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Entre Lyon et la Provence, l’agglomération de Valence-Romans s’affirme enfin. Longtemps simples étapes sur l’axe du Rhône, les deux cités drômoises revendiquent désormais leur place avec une ambition assumée : transformer le passage en arrêt obligé.
Rien n’était évident dans ce territoire. Placée sur le couloir rhodanien, comme une simple ville-étape, Valence a toujours été un lieu de passage où l’on ne s’attardait pas. Une ville contrainte par son territoire, qui laisse une impression fugace et semble hésiter entre nord et sud. Elle a pourtant sa propre douceur, une lumière déjà méridionale, des façades claires en pierre de molasse et un air de Provence qui commence à peine. Un entre-deux géographique fécond, au carrefour du Lyonnais et du Midi : on y devine une tradition intellectuelle et une certaine retenue dauphinoise. « L’essentiel pour nous est d’être sur le passage, l’accessibilité est le premier critère de notre attractivité », nous glisse Georges Rastklan, adjoint à la ville en charge du commerce et Président de Valence-Romans Tourisme. Une position stratégique qui a permis à la cité romaine de se placer comme point de communication entre le nord et la Méditerranée, jusqu’à se doter aujourd’hui de solides infrastructures de transport, gares TGV, autoroute, aéroport.
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Valence, terre de gastronomie
S’arrêter à Valence ? Et pourquoi pas après tout. Cette métropole discrète – « à taille humaine » comme on dit souvent pour se rassurer – n’est pas dénuée d’ambition. Située à deux heures de Paris, moins d’une heure de Lyon ou de Marseille, elle attire une nouvelle population de cadres en misant sur la qualité de vie, les espaces publics repensés, la mobilité douce et l’attractivité résidentielle. Au prix parfois d’une politique sécuritaire musclée. « Le fait d’être positionnés au cœur d’un triangle, Marseille-Grenoble-Lyon, c’est-à-dire de grandes métropoles dynamiques et attractives, fait que nous nous devons de créer notre petit univers personnel basé sur des choses simples. De ce fait, nous ne subissons pas ces trois villes, mais sommes acteurs d’autre chose », reprend Georges Rastklan.
Ville à étages sur le Rhône, sa partie basse, anciennement pauvre, est en voie de réhabilitation. « Nous avons l’un des plus grands ports de plaisance fluviale de France, nous voulons nous donner les moyens pour en faire un lieu de vie. Ça va s’appeler ‘Le Cœur Gourmand de Valence’, une halle gastronomique, avec un grand restaurant en feu de bois, un hôtel 4 étoiles, un restaurant panoramique », clame-t-on encore à la ville. Une terre de gastronomie, l’agglomération ne compte pas moins de quatre chefs étoilés dont la Maison Pic***, seul restaurant trois étoiles dirigé par une femme, Anne-Sophie Pic. « Sur la commune, nous avons interdit les fastfoods et kebabs dans certains quartiers. C’est une question d’image et de concurrence. Nous préférons choisir nos commerces plutôt que de les subir. Nous avons ainsi une offre de qualité accessible à tous », nous justifie-t-on par ailleurs.

Un territoire de nature
Entourée d’une riche plaine agricole et encadrée par les Monts d’Ardèche et les contreforts du Vercors, la nature fait ici partie intégrante de l’identité locale : on y cultive un fort sentiment d’appartenance. « Ce sont des territoires concomitants avec une vraie identité, et un chauvinisme d’origine paysanne, qui nous aide à garder notre cap. Les villes ne vivent qu’avec l’attractivité des territoires ruraux autour et réciproquement », ajoute notre interlocuteur.
Le taux d’ensoleillement, généreux, fait du département de la Drôme l’un des premiers producteurs de fruits bio de France, principalement des fruits d’été, pêches, abricots, mais aussi des noix, des truffes et de la lavande. Une échappée dans le territoire rural offre des plongées bucoliques ravissantes, déjà méridionales, avec des vues spectaculaires sur les deux massifs qui encadrent cette vallée du Rhône, trésor naturel qui marque le visage de la région.
