The Good Business
Tony Salamé, Anand Mahindra, Benoît Potier, Safra Catz... quatre brains qui ont su tirer profit du marché, chacun dans son pays, le Liban, l'Inde, la France et les Etats-Unis, en s'imposant comme des chefs d'entreprise en pleine ascension.
Ils sont chefs d’entreprise ou de départements clés dans des secteurs de pointe, ont des idées originales qui font bouger les lignes et des convictions qui changent souvent la donne… Leur particularité ? Ils sont montés très haut, très vite, et comptent bien y rester !
Tony Salamé, l’aventurier du luxe à qui rien ne résiste
Son business crescendo donne le vertige. Parti de rien pour briller aujourd’hui au volant de sa Porsche Cayenne et au bras d’une épouse sublime, la mère de ses trois enfants, fondateur de l’empire de la mode et du luxe Aïshti – 158 millions de chiffre d’affaires en 2014 –, Tony Salamé s’est par ailleurs constitué une collection d’art contemporain (2 000 œuvres d’artistes hypercotés) digne du premier rang – qu’il occupe – au bal des milliardaires jalousés. Sa belle aventure a débuté dans les années 90, quand il a ouvert une échoppe à Jal el‑Dib, petite commune de la banlieue nord de Beyrouth, où il s’est fait ce plaisir d’y voir émerger, sur 20 000 m2, un nouveau temple du luxe digne de Dubaï. Armé d’un flair et d’une ténacité légendaires, ce provocateur de 48 ans qui, adolescent, troquait un verre d’arak servi à son grand‑père contre un tour de voiture – lui étant au volant, bien sûr –, puis vendait ses propres fringues à des copains de la fac de droit, ne connaît guère de résistance à son charme opiniâtre. La seule à lui avoir longtemps dit non, avant de finir par craquer, c’est sa femme !
Anand Mahindra (@anandmahindra), le nouvel empereur indien
Il n’était pas peu fier, Anand Mahindra, d’intégrer, en mars dernier, le prestigieux classement Barron’s 2016, qui le voit rejoindre la caste des 30 chefs d’entreprise les plus influents du monde, aux côtés de Jeff Bezos (Amazon), de Robert Iger (Disney), de Larry Page (Google) ou encore de Warren Buffet. Anand Mahindra règne sur un petit empire qui porte son nom, Mahindra Group – 17,8 Mds $ de chiffre d’affaires en 2015, 200 000 salariés –, sans jamais cesser d’avancer ses pions sur le grand échiquier de l’économie mondiale, de l’acier (premier jalon de l’entreprise familiale) aux tracteurs, des deux-roues – les scooters Peugeot battent pavillon indien depuis 2014 – à la finance. A tout juste 61 ans, ce natif de Bombay a récemment consenti à une ébauche de sourire sous sa moustache sévère de grand patron indien, alors qu’il déploie désormais ses ailes dans l’aéronautique à travers un partenariat industriel avec Airbus. S’il tisse sa toile sur les cinq continents, Anand Mahindra ne fait pas mystère de ses liens privilégiés avec la France, lui qui a démarré sa carrière en dirigeant Mahindra Ugine Steel, une coentreprise avec Ugine Acier alors basée à… Albertville !
Benoît Potier, l’hyper-CEO centralien à l’âme d’artiste
Ce grand patron du groupe Air Liquide, classé, en 2014, au premier rang des big bosses français présents dans le top 100 des chefs d’entreprise les plus performants du monde, vient de remporter sa plus belle victoire, à l’heure où tant de nos fleurons vacillent : hisser Air liquide au rang de numéro un mondial de sa discipline, après le rachat de son rival américain, Airgas, via une augmentation de capital de 3,3 Mds € en septembre dernier. Avec son front dégarni, sa bouche pincée et ses fines lunettes, le centralien au visage un peu sévère n’a pas toujours pu pleinement exprimer son tempérament audacieux, alors qu’il a accompli toute sa carrière chez Air Liquide, d’ingénieur R&D en 1981 à CEO depuis 2006. S’éloigne‑t‑on de sa bio officielle qu’on lui découvre aussi une fibre artistique, un soupçon – si rare dans sa sphère ! – de fantaisie. Le patron compte parmi ses relations le comédien Bruno Madinier (« Les Cordier, juge et flic »), avec qui il joua, pendant ses études, au sein d’une petite troupe de théâtre. Mieux encore, Benoît Potier, qui a rencontré sa femme au conservatoire, a même pris une année sabbatique pour s’adonner à sa passion ! On applaudit.
Safra Catz, la divine souveraine d’Oracle
Dès sa nomination en 2014 comme CEO d’Oracle, d’égale à égal avec Mark Hurd – mais, comme le précise l’organigramme, ils ne sont pas co-CEO –, il s’est dit, dans les coulisses de cet univers où l’on jauge vite la cote d’un boss, que c’était elle, Safra Catz, qui prendrait l’ascendant sur son alter ego à la tête du géant mondial des bases de données. Car l’ancienne directrice financière d’Oracle (2005‑2008) bénéficie d’une solide expérience maison. C’est Larry Ellison, fondateur d’Oracle – à l’époque également CEO, avant qu’il ne crée la stupéfaction en cédant sa place à Hurd et à Catz –, qui a fait appel à ses compétences, en 1999, alors qu’il cherchait une juriste hors pair et que la diplômée en droit (université de Pennsylvanie) offrait un profil idéal, conforté de surcroît par une première vie professionnelle dans la banque, chez Donaldson (aujourd’hui disparue), puis à la direction de Lufkin & Jenrette (rachetée par le Crédit suisse). Entrée par la grande porte, en 1999, avec un titre de vice-présidente, Safra Catz signe depuis lors un sans‑faute. Y compris sur sa feuille de paie au montant… record.