The Good Business
La start-up suédoise installe des « micro-usines » en plug and play pour permettre aux hôtels et restaurants de fabriquer bières et sodas sur place et rayer le plastique de la carte.
En 2018, une tribu d’ingénieurs et entrepreneurs de Stockholm décide de se fixer un objectif ambitieux : reconstruire la civilisation de zéro, en commençant… par la bière. Wayout International propose d’installer une machine de 6 mètres sur 2,5 et de 7,5 tonnes dans les cuisines des hôtels et restaurants pour leur permettre de créer des bières, sodas et eaux minérales sur place, sans utiliser de bouteilles en plastique.
La « micro-usine » Wayout est équipée pour filtrer et désaliniser l’eau pour la rendre potable, fabriquer des boissons sans alcool aromatisées et de la bière (ou du cidre) de A à Z. Il suffit d’y insérer les ingrédients pré-emballés fournis par la start-up et le tour est joué. Comptez une semaine à 10 jours pour brasser 500 litres de bière. Le tout piloté via l’appli de la marque, qui indique au propriétaire les ingrédients à ajouter, en quelle quantité, et le temps de production des boissons.
Éliminer 200 000 bouteilles en plastique par mois
La machine peut traiter 300 litres d’eau par heure, brasser 3000 litres de bière simultanément et elle permet d’économiser 8 tonnes de CO2 par mois par rapport à l’utilisation de bouteilles d’eau. Ainsi, chaque micro-brasserie permet d’éliminer 200 000 bouteilles en plastique par mois.
Des chiffres impressionnants pour un projet bien réel. En 2019, Wayout a levé 9,4 millions d’euros contre 20 % des parts. Et dès janvier 2020, les premières micro-usines étaient installées sur le rooftop de The Kraft à Nairobi et dans le Serengeti, à l’Asilia’s Sayari Camp. Les clients font la queue pour s’offrir cette micro-brasserie antiplastique. A son retour de Tanzanie, où il prospectait chez de futurs propriétaires de machines Wayout, The Good Life a rencontré Martin Renck, l’un des fondateurs.
4 questions à Martin Renck, Directeur créatif et co-fondateur de Wayout :
The Good Life : Dans quelle mesure apportez-vous quelque chose de nouveau sur le marché ?
Martin Renck : Notre idée est simple, offrir aux entreprises l’opportunité de produire des boissons en réduisant leur empreinte écologique, tout en y apposant leur étiquette. Ainsi, on relocalise les bénéfices directement où sont consommées les boissons, en court-circuitant les grandes industries.
The Good Life : Justement, quel est votre client type ?
Martin Renck : Nous ciblons les affaires et chaines sur le marché de l’hôtellerie, de la restauration et des cafés (Horeca) qui servent entre 100 et 1000 verres par jour. Notre modèle est basé sur le « pay for what you use ». Autrement dit, nous louons nos micro-usines aux restaurateurs et hôteliers, qui paient ainsi le loyer et les ingrédients.
« Nous devons retourner à une production locale et durable »
TGL : Vous semblez investis d’une mission…
M.R. : Nous sommes certes des entrepreneurs, avec un cumul de 135 années d’expérience dans les télécom, la brasserie, l’ingénierie… Mais nous sommes aussi des astronautes ! A ceci près que notre mission n’est pas de coloniser l’espace, mais de « reterraformer » la Terre en remplaçant une industrie old-school et dangereuse par une plus durable et respectueuse de l’environnement.
TGL : 2020 a commencé sur les chapeaux de roues pour Wayout… Quels sont vos projets pour la suite de cette année ?
M.R. : En ce moment, nous sommes concentrés sur le développement de nos marchés africains, où l’industrie Horeca est en plein boom. Ensuite, nous allons tenter de convaincre nos investisseurs, pour continuer notre expansion en Asie et au Moyen-Orient. Ensuite, les Amériques et les Îles du Pacifique. Nous sommes confiants, car s’il y a une chose que cette année 2020 aura appris aux humains, c’est qu’ils ne peuvent plus se reposer sur les chaînes de production globales et les transports longue distance. Nous devons retourner à une production locale et durable, tant sur le plan économique qu’écologique.
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