The Good Business
Ils sont les acteurs essentiels du monde du whisky. Ils ont le nez fin et des idées originales qui font bouger les lignes du marché. Seconde partie.
Giuseppe Begnoni, collectionneur compulsif
Considéré comme l’un des plus grands collectionneurs de whiskys du monde, Giuseppe Begnoni est un homme de passion depuis les années 60. A cette époque, il commence à collecter des mignonnettes dans les bars, les hôtels et chez des cavistes. Au fil des années, sa collection s’enrichit pour compter aujourd’hui 9 000 bouteilles, dont certaines pièces sont uniques au monde. Jusqu’à ce que sa passion pour le whisky devienne son nouveau métier : après avoir été banquier, il devient importateur.
Sa collection fait, bien sûr, la part belle aux whiskys écossais, mais aussi à d’autres pays, dont certains sont nettement moins connus pour leur production, comme la Thaïlande ou l’Italie. C’est là toute sa force. Et quand on lui demande quelle est sa pièce la plus rare, la réponse fuse : « La prochaine ! » Pour compléter sa collection, Giuseppe Begnoni parcourt le monde, participe aux ventes aux enchères qui se sont énormément développées ces dernières années. Mais ce n’est pas tant la quantité qu’il recherche, c’est avant tout la rareté. Ce qui se trouve plutôt par relations.
Martine Nouet : experte, consultante et auteur
Loin de ses racines normandes, Martine Nouet vit aujourd’hui à Islay, l’île la plus méridionale de l’archipel des Hébrides. Un choix qui s’est imposé à celle qui fait partie des « Big Five », les cinq plus grands journalistes et experts en whisky du monde, et qui est la seule femme de ce cénacle. Martine Nouet a découvert l’univers du spiritueux par hasard, en s’intéressant… au vinaigre ! « A l’époque, il n’y avait pas de journalistes spécialisés dans les spiritueux, en France. Je me suis engouffrée dans la brèche. »
En un peu plus de deux décennies, elle a parcouru plusieurs fois le monde, visité la plupart des distilleries, grandes et petites, et participé comme jurée aux plus grandes compétitions internationales. Une expérience incroyable, qui lui permet de porter un regard lucide sur cet univers qui a beaucoup changé. « La consommation était planétaire ; désormais, la production l’est aussi. C’est incroyable, le nombre de distilleries qui ont fleuri dans le monde, que ce soit en Australie, en Suède ou à Taïwan ! » Un succès qui pousse donc les distilleries à augmenter leurs capacités de production pour faire face à la concurrence.
Thierry Benitah, un distributeur visionnaire
Depuis qu’il a racheté l’entreprise paternelle au milieu des années 90, Thierry Benitah a fait de La Maison du whisky (LMDW), fondée à la fin des années 50, l’un des principaux acteurs de ce marché. Distributeur et importateur des whiskys les plus rares, aujourd’hui, Thierry Benitah exporte un tiers de ses produits, dont certains sont spécialement embouteillés pour LMDW. De véritables pépites pour les amateurs !
Depuis vingt ans qu’il exerce dans ce domaine, ce spécialiste a noté une évolution marquante : l’omniprésence du marketing dans la stratégie des marques. « Dans les années 80, la demande concernait les single malts écossais, même si les blends représentaient 90 % des ventes. Puis d’autres pays sont arrivés – nous avons d’ailleurs été les premiers importateurs de whiskys japonais en France – et cela a bouleversé la perception du whisky. Désormais, qualité ne veut plus forcément dire Ecosse. » Autre changement : la maturité du marché français. « On parle plus de palette aromatique que de technique. La qualité du produit l’emporte sur l’origine. »
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