Culture
Au Musée Picasso de Paris, du 10 octobre au 11 février 2018, l’exposition « Picasso 1932 » retrace au fil d’œuvres et d’archives l’une des années les plus prolifiques de la vie du peintre.
Le Musée Picasso (Paris 3e) fait le pari d’une exposition consacrée à une période très précise de la vie de l’artiste : du 1er janvier au 31 décembre 1932. Ce n’est pas la première fois qu’un musée s’attarde sur une époque ou un moment de la carrière d’un peintre, mais une année en particulier, c’est inédit. Trois cent soixante-cinq jours dans la tête de Picasso exposés du 10 octobre au 11 février prochain.
Pourquoi 1932 ? Picasso, alors jeune quinquagénaire, prépare une rétrospective de grande envergure à la galerie Georges Petit à Paris prévue pour le mois de juin qui s’annonce comme l’événement artistique majeur de l’année dans la capitale. Il y exposera 223 tableaux, dont 30 réalisés spécialement pour l’occasion. Excité par le défi, il est plus productif que jamais, expose ensuite à Zurich, exporte ses toiles partout dans le monde, ne cesse de naviguer entre Paris et Boisgeloup, Boisgeloup et la Normandie, la Normandie et Paris… Avec sa femme, sa muse, son fils. Il est le peintre le plus célèbre du monde, au sommet de sa carrière.
Un millésime de choix donc, et une sérénité teintée d’excitation que retrace dans l’ordre chronologique l’exposition « Picasso 1932 ». Accompagnés d’archives et de documents pour les remettre dans leurs contextes respectifs, les quelques 110 tableaux, dessins, gravures et sculptures rassemblés donnent une idée très précise de l’état d’esprit dans lequel était Picasso en 1932. Une année où il déclara par ailleurs, « l’œuvre que l’on fait est une façon de tenir son journal », comme une prémonition.
Picasso, maître de son œuvre et de sa vie
Picasso transforme l’adrénaline sécrétée par les événements mondains qui l’attendent cette année-là en tension érotique que l’on retrouve dans des dizaines de toiles réalisées pendant la première partie de l’année, dans lesquelles se cachent pénis, pubis, seins parfois « cachés », parfois clairement reconnaissables, presque trop réalistes pour le cubiste andalou. Une pulsion sexuelle qui booste sa créativité jusqu’à l’été, avant que le soufflet ne retombe et qu’il se mette à peindre des tableaux plus petits, aux lignes douces. L’été, il repeint la baigneuse, avant de s’attaquer au thème du « Sauvetage » à l’automne, comme le bouquet final d’une année aux multiples inspirations.
Parmi les œuvres les plus marquantes, Nu Couché, La Lecture ou Femme Assise dans un Fauteuil Rouge, toutes inspirées par Marie-Thérèse Walter, maîtresse et muse de Picasso. Mais la plus représentative de cette année 1932, qui figure d’ailleurs sur l’affiche de l’exposition, c’est Le Rêve, terminé le 24 janvier et qui lançait alors en beauté ces 12 mois de frénésie. Un portrait d’une Walter endormie dans leur appartement rue de La Boétie, reflet du désir qu’elle inspirait au peintre, que Daniel-Henry Kahnweiler, écrivain et marchand d’art allemand trouvait « d’un érotisme de géant ».
Après sa vie parisienne, l’exposition, réalisée en partenariat avec le Tate Modern, prendra ses quartiers dans le musée londonien au printemps prochain. Deux occasions de prendre encore plus la mesure – comme si nous en avions réellement besoin – du génie de Picasso. Et aucune excuse pour passer à côté, contrairement au peintre qui, lors de l’inauguration de cette fameuse rétrospective à la galerie Georges Petit, a préféré esquiver les mondanités pour s’offrir une séance de cinéma…
Picasso 1932 – Année érotique
Musée national Picasso-Paris,
du 10 octobre 2017 au 11 février 2018.
5 Rue de Thorigny (Paris 3e).
www.museepicassoparis.fr
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