The Good Business
La capitale de l'Ontario n'est pas que la 7e place financière mondiale et la plus grande ville du Canada... Urbaine, avant-gardiste et multiculturelle, Toronto croît aussi en l'innovation par la coopération et accueille des immigrés ultramotivés des quatre coins du monde.
Hub d’un networking multiculturel innovant, Toronto est une métropole dont le développement urbain se met au service de l’immigration. Ainsi, la plus grande ville du Canada attire forcement les jeunes talents, aussi fascinés par son offre culturelle qui se renouvelle constamment. Multiculturelle, urbaine et innovante, The Good Life vous accompagne à sa découverte.
Toronto et le networking multiculturel
Une ouverture sur le monde que l’on retrouve derrière la façade des gratte-ciel de Toronto où se cache une ruche bourdonnante dans laquelle le gotha du business torontois et de jeunes start-up de tous secteurs se croisent, échangent des contacts utiles et font des affaires. Les différentes communautés organisent des conférences, des dîners, des rencontres formelles ou informelles, ou des séances de speed-working. Cette vitalité inspire chaque jour de nouvelles initiatives. Celle de Grégory Ogorek exploite le potentiel de cette ville parmi les plus cosmopolites du monde. « A Toronto, la majorité des immigrés sont des entrepreneurs ultramotivés. Le réseau multiculturel We Go Getter Club a pour but de les mettre en relation et de les aider à tirer parti de leur immersion internationale. Aujourd’hui, une start-up innovante doit rapidement se déployer hors de ses frontières. Disposer d’équipes multiculturelles constitue alors un véritable avantage concurrentiel », déclare l’entrepreneur français, cofondateur, à Toronto, de la société de services télécoms Odyssey et de Greenwishes, spécialisée dans la gestion des déchets. Un mois après sa création, We Go Getter Club comptait déjà 15 membres de 8 nationalités différentes. Son positionnement fait mouche auprès des investisseurs et auprès de ces jeunes immigrés qui partagent la capacité d’adaptation et le sens de la coopération nécessaires pour gagner dans une économie mondialisée et dans l’innovation. Peyman Aleagha, ingénieur d’origine iranienne, s’est lancé dans le secteur en plein boom de l’immobilier. Sa plate-forme WebsiteBox propose aux professionnels une solution clé en main pour développer leur activité on-line.
« Ma technologie offre des services très compétitifs, explique-t-il. Aujourd’hui, nous enregistrons près de 30 000 utilisateurs et nous visons désormais des marchés à l’international, en Europe et en Australie. » Ayan Isaacs, d’origine pakistanaise, a créé FindMyCourses, une place de marché pour la formation professionnelle répondant à une forte demande. « Les entreprises de Toronto dépensent en moyenne près de 7 % de leur budget en formation, et les Canadiens se lancent de plus en plus souvent dans une deuxième carrière. » Ayan Isaacs, le benjamin du réseau, a vite compris l’intérêt de se rapprocher de l’entrepreneur d’origine américaine Eric Riz. En effet, sa start-up Empty Cubicle est, elle aussi, positionnée sur les services de ressources humaines. «.Après avoir travaillé plus de quinze ans dans le secteur des nouvelles technologies, j’ai compris que le recrutement des bons profils constituait un enjeu majeur. Grâce au big data, j’ai développé une solution de sélection et de vérification des CV rigoureuse et rapide. » Toronto abat ainsi ses premières cartes d’un business multiculturel.
Le développement urbain au service de l’immigration
Le gouvernement canadien a annoncé vouloir accueillir 300 000 immigrants (triés sur le volet) en 2017. Parmi eux, 40 % s’installeront dans l’Ontario, surtout dans le Grand Toronto. « Nous avons de la place pour les accueillir, déclare Jennifer Keesmaat, urbaniste en chef de la ville de Toronto, nommée en 2012 par le conseil municipal. La densité est encore faible, on peut l’intensifier et soutenir cette croissance démographique. La difficulté est de développer les infrastructures nécessaires ; elles requièrent un financement public, qui est lent à venir. Le conseil municipal précédent a approuvé ces nouveaux projets, mais pas les budgets dédiés aux infrastructures. Il est indispensable de trouver de nouveaux financements. »
Un point de vue que partage l’architecte Jack Diamond, impliqué depuis longtemps dans le développement urbain de Toronto : « J’ai participé à l’élaboration du Golden Report, une étude commandée par le Premier ministre de l’Ontario, le néodémocrate Bob Rae, remise en 1996 à son successeur, le conservateur Mike Harris. Ce rapport démontrait la nécessité d’un nouveau modèle de gouvernance, réduit et avec une meilleure coordination des acteurs du Grand Toronto. Malheureusement, les conservateurs ont rejeté ce plan, accentuant davantage encore la dichotomie entre le centre et les banlieues. Rien n’a été fait, les infrastructures ne suivent pas le développement de la ville. »
C’est le gouvernement provincial qui supervise les transports du Grand Toronto, via l’agence Metrolinx. La Toronto Transit Commission, l’agence municipale qui gère le métro, les bus et les tramways, est essentiellement financée par la ville, mais aussi, dans une moindre mesure, par le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral. Un vrai casse-tête, car le réseau des transports est ici le nerf de la guerre, l’élément clé de la qualité de vie des Torontois. Comme le sont aussi les écoles, les parcs ou les services communautaires. Par la voix du maire, Jennifer Keesmaat vient de proposer un projet emblématique, celui du Rail Deck Park, un espace vert de 8,5 ha construit au-dessus des rails, à côté du stade Rogers : « Il nous faut de grands gestes dans la ville, et celui-ci en est un. » Alors que la construction s’intensifie dans le centre et sur le bord du lac, ailleurs, ce sont des quartiers entiers qui émergent : à l’est, Canary District, sur le site des jeux Panaméricains de 2015 ; Riverside, de l’autre côté de l’autoroute Don Valley ; à l’ouest, Liberty Village ; au nord, autour du croisement Yonge et Eglinton. « Toronto a cela d’unique que les gens y mènent une vie de quartier et connaissent leurs voisins, conclut Jennifer Keesmaat. C’est une métropole où on peut vivre comme dans un village. Dans une ville de 2,6 millions d’habitants, c’est rare. »
« Toronto the good », une métropole qui met la culture à l’affiche entre art islamique et contemporain.
Ce devait être Londres et c’est finalement Toronto que l’Aga Khan a choisie pour installer son musée dédié à l’art islamique. Mais pourquoi un tel choix ? Il faut savoir que Karim Aga Khan IV est le leader spirituel des ismaéliens, une branche de l’islam chiite qui compte une quinzaine de millions d’adeptes dans le monde, dont environ 100 000 vivent au Canada. Après un litige avec les services de santé britanniques au sujet du terrain initialement envisagé, l’Aga Khan abandonne le projet londonien et décide de faire bâtir son musée à Toronto.
C’est un imposant édifice de granit blanc, conçu par l’architecte japonais Fumihiko Maki, opaque de l’extérieur, mais éclairé grâce à une cour intérieure vitrée. Y sont présentées, dans une scénographie du Français Adrien Gardère, des pièces rares et anciennes de la collection de l’Aga Khan, ainsi que des expositions temporaires. Des musées qui n’en finissent pas de fleurir dans la capitale de l’Ontario, le nouveau musée d’art contemporain MOCA va ainsi ouvrir ses portes à l’automne.