The Good Business
The Torist, le premier magazine littéraire de la face cachée du Dark Web, s'est donné pour mission de changer l'idée que le grand public s'est forgé de cet internet caché. Preuve qu'il ne se résume pas à un ramassis de dealers et autres vendeurs d'armes...
L’objectif de G.M.H., le créateur de ce magazine qui tient à garder l’anonymat, et Robert W. Gehl, professeur à la University of Utah, poursuit deux ambitions : d’une part, faire du cryptage et de la cybersécurité des sujets du débat public. Dans une interview accordé au magazine Wired, Gehl explique qu’il est essentiel que la compréhension publique du Dark Web évolue. Il est certes très facile d’accéder à cette portion du web (voir encadré), mais son caractère techno-élitiste et l’absence de moteurs de recherche, a tendance à refroidir les béotiens.
D’autre part, lancer The Torist constitue un moyen judicieux de combler le fossé entre les webs « sombre » et « clair » (celui que nous connaissons tous). La revue en ligne paraîtra deux fois par an et diffusera des poèmes, des fictions et de courts essais. Elle se veut en un sens auto-biographique, puisque les sujets principalement traités tournent tous autour des problématiques qu’elle promeut, à savoir, le recours au cryptage et la cybersécurité.
The Torist apparaît comme une opportunité unique pour les utilisateurs de Tor mais aussi à tous les curieux d’accéder à une publication de qualité garantie sans censure. Le magazine est participatif et permet à ses lecteurs de contribuer activement en soumettant leurs écrits. Alissa Quart, poète et journaliste, a participé à la mise en ligne du premier numéro. Si écrire sur une frange cachée du web semble paradoxal pour un auteur, elle le voit différemment. Sur le World Wide Web, tout le monde a accès aux mêmes données; celles fournies par Google. Elle compare le Dark Web à une vieille bouquinerie ou un antiquaire, où il faut faire preuve de patience et de persévérance pour trouver ce qu’on vient y chercher, vu l’absence de moteur de recherche. Dans une étude réalisée en 2001 par BrightPlanet avec l’appui de chercheurs de l’Université de Berkeley, il est estimé que nous surfons uniquement sur 0,03 % des pages existantes sur le web.
« Tor est généralement associé aux sciences et à la technologie alors que la culture de notre magazine est clairement liée aux arts, explique G.M.H. Même si ces deux disciplines prennent racine dans des secteurs différents, elles partagent une croyance commune : celle de la liberté d’expression. »
Dark web vs. Clear web
Le clear web fait référence à la portion non-anonyme, non-encryptée de l’Internet, celui que nous connaissons tous. Par opposition, le dark web se définit par le caractère anonyme de la navigation pour l’utilisateur. Un seul browser le permettant est à ce jour disponible : Tor, que l’on peut télécharger librement. Pour pouvoir surfer sur le dark web, Tor fournit une clé à l’utilisateur, lui permettant de conserver son anonymat et de ne pas se faire suivre, puisque sur le Dark Web, le cryptage est de mise.