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Thomas Lodin

The Good News // Culture

Wheels & Waves : le festival moto, surf et skate qui fait vibrer Biarritz

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Voilà déjà quatorze ans que le festival Wheels & Waves sillonne les routes et les lieux emblématiques du Pays basque. Du 11 au 15 juin, entre la Cité de l’Océan, la plage de la Milady ou encore le skate park d’Iraty, un vent de liberté a à nouveau soufflé sur le territoire.

Se rendre au village du Wheels & Waves est déjà une aventure en soi. Nul besoin de GPS, il suffit de suivre le grondement des moteurs. Le long des routes, les motards affluent pour se rendre dans l’épicentre du festival. D’innombrables motos y sont garées et exposées. Des stands imprégnés de la custom culture proposent pièces uniques, accessoires rétro, vêtements stylisés ou encore des services de customisation sur place.

Cette culture, née dans les années 1940-50 aux États-Unis, consiste à personnaliser tout ce qui roule ou se porte (motos, planches, vêtements) pour en faire des pièces uniques. Plus qu’une simple esthétique héritée de la culture automobile, cet état d’esprit imprègne fortement les stands du festival, comme ceux de Fleurs de Bagne, Dirty Will ou encore Age of Glory. Complétée par des compétitions de surf et de skate, diverses courses de moto ou encore des concerts à la programmation léchée (Naive New Beaters, Lovesick, Do Good…), l’expérience du festival est propulsée à un autre niveau.


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L’exigence esthétique comme ligne de conduite

Présent de part et d’autre de la frontière franco-espagnole, le Wheels & Waves accueille entre 20 000 et 25 000 personnes chaque année. Les raisons d’un tel succès reposent sur un savant cocktail : curation exigeante et pointue, ouverture d’esprit et pugnacité. Et la volonté première de mettre en avant la culture et le savoir-faire qui découlent de ce triptyque d’activités. Né de l’envie partagée de passionnés de réunir la moto, le surf et le skate, trois univers qui infusent depuis toujours la pop culture, du cinéma à la musique, en passant par la mode, ce festival porte les mêmes valeurs depuis ses prémices toulousaines jusqu’à la première édition basque en 2012 au Château de Brindos. Jérôme Allé, l’un des fondateurs du festival, en témoigne : « Même si l’événement a grandi, mûri et évolué, les objectifs, eux, sont restés les mêmes : proposer un événement libre, authentique, avec une exigence esthétique poussée. »

Pour qu’un tel événement conserve cette intensité et cette fraîcheur, la curation est essentielle. Elle repose sur des mois de recherche, de rencontres, de voyages. Jérôme Allé insiste : « On ne peut pas transmettre sans aller à la rencontre, sans toucher, voir, sentir. » Chaque exposant est choisi avec soin, à la faveur d’une découverte au Japon, d’un atelier en Argentine ou d’un détour par les routes de l’Utah. C’est ce travail de terrain qui confère au festival sa richesse et attire un public venu du monde entier.

Parmi les défis majeurs rencontrés par le Wheels & Waves, la crise du COVID a été particulièrement marquante. « Ça a été une période extrêmement difficile, notamment pour notre travail de recherche, car il nous a empêchés de nous rendre sur place, comme aux États-Unis ou au Japon, où nous allions chaque année », confie Jérôme Allé. Une mise à l’arrêt brutale du terrain qui a contraint l’équipe à repenser sa manière de travailler, à faire preuve de réactivité et de créativité pour maintenir l’exigence esthétique du festival.

La compétition fait partie intégrante du Wheels & Waves.
La compétition fait partie intégrante du Wheels & Waves. Clément Signoles

Un ancrage local, une résonance mondiale

Si Wheels & Waves attire chaque année près de 50 % de visiteurs étrangers, c’est aussi un événement profondément enraciné dans son territoire. Sur place, les saveurs basques se mêlent aux parfums d’essence : foodtrucks, fromagers, artisans couteliers ou fabricants de bérets donnent à voir le savoir-faire régional.

« C’est aussi un festival très ancré localement », confirme Jérôme Allé. « La majorité des équipes techniques, qu’il s’agisse du montage, de la sécurité ou de la logistique, sont issues du Pays basque. C’est essentiel pour nous que le festival soit porté par ceux qui vivent ici. »
Cette dimension locale, loin d’être en opposition avec la scène internationale, en constitue la colonne vertébrale. C’est justement cette rencontre entre traditions régionales et influences venues de Corée, du Japon, de Russie ou d’Amérique du Sud qui forge l’identité unique du festival. Une rencontre organique, chaleureuse, entre cultures, métiers, générations. Familles locales, passionnés venus de loin, touristes curieux ou professionnels aguerris s’y croisent dans une ambiance rare : exigeante, mais sans prétention, stylée, mais toujours libre.

Chaque année, le Wheels & Waves doit s’adapter à des enjeux économiques, écologiques et sociaux de plus en plus complexes, un véritable défi entrepreneurial, qualifié de « combat » par Jérôme Allé. « L’enjeu principal est de convaincre, en expliquant pourquoi on fait ces choses », souligne-t-il. « Ce n’est pas un salon à visée purement commerciale, mais un lieu d’échanges, de rencontres. Un endroit où l’émulation et l’implication de chaque acteur doivent se faire naturellement. » Une ligne de conduite qui exige des choix forts et une organisation agile, pour faire vivre une vision à contre-courant des logiques du marché de masse.

La ride pure aussi !
La ride pure aussi ! Olivier Criado

Des temps forts inoubliables

Parmi les expériences incontournables du festival, The Race of the Lords, The Motordrome et l’exposition ARTRIDE permettent une expérience immersive et complète. À quelques kilomètres de Biarritz, à Saint-Pée-sur-Nivelle, The Race of the Lords accueille en effet les visiteurs dans les joyeux vrombissements et les odeurs de pots d’échappement. Sur une piste de terre entre champ et forêt, les pilotes de motos exclusivement pré-années 1950 s’affrontent deux par deux dans une course vivifiante, dans la plus pure tradition des courses organisées par les soldats américains à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

De retour au Village, le Motordrome, plus grand mur de la mort d’Europe, réjouit les amateurs de sensations fortes avec son show époustouflant qui repousse les limites de la gravité en envoyant les motos dans une course à la verticale. L’exposition ARTRIDE investit, quant à elle, le skatepark de Biarritz, permettant une nouvelle fois de découvrir la ville autrement, tout en mesurant l’ampleur du festival. Véhicules de collection y côtoient des planches emblématiques ainsi que des séries photos dans l’esprit du festival. Parmi elles, des images du Palm Springs fantasmé de Jens Ochlich dialoguent avec celles de Julie Glassberg, partie capturer les dekotoras au Japon, des camions customisés à outrance, héritage de la custom culture des années 1970.

Plus qu’une vitrine stylisée de la culture ride, le Wheels & Waves incarne une vision indépendante, portée par une équipe engagée qui défend une certaine idée du style, de la liberté… et de l’entrepreneuriat culturel. Wheels & Waves ne se regarde pas, il se vit.


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