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The Good Playlist : España clásica
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Culture

The Good Playlist : España clásica

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Manuel de Falla, Isaac Albéniz, Enrique Granados et tant d’autres nous livrent un répertoire d’une très grande richesse.

Mystère. Né en Espagne en 1548, Tomás Luis de Victoria a publié ce recueil de musique polyphonique pour la semaine sainte en 1585. Ces œuvres appartiennent à un corpus plus vaste, intitulé L’Office des ténèbres. L’ensemble Stile Antico interprète de façon splendide ces pages d’une grande variété de timbres et de rythmes.

Tomás Luis de Victoria, Tenebrae Responsories, Stile Antico, Harmonia Mundi.
Tomás Luis de Victoria, Tenebrae Responsories, Stile Antico, Harmonia Mundi. DR

Maîtrise absolue. Héritière d’une prestigieuse école catalane dominée par les noms d’Albéniz, Viñes ou Granados, Alicia de Larrocha a longtemps symbolisé le piano espagnol. On lui doit plusieurs versions du chef‑d’oeuvre de Granados, Les Goyescas, dont on serait bien en peine de savoir laquelle est la plus belle. Ce coffret réunit d’autres pièces envoûtantes, telles que les Danses espagnoles ou les Scènes romantiques. Preuve que les petites mains d’Alicia de Larrocha ne l’ont jamais empêchée, au prix toutefois d’un travail acharné, de maîtriser un répertoire d’une difficulté exceptionnelle, notamment ces pièces d’Enrique Granados, « descendant » espagnol de Frédéric Chopin.

OEuvres d’Enrique Granados pour piano, Alicia de Larrrocha, Sony.
OEuvres d’Enrique Granados pour piano, Alicia de Larrrocha, Sony. DR

Virtuose. Magnifique pianiste, Javier Perianes révèle dans ces deux disques l’incroyable étendue de son répertoire. D’un côté, des mélodies de Manuel de Falla et de Federico García Lorca – eh non ! García Lorca n’était pas seulement un immense poète ; il était aussi un étonnant compositeur –, interprétées avec la chanteuse Estrella Morente, qui oscille ici entre chant populaire et classicisme ; de l’autre, un Bartók presque mozartien, réalisé avec l’orchestre philharmonique de Munich, sous la direction de Pablo Heras‑Casado. Deux grands artistes espagnols et un ensemble allemand nous proposent une version mémorable de chefs‑d’oeuvre tardifs et nostalgiques d’un génie hongrois.

Encuentro, Manuel de Falla et Federico García Lorca (et Bartók, Concerto no 3 pour piano et orchestre), Estrella Morente, Javier Perianes, Harmonia Mundi.
Encuentro, Manuel de Falla et Federico García Lorca (et Bartók, Concerto no 3 pour piano et orchestre), Estrella Morente, Javier Perianes, Harmonia Mundi. DR

Bibliothèque idéale. Carmen de Bizet, España de Chabrier, Ibéria de Debussy et, bien sûr, le Boléro de Ravel sont autant de grands airs auxquels on pense lorsque sont évoqués les liens musicaux tissés entre la France et l’Espagne. Autant de tubes qui sont replacés, ici, dans un contexte d’apports réciproques entre les deux pays, beaucoup plus anciens qu’il n’y paraît. Et Marie Christine Vila de dessiner le portrait de chanteurs ou de compositeurs illustres, tel Gomis, qui dès le début du XIXe siècle ont enrichi le patrimoine musical français. Le chapitre consacré à Carmen, à sa conception, à ses sources et, finalement, à son accueil en Espagne est absolument passionnant. L’ouvrage s’achève par le rappel de 20 années prodigieuses, portées par Albéniz, Debussy ou Falla. Erudit et enthousiaste.

Rêve d’Espagne. Musique espagnole en France, Marie‑Christine Vila, Fayard.
Rêve d’Espagne. Musique espagnole en France, Marie‑Christine Vila, Fayard. DR

2 questions à Roberto Forés Veses

Directeur artistique de l’orchestre de chambre d’Auvergne, une formation exclusivement composée d’instruments à cordes, Roberto Forés Veses a publié plusieurs disques sous le label Aparte, dont une anthologie de musique, en partie espagnole – Joaquín Turina, Joaquín Rodrigo –, pour harpe et orchestre, et la transcription par Gustav Mahler du Quatuor à cordes no 11 de Beethoven.

The Good Life : Avant de devenir chef d’orchestre, vous avez été violoniste, notamment au sein de l’orchestre symphonique de Valence…
Roberto Forés Veses : Valence est ma ville natale et j’ai été violoniste dans son orchestre durant huit ans. Puis, à force de voir des chefs diriger, j’ai ressenti de plus en plus le désir de me lancer. Je suis allé étudier à l’Accademia Musicale Pescarese, en Italie, et en Finlande, avec le compositeur Leif Segerstam. Les prix que j’ai remportés aux concours d’Orvieto et d’Evgeny Svetlanov m’ont aussi permis de me faire connaître.

TGL : Comment se déroule le travail avec les musiciens de l’orchestre de chambre d’Auvergne ?
R. F. V. : Les 21 musiciens travaillent par sections d’instruments, puis jouent tous ensemble. En réalité, je les considère comme 21 solistes qui interprètent de la musique de chambre. L’orchestre donne près d’une centaine de concerts par an, dans la région et en déplacement. Il joue dans des lieux très divers, et s’adapte à des situations tout aussi diverses. Son répertoire, très étendu, va du baroque au contemporain. Cette année, une tournée nous mènera en… Espagne.


La playlist « España clásica » de The Good life :


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