C’est totalement débile et il n’y a, de surcroît, aucune morale à ces histoires sans queue ni tête. C’est totalement injuste, car certains concurrents sont récompensés, alors même qu’ils ont triché, et d’autres, non, alors qu’ils ont gagné – ou presque. C’est comme ça, on n’aime ni Satanas ni Diabolo, alors ils sont toujours punis pour leurs mauvais coups. Et toc. Sans aucun doute librement inspiré du film loufoque de Blake Edwards La Grande Course autour du monde (The Great Race, 1965), avec Tony Curtis, Peter Falk, Jack Lemmon et Natalie Wood – rien que ça, c’est le monde à l’envers : généralement, ce sont les héros de dessins animés qui donnent naissance aux héros du grand écran ! –, et avec quelques clins d’œil appuyés au non moins drolatique Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines (Those Magnificent Men in Their Flying Machines, or How I Flew from London to Paris in 25 Hours 11 Minutes, 1965), « Les Fous du volant » (« Wacky Races ») ne servent à rien, n’apportent rien, à part d’irrépressibles fous rires.
Même en VF, grâce au talent des doubleurs : Philippe Dumat, Jacques Balutin ou Dominique Page… La voiture du professeur Maboulette qui se transforme en tapis volant, en sous-marin ou en échasses à ressorts, le bûcheron Rufus Larondelle et son coéquipier le castor Saucisson, les deux bidasses en folie – le sergent Grosse-Pomme et le soldat Petit-Pois – dans leur Tocard Tank, Pique et Collégramme dans leur Dingo-Limousine qui devient soudain un manoir hanté…
Une galerie de concurrents qui a tout de l’inventaire d’un Prévert sous acide ! Jusqu’à la bimbo cruchette et blonde avant l’heure, Pénélope Jolicoeur, qui, quand elle ne se remet pas un coup de rouge sur ses lèvres pulpeuses, papillonne du cil en lâchant un irrésistible « chou »… Jusqu’à, bien sûr, l’exaspérant Satanas et le perfide Diabolo, qui se réjouit en loucedé des échecs de son maître.
Créée par William Hanna et Joseph Barbera au sein de leurs studios, fondés en 1957 puis vendus en 1996 au conglomérat Time Warner avant d’être absorbés par sa filiale Warner Bros Animation en 2001, la série de 34 épisodes est diffusée pour la première fois en 1968 sur CBS. Elle n’aura certes pas les qualités d’une autre création désormais culte du studio, « Tom et Jerry », d’ailleurs sept fois oscarisée, malgré des critiques lui reprochant trop de violence dans certains épisodes, ni même celles de « Scoubidou » ou des « Pierrafeu », mais connaîtra une carrière longue et fructueuse.
Quatre autres séries dérivées, « Satanas et Diabolo », « Pattaclop Pénélope » (plus connue sous le titre des « Aventures de Pénélope Jolicoeur »), « Diabolo le Magnifique » et « Mumbly », sont presque immédiatement « tournées » par les studios Hanna-Barbera. Tout aussi brindezingues et drôles. Mais comme le dit Satanas : « Qui est assez idiot pour faire une chose pareille ? »