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A l’ombre du géant Jack (Daniel’s), d’autres bourbons font leur chemin en Europe. Un développement en partie boosté par l’engouement récent tant pour les cocktails que pour les distillations artisanales. Woodford Reserve répond à tous les critères de ces spiritueux d’un nouveau genre.
Ne croyez surtout pas craquer pour le même bourbon que celui que buvaient ceux qui ont ouvert les routes de l’Ouest. Far West, ma non troppo. Woodford Reserve est une jeune marque, née il y a une vingtaine d’années, en 1996, alors que la consommation du bourbon était en déclin aux Etats-Unis, au profit des clear spirits, en particulier la vodka. Owsley Brown, alors à la tête de Brown-Forman, également propriétaire de Jack Daniel’s, décide de réactiver la dimension qualitative et artisanale de la fabrication du bourbon. Il met en place tous les éléments qui constituent aujourd’hui Woodford Reserve. A commencer par un master distiller : ce sera Lincoln Henderson, alors secondé par Chris Morris – il prendra la succession en 2003. Quant au site de production symbolisant l’excellence du savoir-faire, il se trouve à Versailles – ça ne s’invente pas ! –, dans le comté de Woodford, au Kentucky : il s’agit d’une vieille distillerie construite en 1812, qui fut un temps utilisée comme dépôt de pétrole, mais totalement en ruine et abandonnée depuis des années.
Woodford Reserve : un story-telling très maîtrisé
Le lieu est idéal pour accueillir la naissance d’une marque à laquelle il va falloir donner très vite une légitimité presque patrimoniale. Il est aussi parfait pour accueillir les visites touristiques qui devront accompagner le regain d’intérêt des Américains pour leurs whiskeys. Dès 1999, Woodford Reserve fait partie de la dizaine de marques membres du circuit Bourbon Trail. Le story-telling est en marche. Reste à peaufiner la fabrication de son whiskey. Woodford Reserve opte pour une triple distillation en pot still, des alambics en cuivre – une rareté dans cet Etat, où se distille 95 % du bourbon américain, mais habituellement dans des alambics à colonnes. La maison dispose en outre de sa propre fabrique de tonneaux, située à Louisville, des fûts de chêne toastés qui sont responsables à 100 % de la couleur du bourbon et pour 70 % de sa saveur. En 2013, Brown-Forman monte une structure commerciale en France, l’un des plus gros marchés au monde pour le whisky. Les ventes progressent, vite. Les whiskeys américains représentent aujourd’hui environ 10 % du marché français dans les grandes et moyennes surfaces, contre 75 % pour les écossais.
La gamme
- Kentucky Straight Bourbon (72 % maïs, 18 % seigle, 10 % orge maltée).
- Kentucky Straight Rye Whiskey (53 % seigle, 33 % maïs,14 % orge maltée).
- Double Oaked (double maturation en fût de chêne).
- Master’s Collection, série annuelle en édition limitée issue des recherches et expérimentations du master distiller Chris Morris. Il s’agit cette année d’un Brandy Cask Finish, un Kentucky Straight Bourbon bénéficiant d’une seconde maturation dans des fûts américains de brandy. Un peu plus de 2 000 bouteilles sont disponibles en France, exclusivement chez les cavistes.
Jack Daniel’s entraîne dans son sillage ses petites marques sœurs qui peuvent, sur ces nouveaux marchés, rivaliser avec des scotchs ou des whiskies japonais moyen et haut de gamme. Avec un atout imparable : la rondeur et la douceur dues au maïs les rendent très faciles à intégrer dans les cocktails. Rappelons d’ailleurs que les bourbons font partie de l’ADN des iconiques – et américains – Old Fashioned et Manhattan, relancés par les séries télévisées « Mad Men » et « Sex and the City »… Donc, tout en clamant maintenir une fabrication en small batches, Brown-Forman, très optimiste, a doublé sa capacité de production en 2013. Il faut aussi faire face au succès.
Les règles de fabrication du bourbon made in the USA
- Vieillissement dans des fûts de chêne neufs toastés.
- Moût composé d’un minimum de 51 % de maïs.
- Distillation à 80 % max. (volume d’alcool).
- Mise en barrique à un maximum de 62,5 %.
- Pas d’âge minimum requis, mais il faut au moins 2 ans pour l’appellation straight bourbon et, pour tout vieillissement supérieur à 4 ans, la durée doit être spécifiée.
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