Valence la bourgeoise, Romans l’ouvrière
Valence a parfois fait de l’ombre à sa sœur, Romans-sur-Isère, ville plus rugueuse, plus populaire. Situées à 20 km seulement l’une de l’autre, les deux cités forment les deux polarités d’une même agglomération. Ancienne capitale de la chaussure de luxe, Romans garde l’empreinte de son passé ouvrier et de sa fierté artisanale. Elle évoque le cuir, les mains habiles, et une forme d’élégance modeste. Le centre ancien, escarpé, recèle des rues médiévales et une mémoire vibrante quoique parfois oubliée. Marquée par les mutations économiques, elle se bat aujourd’hui pour se réinventer sur les ruines de sa réputation artisanale et de son prestige passé.
« Romans est en pleine mutation et en reconstruction. La crise de l’industrie a donné lieu à une crise du commerce et à l’immobilisme qui a fait du tort à la ville. Mais c’est devenu un laboratoire où des initiatives sont portées par des entrepreneurs qui aiment leur ville », décrypte Georges Rastklan. Aujourd’hui, plus de 70 artisans venus d’univers variés — chapeliers, éventaillistes, stylistes, maroquiniers, luthiers — font vivre cet héritage. Une trentaine d’entre eux ont installé leur atelier-boutique au cœur du centre-ville. Cette effervescence a métamorphosé le centre historique en un véritable écrin d’artisanat d’art. Une ville touchante, jolie dans sa simplicité, qui prend parfois des airs de carte postale d’une France figée, nostalgique, des terrasses de café, des bar-tabacs et des verres de Sirop Sport. Ce coin tranquille se livre peu à peu au fil des jours, à son rythme, lent, posé, légèrement rêveur.

Un tourisme de proximité
Un territoire riche mais quelque peu fragmenté qui se cherche encore une cohérence. « En termes d’attractivité, nous sommes partis de zéro. Nous nous sommes tournés vers un tourisme de proximité, un ‘tourisme sincère’, en attirant d’abord les populations des départements voisins, reprend Rastklan. Nous avons travaillé nos cœurs de ville pour rayonner ensuite sur l’agglomération, avons donné la priorité à la culture, à l’événementiel, des festivals qui résonnent jusqu’à Avignon, Grenoble, Lyon ».
Centre du Patrimoine Arménien, Musée de la Chaussure, Musée d’Art et d’Archéologie… L’offre culturelle est riche, c’est vrai. Ne reste plus qu’à créer l’envie de s’y arrêter. En fin de journée, le coucher de soleil sur les contreforts du Vercors offre une lumière orangée intense et légèrement mélancolique. La carte postale qui achève de nous convaincre.
Que faire, que voir, que visiter Valence
Que faire à Valence
Centre du Patrimoine Arménien
Plongée dans le récit fascinant des civilisations et dans le parcours singulier du peuple arménien. Ce lieu invite les visiteurs à découvrir un patrimoine culturel foisonnant et à mieux comprendre l’empreinte laissée par cette communauté dans l’histoire de Valence. Le centre résonne avec des enjeux contemporains majeurs : les migrations, la mémoire des guerres, et les récits croisés des peuples et des cultures.
14 Rue Louis Gallet, 26000 Valence
https://www.le-cpa.com/
Musée de Valence Art & Archéologie
Niché dans l’ancien palais épiscopal, le musée abrite une riche collection allant de la préhistoire locale à l’art contemporain. Plus de 20 000 œuvres : peintures, dessins, sculptures et objets d’art. Parmi les temps forts, des prêts prestigieux du musée d’Orsay — Chardin, Giacometti, Picasso — et un éclairage particulier sur Toros, sculpteur arménien installé à Romans. Les visiteurs peuvent aussi admirer une exceptionnelle série de toiles signées Hubert Robert, le tout dans un cadre remarquable, avec une vue panoramique sur le Rhône.
