Culture
Le saxophoniste français n’en finit plus de faire le tour du monde pour défendre son dernier album. De concerts en festivals, il a même été le parrain de la 10e édition de Hear Palmer, événement qui mêle vin et jazz, en mars dernier. Rencontre.
Le festival Hear Palmer a vu le jour en 2009, de la rencontre entre Thomas Duroux, le DG de Château Palmer à Cantenac (33), et le célèbre pianiste Jacky Terrasson. Depuis, chaque année, des jazzmen du monde entier viennent passer quelques jours en résidence dans ce domaine viticole bordelais (AOC Margaux) pour s’imprégner du nouveau millésime. Ils improvisent ensuite, lors d’une série de concerts, des créations musicales à partir de leur ressenti à la découverte du nouveau jus.
Parmi eux, Daniel Humair, Lionel Belmondo et Archie Sepp se sont succédé au domaine. Mais aussi Émile Parisien, en 2013. Le saxophoniste cadurcien, parmi les plus célèbres de la scène française, était de retour cette année, alors qu’il venait de sortir son nouvel album Double Screening, pour le 10e anniversaire de Hear Palmer.
Un trio inédit
Mais cette fois, Parisien est en haut de l’affiche. La direction du festival lui a même donné carte blanche concernant la direction artistique. Il a ainsi joué trois soirs, les 29, 30 et 31 mars dernier, d’abord pour un concert privé au Château, avec le pianiste Roberto Negro, puis au Rocher de Palmer avec son quintet Sfumato, formé à Marciac en 2015, auquel sont venus s’ajouter Negro et le jeune accordéoniste Vincent Peirani.
Enfin, Émile Parisien a formé un trio inédit avec le batteur Jeff Ballard et le contrebassiste Henri Texier, accompagné du guitariste Manu Codjia, pour un concert de clôture à la Cité du Vin de Bordeaux.
Fraichement revenu d’une tournée américaine, le saxophoniste revient pour The Good Life sur cette 10e édition de Hear Palmer. L’occasion de nous parler des évolutions, de la nouvelle scène et de l’ouverture d’esprit de son grand amour, le jazz.
6 questions à Émile Parisien
The Good Life : C’est vous qui étiez à la direction artistique de la 10e édition du festival Hear Palmer…
Émile Parisien : J’ai été très heureux d’être sollicité, je connaissais déjà le festival. Lors de mon passage en 2013, il m’avait donné envie d’approfondir mes connaissances en vin. J’ai donc tout de suite accepté de prendre les rênes cette année ! J’ai travaillé avec Thomas Duroux, le DG de Château Palmer, grand connaisseur de jazz, et nous avons décidé de la programmation ensemble.
TGL : Comment voyez-vous le jazz évoluer depuis vos débuts ?
E.P. : J’ai commencé par étudier le jazz à Marciac, de manière un peu académique, surtout les grands classiques, le mainstream. En fait, au fil des années et de rencontres avec des musiciens de tous bords, j’ai vu que le jazz était très ouvert, qu’il s’inspire des musiques du monde, de la pop… Il y a une curiosité et une volonté de mêler les genres et les styles.
TGL : Vous avez justement collaboré avec des artistes hors-jazz comme le DJ Jeff Mills, l’un des pionniers de la techno…
E.P. : Oui, lors d’une série de performances autour de l’œuvre de Coltrane. Le jazz gagne à s’ouvrir. Ainsi, il est en perpétuelle évolution et s’enrichit. Jazz is not dead ! Tant qu’il continuera d’avancer, et de rassembler, sans renier son essence.
TGL : Est-ce qu’il existe une french touch dans le jazz comme dans l’électro notamment ?
E.P. : Il m’arrive de lire des choses dans ce sens… Mais c’est difficile à dire. Il arrive que certains artistes français saupoudrent leurs compositions de folklore local, de « musique populaire », mais le jazz reste un genre universel. Je n’ai pas envie de le cloisonner.
« Si l’on n’a plus rien à apprendre, alors on n’a plus rien à offrir… »
TGL : Quel regard portez-vous sur la nouvelle scène européenne et quels sont vos artistes coups de cœur ?
E.P. : Je suis évidemment intéressé par tout ce qu’il se passe pour me nourrir. Cette nouvelle scène est foisonnante, passionnante, pleine d’artistes qui explorent. J’aime beaucoup le pianiste allemand Michael Wollny, que j’ai invité à Hear Palmer… Il mêle jazz et musique plus contemporaine.
TGL : Après une douzaine d’années de carrière et une vingtaine d’albums, est-ce que l’on apprend encore ?
E.P. : Bien sûr ! Si l’on n’a plus rien à apprendre, alors on n’a plus rien à offrir… Il est important de garder l’esprit ouvert. Il m’est impossible de rester statique. Sinon, on risque de donner l’image d’un jazz élitiste, replié sur lui-même, alors que c’est tout le contraire. J’ai la chance de jouer depuis des années avec et pour des jeunes qui se rendent compte que ce n’est pas un style codifié, excluant, fermé. Je pense que notre génération est plus ouverte.
La playlist d’Émile Parisien pour The Good Life :
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