The Good Business
Pharmaceutique et photographie, industrie minière, jeux Panaméricains et hôtels de luxe... Ces businessmen tiennent entre leurs mains l'économie péruvienne et ont tous des têtes bien faites et des idées qui font bouger les lignes.
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Carlos Neuhaus, le président du comité organisateur des jeux Panaméricains Lima 2019
Carlos Neuhaus fait du surf depuis toujours. Parfois, il attend la vague avec le ministre des Finances du Pérou, lui aussi adepte de glisse. C’est peut-être ce qui lui a valu d’être nommé à la tête des jeux Panaméricains qui se tiendront à Lima en 2019. Peut-être, mais pas seulement. Ce diplômé de Cambridge a fait son chemin dans le monde de la finance péruvienne et des services publics. Il a développé des projets résidentiels et commerciaux, mis son expertise au service de nombreux conseils d’administration et a été le président très apprécié de la fédération péruvienne de surf, le sport national du Pérou, celui sur lequel se fondent tous les espoirs de médailles.
Carlos Neuhaus n’est arrivé à la tête de l’organisation qu’en septembre 2016. Appelé, en quelque sorte, au secours d’un projet qui semblait bien mal parti. C’est en octobre 2013, après une candidature rejetée en 2009 pour ceux de 2015, que Lima est choisie pour les Jeux de 2019. Mais voilà, depuis l’annonce, le gouvernement et le maire ont changé et les condamnations pour corruption, ainsi que les suspensions et les démissions au sein du comité organisateur se sont succédé. Carlos Neuhaus apparaît comme le sauveur, celui sur lequel compte le président Pedro Pablo Kuczynski. C’est d’ailleurs directement à lui que Carlos Neuhaus en réfère, sous la tutelle du ministre des Transports et des Communications. Ce dernier en est également le vice-président, le dossier lui ayant été transféré après le départ du ministre de l’Éducation, contraint, lui aussi, à la démission pour des allégations de corruption.
C’est dans ce contexte, si familier au Pérou, qu’il doit faire la preuve que l’attribution des Jeux à Lima n’est pas une erreur. « Notre plus grand défi sera celui du transport. Il faut réduire le nombre de microbus qui encombrent les routes au profit de bus plus grands. Il faut améliorer l’accès à l’aéroport Jorge Chávez, l’interconnexion entre la transaméricaine et les voies rapides. Heureusement, les Jeux auront lieu en période de vacances scolaires, ce qui allégera un peu la circulation. » La construction du village des athlètes a commencé fin février, et le projet initial a été revu à la baisse. « De 39 tours de 10 étages, nous sommes passés à 7 tours de 20 étages, et la dimension des logements a été réduite de 90 à 75 m2, ce qui devrait en faciliter la mise en vente après les Jeux. » Au niveau des infrastructures, certaines n’ont besoin que d’une rénovation ou d’une mise aux normes, alors que d’autres doivent être totalement repensées. « Le premier budget avait été estimé à 900 millions de dollars américains, mais nous devons le réduire à 700 millions. Ces fonds proviennent principalement du gouvernement central et seront complétés par l’apport de sponsors privés. Nous prévoyons de 75 000 à 100 000 visiteurs, mais le plus important, c’est la visibilité. Cusco est la ville à laquelle tout le monde pense quand on parle du Pérou. Beaucoup ne savent même pas que Lima est au bord de la mer. Le parcours du marathon sera, par exemple, une façon de montrer la ville, de faire changer son image. Les jeux Panaméricains ne sont pas seulement un événement sportif, ils sont aussi une bonne occasion de montrer le Pérou et Lima. »
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Laurent Carrasset, le directeur régional du groupe Belmond au Pérou
Le Pérou est le pays dans lequel le groupe Belmond (ex-Orient-Express) possède le plus d’établissements : cinq hôtels de luxe et un service ferroviaire pour passagers et fret, celui-ci étant exploité grâce à une joint-venture entre le Péruvien Lorenzo Sousa et la britannique Sea Containers, maison mère de Belmond (@belmond) fondée en 1965 (remplacée, après liquidation en 1999, par la SeaCo Ltd.). Le Français Laurent Carrasset a intégré la compagnie en 1999, alors que le groupe Orient-Express (rebaptisé Belmond en 2014) venait de s’installer au Pérou. « James Sherwood et son fils Simon, alors patron d’Orient-Express, connaissaient bien ce pays. Le rapprochement s’est fait grâce à l’ambassade du Pérou, à Londres. » On imagine que c’est grâce à ces relations privilégiées qu’Orient-Express a pu obtenir les permis d’exploitation de deux lieux d’exception : un monastère à Cusco, devenu l’hôtel Monasterio, et le Sanctuary Lodge, le seul hôtel situé sur le site du Machu Picchu.
En 2001, Belmond rachète le Park Plaza de Lima dans le quartier de Miraflores et, en 2009, le Rio Sagrado, petit resort situé dans la vallée sacrée des Incas. En 2014, Belmond ajoute à sa collection le Palacio Nazarenas, une concession obtenue auprès de sœurs carmélites, un ravissant couvent voisin du Monasterio. Dès 1999, avec PeruRail, la compagnie exploite un tracé ferroviaire de plus de 1 000 km reliant les régions d’Arequipa, Puno et Cusco, dans le sud du pays. Un tracé en grande partie touristique, mais qui permet de rattacher le port de Matarani et les mines de cuivre de Cerro Verde et de Las Bambas. « Une opportunité qu’il ne fallait pas rater, même si le transport de marchandises n’est pas au cœur de notre business », explique Laurent Carrasset. Lui-même se concentre davantage sur son dernier-né : l’Andean Explorer, un train de luxe permettant de faire le trajet de Cusco à Arequipa, en passant par le lac Titicaca. « Nous n’envisageons pas de nouveau projet à Lima, mais nous ne serions pas contre l’acquisition d’un bel établissement. Depuis vingt ans, le tourisme n’a cessé de grimper. Bien que la plupart de nos clients soient américains, nous avons assisté à l’arrivée d’une clientèle venue du Brésil, de l’Australie et du Japon. Aujourd’hui, les Chinois font leur entrée. Sous l’impulsion de notre président, Roeland Vos, nous avons l’ambition de doubler nos propriétés d’ici à 2020. »