The Good Business
Exploitation minière, assurances, agroalimentaire, banque... Ces businessmen tiennent entre leurs mains l'économie du Pérou et ont tous des têtes bien faites et des idées qui font bouger les lignes.
- 1. Dionisio Romero Paoletti, le président de Grupo Romero
Qui veut comprendre les activités de l’économie péruvienne doit consulter le site web de Grupo Romero : tous les secteurs importants du pays, à l’exception de l’exploitation minière, s’y trouvent représentés : agriculture (canne à sucre, huile de palme), produits de consommation courante (pâtes, céréales, savons, détergents, etc.), produits industriels (huiles et farines de poisson), services et logistique de transports routier et maritime, opérations portuaires (port de Matarani), stations-service (Primax), télécommunications (Wigo), textile (filature et manufacture), et même un service de nettoyage. Dionisio Romero Paoletti est considéré comme l’un des hommes d’affaires les plus puissants du pays. Son entreprise figure dans le top ten et a la particularité d’être toujours restée dans la famille. Soit quatre générations qui, tour à tour, se sont mises à son service. Fils unique, Dionisio Romero Paoletti était préparé à cette succession alors même qu’il rêvait, collégien, d’être designer automobile. Après avoir obtenu un MBA à l’université Stanford, il est rentré au Pérou et a commencé à travailler dans différentes entreprises du groupe. En 2001, il n’a que 36 ans quand son père lui en passe les commandes, soit au moment même où l’économie péruvienne commence à reprendre son essor. L’entreprise, déjà considérablement développée par les première et deuxième générations, a su traverser toutes les crises (expropriation dans les années 70, kidnapping et attaques terroristes dans les années 80) tout en continuant à diversifier ses activités. Depuis 2009, Dionisio Romero Paoletti est aussi le patron de Credicorp, la holding financière péruvienne la plus importante (services financiers et bancaires, assurances et fonds de pension). Ce rapport étroit entre commerce et finance est inscrit dans l’ADN de Grupo Romero, fondé en 1888 par Calixto Romero Hernández, un Espagnol venu s’installer au Pérou pour y créer une entreprise d’exportation de chapeaux de paille. Du chapeau, il est ensuite passé au cuir, puis au coton, au textile et ainsi de suite. En 1902, il acquiert des parts dans Banco Italiano, qui devient ensuite Banco Credito del Perú (BCP), en 1942, l’une des entités de Credicorp et la plus grande banque du pays. Dionisio Romero Paoletti ne s’aventure jamais sur le terrain politique. Très consensuel, il a vanté le bilan économique positif de l’ancien président Ollanta Humala (2011-2016), tout en déclarant faire confiance à Pedro Pablo Kuczynski, élu en juillet dernier. Dionisio Romero Paoletti cultive une forme d’humilité et de discrétion qui lui vaut certainement, outre ses compétences de businessman, d’avoir été nommé meilleur dirigeant de l’année 2016 par l’organisme Monitor Empresarial de Reputación Corporativa (Merco).
- 2. Jorge Ramírez Rubio, le directeur général de Camposol
The Good Life : Camposol est l’entreprise agro-industrielle leader au Pérou. Un succès fulgurant pour une compagnie qui fête ses 20 ans cette année
Jorge Ramírez Rubio : En effet, nous affichons aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de 280 millions de dollars (et près de 15 000 employés lors de nos pics de récolte), avec une accélération très nette dans les cinq dernières années, puisque nous avons multiplié par deux notre chiffre d’affaires au cours de cette période. Nous sommes les premiers exportateurs mondiaux d’avocats, bientôt de myrtilles, et vendons désormais 65 % de notre production en marque propre dans le monde entier à des géants comme Casino et Wallmart.
TGL : Quels sont les facteurs clés du succès d’un groupe tel que le vôtre ?
J. R. R. : Nous avons une approche marketing très poussée. Nous consacrons une part importante de nos revenus à la recherche, afin de définir les produits cultivables au Pérou qui répondront le mieux à la demande mondiale. En ce moment, la superfood est sur toutes les lèvres, c’est la raison pour laquelle nous avons misé sur l’avocat et sur la myrtille. Par ailleurs, nous assurons à nos clients l’entière traçabilité de nos produits, ce qui représente un atout de taille. Mais l’essentiel de notre avantage compétitif, nous le tenons du Pérou en tant que tel.
TGL : Quels sont les atouts de ce pays pour l’industrie agroalimentaire ?
J. R. R. : Le Pérou dispose d’un microclimat très favorable, qui nous permet de produire certains fruits et légumes quand personne d’autre ne le peut. En effet, le pays est parcouru par un courant marin froid qui vient du Sud et qui rend la zone côtière désertique, donc sans risques de pluies abondantes ni d’inondations, tout en restant globalement irrigable grâce à la présence de rivières issues des plateaux des Andes qui dominent le pays. De surcroît, le fait d’être situé juste en dessous de l’Équateur assure une température optimale toute l’année, qui nous permet d’être les seuls à proposer des myrtilles entre septembre et novembre, et des avocats dès le début du mois d’avril. En revanche, il est certain que cultiver dans une zone désertique nécessite d’importants investissements en termes d’irrigation, notamment de la part du gouvernement. C’est tout le sens du projet Chavimochic. Cet immense système d’irrigation développé dans les années 60 dans le nord du pays – dont on prévoit l’agrandissement imminent avec le projet Chavimochic III – a permis au Pérou de devenir un acteur à part entière de l’industrie agroalimentaire.
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