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Boutique Chappelli, Melbourne
Boutique Chappelli, Melbourne.
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The Good Business

Vélos urbains, le dernier chic

The Good Business

Après des années de dédain et beaucoup de retard sur certains voisins, les Français se sont pris d’amour pour le vélo. Les modèles en libre-service, les coursiers en fixie, les gammes design… de nombreux facteurs ont contribué à cette montée en puissance du deux-roues non motorisé. Reste un frein à résoudre : le problème du vol.

Trente secondes environ, voire moins pour les plus aguerris, sont nécessaires pour plier un vélo Brompton. Sûrement le même temps pour qu’un malfrat s’empare d’une bicyclette. Toutefois, malgré la facilité de maniement et la fureur qu’il connaît outre-Manche, le pliable ne perce pas vraiment en France.

Ce modèle répond pourtant au plus fort souci de l’aspirant cycliste : le vol de son vélo personnel. Car ce problème – et le manque de solutions efficaces pour le résoudre – pèse au moment de faire flamber la carte bancaire. « C’est la plus forte préoccupation des utilisateurs et la principale objection à l’achat, indique Frédéric Jastrzebski, président de Maison Tamboite, à Paris. Le manque de sécurité freine aussi ceux qui souhaitent franchir le pas, mais les vélos en libre-service les ont aidés à se tester dans la circulation et à se rendre compte qu’il était possible de pédaler. » Avec, comme résultat, un mode de transport vite inscrit dans les mœurs et rapidement dans la circulation.

Les chiffres ne trompent pas : + 7 % de modèles vendus en 2014 et + 0,5 % en 2015, soit pas moins de… 3 millions de pièces vendues en 2015 pour un chiffre d’affaires avoisinant le milliard d’euros, ce qui représente un saut de + 4,5 % sur l’année passée, après un bond de + 8,5 % en 2014.

Si le chiffre d’affaires augmente plus que le volume des ventes, c’est donc que les acquéreurs vont vers des modèles plus chers, plus haut de gamme. « Les cyclistes s’aperçoivent au fur et à mesure que l’objet en lui-même se révèle être plus qu’un simple moyen de transport, précise Frédéric Jastrzebski. Leur vision se porte alors vers l’ergonomie et l’esthétique. Ils inscrivent le vélo dans leur style de vie, ce n’est plus seulement un objet utilitaire. » Ainsi, si les fameux VTT adultes tiennent toujours le haut du pavé avec près de 300 000 millions d’euros de chiffre d’affaires, les vélos de course génèrent maintenant 205 000 millions d’euros, tandis que les vélos à assistance électrique (VAE) pèsent pour près de 90 millions d’euros.

Vers des modèles haut de gamme

La tendance à la hausse porte donc à la fois sur le volume et sur le prix unitaire, avec des modèles qui se vendent en moyenne 321 euros, soit 14 euros de plus en 2015 qu’en 2014. Avec 100 000 modèles vendus en 2015, le VAE s’offre la plus forte progression en volume, + 30 %, avec un prix unitaire moyen à 995 euros, à comparer à celui du VTT adulte, trois fois moins cher : moins de 344 euros en moyenne (+ 5 % en volume en 2015 avec 784 000 unités).

La palme du prix revient au vélo de course avec un coût moyen situé entre 1 200 et 1 400 euros (+ 3,2 % en volume), paradoxalement, d’ailleurs, dans le cas du fixie, ce fameux vélo remis au goût du jour par les coursiers-livreurs new-yorkais. A l’origine, ces rois du slalom urbain ont dépouillé leurs vélos pour éviter… que les malfrats ne les en dépouillent.

Le vol, on y revient ! Ils ont opté pour un minimum d’équipements : un pédalier fixe permettant de freiner et donc de supprimer les systèmes de freinage, un cadre sans garde-boue, juste une selle et un guidon. Bref, du léger, favorable au maniement et à l’entretien réduit. Théoriquement, le prix devant l’être aussi, mais, là, l’effet de mode vintage joue totalement. Le fixie est vite devenu un objet convoité et a investi les cages d’escalier des lifestyleurs adeptes de mobilité alternative. Heureusement pour le marché, la personnalisation de ces vélos profite pleinement aux achats d’équipements haut de gamme : cadres et roues ultralégers, guidons stylisés, pédaliers de compétition, selles en cuir design…

D’ailleurs, ce secteur de l’équipement, des accessoires et de l’entretien du cycle a généré 729 000 millions d’euros en 2015. Sa hausse de 4,5 % sur un an a forcément poussé le développement de réseaux et de boutiques spécialisées dans la distribution, et, par conséquent, le marché de l’emploi : 65 000 personnes œuvrent dans les métiers du cycle en France, un dynamisme envié par de nombreux pays européens.

En annexe, est-ce utile d’y ajouter les produits connectés ? Difficile de déterminer leur part liée à l’usage du vélo. Mais il est certain qu’eux aussi jouent leur rôle sur ce marché en pleine explosion, qui n’est pas près de ralentir au regard des réglementations toujours plus contraignantes pour les véhicules motorisés et des difficultés de circulation dans la jungle urbaine.

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