The Good Business
Compagnie low-cost et long-courrier, la française French Bee vient de lancer un vol à destination de Tahiti via San Francisco à prix cassé. The Good Life a fait le voyage.
Le terminal d’Orly-Sud, d’ordinaire pas très avenant, ne nous a jamais semblé si festif. Le 11 mai dernier, alors que les passagers enregistrent tranquillement leurs bagages, voilà que déboulent entre les comptoirs des danseuses à demi-vêtues, des danseurs qui ne le sont pas plus, des musiciens, des chanteurs, tout ce beau monde se déhanchant fiévreusement comme seules les danses tahitiennes le permettent. C’est que ce jour-là, la compagnie French Bee lançait son vol inaugural Paris-Papeete, via San Francisco, à un prix défiant toute concurrence : à partir de 1018 euros l’aller retour. Qui dit moins ? La concurrence, qui sur cette route-là s’appelle Air Tahiti Nui et Air France, affiche des tarifs bien supérieurs, de plusieurs centaines d’euros parfois.
Qui est donc cette « Abeille Française » qui prétend voler dans la cour des grandes ? French Bee est jeune, deux ans à peine, mais sa société-mère, Dubreuil, œuvre depuis presque quatre décennies dans l’aviation : Jean-Paul Dubreuil, son président, crée Air Vendée en 1979 pour rallier l’île d’Yeu depuis La Roche-sur-Yon. Se diversifiant ensuite dans les hypermarchés et dans l’automobile, il revient en force dans le ciel des années 2000 en rachetant et développant Air Caraïbes. French Bee, son dernier bébé, voit le jour en 2016 et se positionne sur un segment en plein boom, le long-courrier à bas coûts. Bien joué : cassant les prix sur les vols à destination de l’île de La Réunion, la compagnie s’est très vite taillée 19 % de parts de marché sur la route Paris-Saint-Denis, un succès commercial qu’elle aimerait bien réitérer sur ses vols vers Tahiti.
22 heures de voyage en low cost, même pas peur ? Embarquons alors, pour tenter l’expérience, à bord de l’Airbus A350 tout neuf que la compagnie a acquis pour l’occasion. La classe éco ? On y est un peu serré, oui, mais pas beaucoup plus que dans une autre classe economy. Les sièges « économie-prémium » ? Un cran au-dessus, ils n’ont pas grand-chose à envier aux classes premium – entre « économie » et « business » – des grandes compagnies mondiales. Pas de classe Business ici cependant, ni bien entendu de Première, ce qui permet à l’appareil de transporter jusqu’à 411 passagers. Mais la notion de « classe », chez French Bee, n’a pas la même rigidité qu’ailleurs. Ici, on compose son vol à la carte – alors certes, l’addition peut vite monter. Le tarif de base n’incluant ni repas, ni bagages en soute, on ajoutera à sa guise une valise, un déjeuner, un dîner, un petit déjeuner, voire un accès au salon Icare, à Orly, en préambule du vol, ou encore un siège « Maxi Leg » pour étendre plus confortablement ses jambes.
C’est que le confort, même à ces tarifs-là, n’a pas été négligé et l’A350, le dernier-né d’Airbus, choisi par la compagnie n’y est pas pour rien : des moteurs qui ronronnent à peine, un taux de renouvellement de l’air optimal, une pressurisation basse de la cabine qui amoindrit la fatigue des voyageurs… Ajoutez à cela une équipe de personnels naviguant d’une gentillesse à toute épreuve et vos 11h30 de vol pour San Francisco, première étape du voyage, filent de la plus douce des manières. Une fois posé le pied sur le sol californien, cependant, finies les flâneries. On dispose de 2h30 – et c’est peu ! – pour passer l’immigration, récupérer son bagage le cas échéant, passer la douane, réenregistrer son bagage, franchir les derniers contrôles de police et réembarquer enfin. Reste ensuite un vol de nuit de huit heures entre San Francisco et Papeete, qui vous fait atterrir à l’aube. Sur le tarmac de Faaa, l’aéroport de Tahiti, au petit matin du 12 mai dernier, l’A350 de French Bee était accueilli en fanfare par des danses polynésiennes, encore, puis se fit dûment bénir par un prêtre. Même le ciel – merveilleusement rosissant, festif lui aussi – semblait ce jour-là lui souhaiter bonne chance…
Pratique
Y aller : French Bee assure trois vols par semaine pour Papeete au départ d’Orly-Sud avec une escale à San Francisco. A partir de 509 euros l’aller simple en classe « Basic ». Réservation : www.frenchbee.com.
Dormir : Le Méridien Tahiti, un peu à l’écart des encombrements de la ville de Papeete est une base agréable pour rayonner dans l’île. Piscine immense, vastes chambres vue sur Pacifique et tous les soirs, des couchers de soleil sublimes qui enflamment l’île voisine de Moorea.
Renseignements : office du tourisme de Tahiti. tahititourisme.fr
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