4 Pl. des Ormeaux, 26000 Valence
https://www.museedevalence.fr/
Cité de la Raviole
Ici la raviole, c’est du sérieux ! Pour en apprendre davantage sur l’histoire de ce cousin du ravioli, plongez dans cet univers gastronomique à travers une exposition sensorielle et ludique qui retrace son histoire, ses ingrédients, sa fabrication et son succès.
33 Bd Gabriel Péri, 26100 Romans-sur-Isère
https://www.raviolesmeremaury.com/cite-de-la-raviole
Musée de la Chaussure
Pour découvrir l’histoire de cet objet universel. Dans le cadre exceptionnel de l’ancien couvent de la Visitation, la plus grande collection de chaussures au monde : plus de 20 000 œuvres dont un dixième est exposé. Retrace l’histoire de cet objet à travers les âges, les continents et les usages. Mise en lumière du savoir-faire local du cuir et des grands noms de la chaussure.
Rue Bistour, 26100 Romans-sur-Isère
https://www.museedelachaussure.fr/
Cité de la Chaussure
Incarne le renouveau d’un savoir-faire d’excellence en rassemblant marques locales, ateliers visitables et boutique 100 % fabrication française. Porté par le Groupe Archer, ce lieu unique redonne vie à une filière artisanale autrefois sinistrée et fait rayonner l’identité du territoire.
34 Pl. Jean Jaurès, 26100 Romans-sur-Isère
https://www.citedelachaussure.fr/
La Ferme Intégrale
Visite de la ferme aquaponique productrice de sandres, de légumes et de plantes aromatiques. Les déchets des poissons fertilisent les plantes, qui purifient à leur tour l’eau. Économe en ressources (jusqu’à 90 % d’eau en moins), sans pesticides ni antibiotiques, elle propose une solution locale, saine et écologique au défi alimentaire des villes.
222 Rue des Bleuets, 26730 La Baume-d’Hostun
https://ferme-integrale.org/
Où manger à Valence
Mandibule
Restaurant semi-gastronomique privilégiant les produits locaux et de saison. Chaque ingrédient provient d’un rayon de 20 km autour du restaurant. Cuisine très raffinée, joli cadre.
5 Pl. de la Mairie, 26300 Alixan
https://www.mandibulerestaurant.com/
La Cuisine
Escapade gastronomique conviviale en centre-ville de Valence, mêlant tradition, produits frais et passion.
5 Pl. des Clercs, 26000 Valence
https://www.la-cuisine-restaurant-valence.fr/
Comptoir du Théâtre
Bar à vins au décor moderne qui propose des tapas et une cuisine de bistrot, à déguster en salle ou en terrasse.
6 Rue du Théâtre, 26000 Valence
https://www.facebook.com/lecomptoirdutheatrevalence/?locale=fr_FR
Mandrin
Restaurant emblématique de Romans-sur-Isère, dans un bâtiment classé monument historique. Cuisine maison alliant tradition et créativité.
70 Rue Saint-Nicolas, 26100 Romans-sur-Isère
https://www.lemandrin.com/
The Art Café
Cuisine bistronomique « décomplexée » et créativité. Produits fermiers locaux.
20 Côte des Masses, 26100 Romans-sur-Isère
https://www.the-art-cafe.com/
Bar à vin
Cuisine bistronomique traditionnelle, sans prétention.
13 Place Jules Nadi, 26100 Romans
https://www.lebaravin.fr/
Où dormir à Valence
Bed-in-shops, Romans-sur-Isère
Concept original où il est possible de dormir dans une véritable boutique de centre-ville réaménagée en appart-hôtel. Né d’un désir de revitaliser le centre historique de Romans, Bed in Shops transforme des boutiques vacantes en hébergements atypiques. L’entreprise mêle ainsi patrimoine, écologie et engagement social, en impliquant les jeunes locaux dans la fabrication de mobilier recyclé. Chaque logement, unique et inspiré de l’univers de l’ancienne boutique, offre une expérience authentique, confortable et mémorable.
https://www.bedinshop.fr/