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Vins et spiritueux
Avec une production éparpillée sur quelque 1 100 vignobles – de taille très modeste pour la plupart –, le Brésil, qui doit sa viticulture à l’immigration italienne de la fin du XIXe siècle, se hisse au troisième rang en Amérique latine.
On le sait peu, mais le Brésil est le cinquième producteur de vin de l’hémisphère Sud… alors que ses produits sont quasi introuvables en France ! Une discrétion qui se démarque de l’exubérance de ses voisins chiliens et argentins, mais qui est également liée à la jeunesse des vignobles. Si ce sont les Italiens qui ont introduit la vigne au Brésil en 1875, c’est seulement au siècle dernier, à partir des années 80, qu’on s’est vraiment intéressé à la qualité des vins. Il faut dire que ni les terroirs ni le climat ne sont a priori favorables à la viticulture. Dans le Nordeste, entre les 8e et 9e parallèles, ce sont surtout les cocotiers qui sont les rois. Et pourtant, quelques grands vignobles y sont cultivés, dans la région du Vale do Rio São Francisco. Productifs en seulement dix mois, les pieds de vigne – essentiellement de syrah pour les rouges, de chenin, de viognier et de muscat pour les blancs – permettent de réaliser une majorité de vins effervescents, des rouges et une petite part de blancs secs. Sous l’impulsion de jeunes vignerons, de nouveaux cépages sont en cours d’expérimentation, notamment avec le soutien du laboratoire de l’Embrapa (l’entreprise brésilienne de recherche agropastorale), qui teste l’espagnol tempranillo, l’italien barbera et le français petit verdot, mais aussi le cabernet sauvignon et le ruby cabernet, un croisement américain de carignan et de cabernet franc. Malgré ces efforts, la qualité reste très irrégulière dans cette région et les notions de terroir sont très différentes de celles de l’Ancien Monde. Ici, les vignerons ne sélectionnent pas les parcelles en fonction des caractéristiques du sol, mais plutôt en fonction des variations du climat. Ainsi, un même millésime peut produire des vins de styles très différents, selon l’époque de vendange. « Les raisins récoltés en hiver, quand les températures sont le moins élevées et l’amplitude thermique est le plus marquée, donnent des vins avec davantage d’acidité et donc avec un potentiel de vieillissement plus important », note Flavio Durante, l’œnologue de la maison Miolo.
Les vins pétillants plébiscités
C’est d’ailleurs dans le sud du pays, dans l’État de Rio Grande do Sul, que se trouve l’essentiel de la production brésilienne, là encore avec de fortes disparités de qualité. Si l’État de Santa Catarina se contente de produire majoritairement des vins de table, il faut aller jusqu’à la frontière avec l’Uruguay pour trouver des vins de qualité, malgré une pluviométrie élevée et l’acidité du sol. Si ces conditions ne sont pas les meilleures pour l’élaboration des vins rouges, elles sont bien plus propices à la production de vins effervescents. La zone est d’ailleurs en train de devenir la Champagne brésilienne. Une seule région a obtenu une denominação de origem (DO) : celle du Vale dos Vinhedos (la vallée des vignobles), dans la Serra Gaúcha. Ces dernières années, les vins rouges du Sud ont d’ailleurs gagné en qualité et en notoriété, remportant plusieurs prix nationaux et internationaux. Ici, au contraire de leurs concurrents chiliens et argentins, les vins conservent un faible degré d’alcool – aux alentours de 11° ou 12° en bouteille –, mais avec beaucoup de fraîcheur et de fruit. Cela suffit pour attirer quelques investisseurs européens. Désireux de contourner les taxes d’importation exorbitantes du pays, Moët & Chandon, pionnier en la matière, s’est installé dès 1973 avec la création du domaine Chandon do Brasil. Malgré le coût relativement élevé pour la population brésilienne – entre 15 et 20 euros la bouteille –, les ventes ont enregistré une augmentation de 20 % grâce à la Coupe du monde de football de 2014, et Chandon do Brasil occupe aujourd’hui 52 % du marché brésilien des vins pétillants super premium. De quoi rassurer d’autres investisseurs et, surtout, apporter une nouvelle notoriété aux vins brésiliens, qu’ils soient effervescents ou tranquilles.