×
Des ruines millénaires aux bords de mer, ce voyage en Égypte invite à remonter le temps en frappant aux portes de l’éternité, 2025 - TGL
Des ruines millénaires aux bords de mer, ce voyage en Égypte invite à remonter le temps en frappant aux portes de l’éternité, 2025 - TGL
MARK ANTHONY FOX

The Good Guide // Getaway

Voyage en Égypte : de Louxor à El Gouna, sur la route de l’éternité

  • Getaway>
  • The Good Guide>

Des ruines millénaires aux bords de mer, ce voyage invite à remonter le temps en frappant aux portes de l’éternité. Là, le sommeil est d’or, à Louxor et à El Gouna, dans deux hôtels au charme certain.

Cinq heures de vol séparent Paris de Louxor. Cinq heures de voyage pour se (re)plonger dans l’histoire des pharaons et démêler le fil des dynasties de l’Égypte antique. À l’arrivée, l’ancienne Thèbes impose son rythme. Les millénaires l’ont rendue sage : rien ne sert de courir.


À lire aussi : Croisière en dahabieh, au fil du Nil : éloge de la lenteur


Carnet de voyage en Égypte

Une Mercedes 200 de 1968, aux sièges moelleux, trace lentement dans la lumière chaude de fin d’après-midi. Les fenêtres ouvertes, elle traverse le Nil mythique et nous dépose à l’hôtel Al Moudira. Rêve d’Orient aux couleurs terracotta, il a ce glamour égyptien des années 1920 à 1950. Une ambiance hors du temps, loin des modes, flotte dans l’air.

L’architecture vernaculaire d’Al Moudira, en brique de terre crue, fait écho aux villages de Nubie.
L’architecture vernaculaire d’Al Moudira, en brique de terre crue, fait écho aux villages de Nubie. MARK ANTHONY FOX

C’est à la toute fin des années 1990 que cette Italo-Libanaise à la crinière rebelle sema son grain de folie dans ce paysage désertique. Personne, encore, n’avait réussi à construire un hôtel de ce côté du Nil, à l’Ouest, où la plupart des sites archéologiques sont concentrés.

L’architecture vernaculaire d’Al Moudira, en brique de terre crue, fait écho aux villages de Nubie. On la doit à Olivier Sednaoui, qui signa aussi la maison de Christian Louboutin, non loin. Un œil averti reconnaîtra les références à l’Égyptien Hassan Fathy (1900-1989), qui bouscula les codes de construction à l’heure où l’on regardait encore le béton comme unexemple de modernité.

Non loin des trésors archéologiques de Louxor, l’hôtel Al Moudira offre un autre voyage dans le temps, tout en dômes, patios et arabesques.
Non loin des trésors archéologiques de Louxor, l’hôtel Al Moudira offre un autre voyage dans le temps, tout en dômes, patios et arabesques. MARK ANTHONY FOX

Grâce à son approche fonctionnelle, bon marché et écologique, il fut chargé de la création du village New Gourna, dès 1946. Le but ? Éloigner les habitants des tombes de la Vallée des rois afin d’empêcher leur dégradation. Le projet, qui impliquait les paysans comme maçons, s’arrêta en cours de route mais posa certains des principes de l’écologie moderne locale. On peut encore en visiter une infime partie.

Vestiges au goût du jour

Oasis de palmiers, dattiers et bougainvilliers, AlMoudira s’organise autour de joyeuses cours aux couleurs variées (jaune, rose, bordeaux) et de fontaines. Dans ce labyrinthe, nous suivons le groom jusqu’aux chambres. La mienne s’ouvre sur des fresques murales pleines de poésie. Le lit appelle à des rêves cristallins sous un dôme peint d’un ciel étoilé. Quant à la salle de bains, elle évoque la salle voûtée d’un hammam.

Dans ce labyrinthe, nous suivons le groom jusqu’aux chambres. La mienne s’ouvre sur des fresques murales pleines de poésie.
Dans ce labyrinthe, nous suivons le groom jusqu’aux chambres. La mienne s’ouvre sur des fresques murales pleines de poésie. MARK ANTHONY FOX

Ici et là, des livres bien choisis invitent à se promener en pensées dans le pays. Ainsi de l’ouvrage Dust: Past & Present (AUC Press), de la photographe Xenia Nikolskaya. Ses clichés ont figé les demeures Belle Époque abandonnées à Louxor, Alexandrie et au Caire. Les images résonnent à merveille dans les murs d’Al Moudira, teintés d’une nostalgie heureuse.

Dans le salon rouge, on retrouve Zeina, qui balade son œil de sphinx dans la salle. Son équipe et elle, c’est une longue histoire d’amour. Ici, elle a tout fait, jusqu’à former elle-même son cuisinier, faute d’en trouver un. C’était il y a longtemps déjà.

