rappelle une autre – et parfois cette forme s’avère être, hélas, la croix gammée, qui a une structure parfaite. Pour faire ce métier, il faut bien connaître les symboles. Dernièrement, un hôtel a même sorti un logo formé de trois triangles, rappelant trop celui d’un groupe de suprémacistes américains, bien sûr involontairement ! »

Pendant l’exposition « Mise en page » orchestrée par Sarah Andelman au Bon Marché, Yorgo avait inauguré une boutique éphémère de typographies, accompagnées d’un éventail d’objets et d’accessoires créés spécialement pour l’événement sous l’égide de sa fonderie typographique, Yotafont.
Pendant l’exposition « Mise en page » orchestrée par Sarah Andelman au Bon Marché, Yorgo avait inauguré une boutique éphémère de typographies, accompagnées d’un éventail d’objets et d’accessoires créés spécialement pour l’événement sous l’égide de sa fonderie typographique, Yotafont. Yorgo&Co

Pour contourner ces écueils, il est aujourd’hui possible de vérifier les ressemblances avec l’intelligence artificielle, un outil qui inquiète la profession, mais à tort selon Yorgo Tloupas : « Le plus difficile n’est pas de dessiner un logo, c’est de le vendre au client. Nous utilisons l’IA, nous l’observons, nous la testons, mais pour le moment, elle manque d’intelligence graphique. Pire, elle ne sait pas expliquer ses choix au client. Moi, j’aide mes clients à comprendre pourquoi tel symbole est mieux qu’un autre pour eux, comment ils vont se démarquer. Je n’exclus pas qu’un jour, quand je serai à la retraite en train de surfer sur la Côte Basque, l’IA y parvienne, mais pour l’heure, ce n’est pas le cas. »

Outre ses activités de conférencier et d’enseignant à Penninghen, à l’IFM, à l’ECAL et à Sciences Po Paris, le designer se passionne pour les sports de glisse comme le ski et le surf, mais aussi pour le bike polo, un sport inventé par des coursiers à vélo new-yorkais. Après Londres, il a importé cette discipline en France, remportant en 2010 le titre de Champion de France. Bien ancré dans l’Hexagone, Yorgo Tloupas reste attaché à ses racines. Preuve en est l’ouverture en 2019 de son café Yorgaki, rue des Martyrs à Paris, un kafenío typiquement grec et à son image. « Après avoir travaillé pendant des années pour des marques, j’ai eu envie de créer la mienne. » Une évidence pour cet entrepreneur du design, qui nous réserve sans aucun doute encore de belles surprises.

Le café Yorgaki est une halte bienvenue pour un café à la grecque.
Le café Yorgaki est une halte bienvenue pour un café à la grecque. Emmanuelle Lubaki © Yorgo&Co

Site internet de Yorgo&Co

Café Yorgaki
45 R. des Martyrs, 75009 Paris

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