The Good Business
Le pape invisible, est loin de l’être depuis quelques semaines. Après une communication démentielle de Canal + sur leur nouveau bijou, place à une petite séance de rattrapage.
Une communication hollywoodienne
Paolo Sorrentino, (Youth, Il Divo, La grande Belleza…) était à la Cinémathèque française le 17 octobre dernier pour l’avant-première de sa nouvelle oeuvre, dans laquelle Jude Law incarne le pape Pie XIII. Une première dans la carrière de l’Italien qui n’avait jamais réalisé de série télévisée, si on peut la nommer ainsi… En effet, selon lui, The Young Pope prendrait plus la forme d’un « film d’auteur de dix heures » lui permettant d’« expérimenter librement et sur toute la longueur une histoire aussi complexe et multiforme que celle-ci. ».
Un film d’auteur multiforme qui a fait beaucoup de bruit. La communication autour de la série n’a rien a envier à celle d’un film gros budget : affiches grand format, avant-premières à travers l’Europe… L’agence BETC fait même dans l’insolite en embauchant un robot comme community manager. AiMEN, (derrière lequel se cache le programme Watson d’IBM), analyse les messages postés sur quatre grandes plateformes (Facebook, Twitter, Youtube et Dailymotion) et répond de manière contextualisée par un verset de la Bible. Il a même commenté l’une de nos publications Facebook.
Un très bon début
Une campagne de promotion qui a porté ses fruits ! 615 000 fidèles ont suivi les deux premiers épisodes sur Canal + (qui n’est pas dans une situation très confortable…) et plus d’un million en Italie, selon La Repubblica, soit 45% de plus que les premiers épisode de Gomorra.
Née d’une co-production internationale entre HBO, Sky et Canal +, The Young Pope rassemble un casting prestigieux. Jude Law enfile la soutane blanche, Diane Keaton incarne Sœur Mary, allié du pape qu’elle considère comme un Saint, Cécile de France joue l’intelligente Sophia Dubois qui s’occupe de la communication particulière du Vatican et Silvio Orlando se transforme en Cardinal Secrétaire d’Etat, tourmenté par les charmes de la Vénus de Willendorf et par l’arrivée du jeune pape.
Lenny Belardo, le pape des contraires
Ce pape fictif n’est pas que jeune et beau, il est aussi plein de contradictions : à la fois naïf et perspicace, conservateur et moderne (il a des tongs Havaianas et un Iphone, mais reste attaché aux traditions ancestrales du christianisme), en proie aux doutes et déterminé, mélancolique et implacable, entouré, mais seul… Lenny Belardo, c’est son nom, incarne l’élévation spirituelle, tout en restant très humain. Un souhait de Paolo Sorrentino : « Ce qui m’intéresse, c’est de parler des hommes, au sens d’être humain, et non pas des saints ou des héros ». Comment ce pape mystérieux, capricieux et arrogant va-t-il gérer le sort des millions de fidèles ? C’est là toute l’intrigue de The Young Pope qui n’oublie pas non plus de nous faire sourire…
Selon le réalisateur italien, il est possible que le prochain souverain pontif ressemble à Pie XIII et qui porterait en lui « le germe d’un fondamentalisme catholique que nous excluons a priori, tout comme, il y a cinquante ans, nous aurions exclu le risque d’un fondamentalisme islamique ». Ce ne sera pas la première fois que la fiction précède la réalité…
Et la suite ?
« Nous espérons évidemment faire une deuxième saison. Mais rien n’a été signé pour le moment », a déclaré Andrea Scrosati, le chef des contenus de Sky Italia au Hollywood Reporter. Le succès des séries qui ressemblent de plus en plus à des superproductions hollywoodiennes et celui à venir de The Young Pope devraient renforcer la foi des producteurs, qui investissent de plus en plus dans ce format addictif, fédérateur et dont le pouvoir de fidélisation est inestimable.
Nous ? On partage le même avis qu’Antonio Dipollina de La Repubblica : è una « trama sorprendente » in modo « sorrentiniano » . Une intrigue surprenante à la mode Sorrentino !
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