Zeina suit les nouveaux aménagements (dont de nouvelles villas avec piscine) et la montée en gamme de l’hôtel, désormais cinq-étoiles et membre de Relais & Châteaux.
Zeina suit les nouveaux aménagements (dont de nouvelles villas avec piscine) et la montée en gamme de l’hôtel, désormais cinq-étoiles et membre de Relais & Châteaux. MARK ANTHONY FOX

Depuis, elle a passé le tablier à d’autres. La moudira («patronne » en égyptien), son surnom, a vendu en 2023, mais reste comme consultante. Elle suit les nouveaux aménagements (dont de nouvelles villas avec piscine) et la montée en gamme de l’hôtel, désormais cinq-étoiles et membre de Relais & Châteaux. Les changements ne se comptent plus – tennis, panneaux solaires, potager XXL – et les projets se multiplient : ateliers, résidences d’artistes, et enfin, Set Nefru, un bateau traditionnel sur le Nil…

Aperçu d’éternité

Aux portes de l’hôtel, les sites antiques nous attendent. On file. De l’autre côté du Nil, voilà le mythique temple de Karnak et ses sphinx à tête de bélier, son obélisque de 30 mètres de haut et ses colonnes papyriformes.

Le mythique temple de Karnak et ses sphinx à tête de bélier.
Le mythique temple de Karnak et ses sphinx à tête de bélier. Bérénice Debras

Comment ne pas être intimidée ? Au diable les touristes qui jouent des coudes ! Quelques pas de côté et la vue se dégage. Même expérience au temple d’Hatchepsout, avec ses trois terrasses. On aimerait déambuler seul au milieu des ruines comme Hana dans le film Louxor (2020), de la réalisatrice Zeina Durra.

Son errance mélancolique, filmée dans la lenteur de l’Orient, tient d’un voyage intérieur. L’éternité des pharaons nous renvoie à quelque chose de plus grand que nous. On sent ce lien dans la tombe de Ramsès III. Les fresques ont traversé les siècles et racontent, dans des couleurs incroyables, le passage vers l’au-delà.

Statue de Ramsès II, le «pharaon bâtisseur», qui fit construire la partie extérieure du temple d’Amon.
Statue de Ramsès II, le «pharaon bâtisseur», qui fit construire la partie extérieure du temple d’Amon. Bérénice Debras

Plus tard, au temple Médinet Habou, on entendrait presque les vieilles pierres murmurer leurs secrets. Peut-être parce qu’on est encore chez Ramsès III ? Ou simplement parce qu’il n’y a pas un touriste. Entre toutes ces émotions, l’hôtel Marsam offre sa table un brin bobo. Là, une petite dame, bien connue comme la « Reine du crime », s’invite à table, en pensée.

Agatha Christie ne surprendrait personne ici – la maison était un haut lieu de chercheurs de tombes. Passionnée d’égyptologie, elle avait épousé en secondes noces un archéologue de quinze ans son cadet. Elle disait, non sans un humour très british. Faute d’avoir trouvé ce spécimen en or, on s’endort avec Hercule Poirot dans Mort sur le Nil.

À l’aurore, la Vallée des rois se découvre en montgolfière, baignée de la lumière du soleil levant.
À l’aurore, la Vallée des rois se découvre en montgolfière, baignée de la lumière du soleil levant. Bérénice Debras

La nuit sera courte. Les chants des muezzins et les braiements d’un âne nous réveillent aux premières heures. Le ciel, cette fois, nous attend à bord d’une montgolfière. Ne serait-ce, d’ailleurs, pas un cadre idéal pour un accident digne d’Agatha Christie ?

On hésite un instant à monter dans la nacelle. Le chaos est total autour des ballons qui se comptent par dizaines. On s’élève lentement. Sous nos yeux, la Vallée des rois. On comprend pourquoi les pharaons, au fait des pillages, avaient choisi ce lieu retiré pour leur dernière demeure.

Côte d’Azur orientale

À terre, on respire. Le voyage vers l’au-delà sera pour plus tard, question de temps. Un autre voyage plus heureux commence, répondant cette fois aux sirènes de la modernité. Quatre heures et demie de route plus tard et El Gouna se dessine, non loin d’Hurghada, au bord de la mer Rouge.

La Maison Bleue propose 13 chambres et suites à El Gouna, une station balnéaire animée et moderne au bord de la mer Rouge.
La Maison Bleue propose 13 chambres et suites à El Gouna, une station balnéaire animée et moderne au bord de la mer Rouge. DR

Il faut montrer patte blanche pour entrer dans cette station balnéaire sécurisée. Sortie des sables à partir de 1989, elle est l’œuvre de l’homme d’affaires Samih Sawiris, l’un des plus riches Égyptiens. La ville, à l’ambition écologique, s’articule autour de lagons et vit avec les mêmes excès que la Côte d’Azur, hors ramadan.

La Maison Bleue a son genre bien à elle, travail commun de l’architecte Olivier Sednaoui (encore lui !) et de l’excentrique designer d’intérieur Amr Khalil (décédé en 2019). Là encore, la décoration a été chinée, à l’instar de ce vieux plafond peint, venu d’une maison d’Alexandrie.

La Maison Bleue a son genre bien à elle, travail commun de l’architecte Olivier Sednaoui et de l’excentrique designer d’intérieur Amr Khalil.
La Maison Bleue a son genre bien à elle, travail commun de l’architecte Olivier Sednaoui et de l’excentrique designer d’intérieur Amr Khalil. DR

Ici, pas de visites mais du kitesurf, de la plongée, du bateau… Et de la lecture au bord de la piscine ! « Venez, je vous emmène en Égypte », écrit Christian Jacq dans son dernier livre Égypte, mon amour (XO éditions). Attention, le risque est grand de ne plus vouloir en partir…


À lire aussi : Destinations 2025 : nos coups de cœur et leurs hôtels incontournables

Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture