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The good brains : 3 acteurs de l’économie stockholmoise

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Une maire, un banquier financier et un CEO de l'électroménager, qu'ont-ils en commun ? Ils sont tous des acteurs clé de l'économie stockholmoise. Portrait.

  • Karine Wanngard, Maire de Stockholm

La petite quarantaine, le regard bleu et l’allure décontractée, Karin Wanngard est maire de Stockholm depuis 2014. Membre du parti social-démocrate, elle a été conseillère municipale à partir de 1994. C’est dire si elle connaît bien les problématiques de sa ville. Elle a fait de l’écologie et du logement les deux axes principaux de sa politique.

The Good Life : Quel est votre objectif en matière d’environnement ?
Karin Wanngard : Que nous soyons totalement libérés des énergies fossiles en 2040. Cela repose sur mon engagement et sur le soutien de nos concitoyens. Ils veulent des mesures environnementales, et ma responsabilité est de créer une ville ou celles-ci peuvent aisément s’appliquer. J’ai mis en place une politique budgétaire afin d’accomplir cette mission. Cela signifie qu’il faut préparer dès maintenant les infrastructures permettant d’accueillir les voitures électriques. Voilà pourquoi nous construisons de nouvelles lignes de métro en accord avec le conseil d’administration du comté qui est, quant à lui, responsable du transport. Nous constatons aussi que notre « taxe embouteillage » [applicable à tous les véhicules qui entrent dans la ville pendant la journée, en semaine, NDLR] fonctionne : il y a aujourd’hui autant d’entrées de voitures dans la ville qu’il y a dix ans, alors que la population a augmenté. Il faut transformer les parkings en résidences, en parcs, en pistes cyclables. Il faut changer les comportements et la façon de construire notre ville. Un objectif possible grâce à la coopération entre le public et le privé, entre les entreprises, les universités et nous. Par exemple, nous travaillons ensemble à un système de feux de circulation qui donne la priorité aux bus.

Les acteurs clés de l’économie stockholmoise : Karin Wanngard, maire de Stockholm.
Les acteurs clés de l’économie stockholmoise : Karin Wanngard, maire de Stockholm. DR

TGL : Quels sont vos principaux défis sur le plan du logement ?
K. W. : Il est devenu difficile de trouver un appartement à Stockholm et nous devons augmenter l’offre, même si 2016 fut déjà une année record en matière de construction. Entre le début de mon mandat et 2020 – j’espère être réélue en 2018 –, nous aurons atteint 40 000 nouveaux logements. En Suède, nous avons un système particulier : il n’y a pas de logements sociaux, mais un marché de location géré par un système de liste d’attente. Si vous avez un salaire, vous avez normalement un appartement [le taux de chômage n’est que de 4%, NDLR]. Pour ce qui est de l’achat, notre système est particulier, plus proche d’un droit de jouissance, et le prix est mis aux enchères. Ain d’éviter de bâtir une ville-dortoir, il nous faut aussi des écoles, des crèches et des maisons de retraite. Je veux une ville où les gens veulent vivre et payer leurs taxes. La moitié du budget de la ville est dédiée à l’éducation qui, excepté l’université, est de notre responsabilité ; 25 % vont aux retraites ; le reste est consacré aux programmes sociaux. Ce qui est relatif au transport et aux infrastructures est du ressort du comté, avec une participation négociée de notre part. Notre main-d’œuvre est qualifiée, et les grandes entreprises veulent s’établir ici. Nous devons augmenter notre population, mais pour le moment, il est plus facile de trouver un emploi ou une école à Stockholm qu’un logement… S. B.


  • Jonas Samuelson, Président d’Electrolux

Sa mission – il l’a acceptée – est de mettre le premier fabricant d’électroménager européen sur la voie des appareils intelligents et connectés. Jonas Samuelson a pris les rênes d’Electrolux en février 2016, lorsque Keith McLoughlin a démissionné de ses fonctions, à la suite du rachat avorté de l’électroménager de GE. L’opération, estimée à 3,3 milliards de dollars, a été bloquée par la commission antitrust des Etats-Unis. Elle aurait permis au groupe suédois de dépasser – enfin – son éternel concurrent, Whirlpool. Qu’à cela ne tienne ! Jonas Samuelson connaît bien le groupe dans lequel il est entré in 2008 comme directeur financier avant de prendre la direction de la division gros électroménager de la région Europe, Moyen-Orient, Afrique (EMEA). Agé de 49 ans, il a bien l’intention de faire passer Electrolux dans l’ère du numérique et de remettre le groupe sur la voie de la croissance et de la rentabilité durables. Electrolux est convaincu que tout peut être connecté, à commencer par les appareils et accessoires électroménagers. Depuis que Jonas Samuelson en a pris la direction, le groupe a créé une nouvelle entité, baptisée Global Connectivity & Technology. Cette initiative fait suite au rachat d’Anova, en février 2017.

Les acteurs clés de l’économie stockholmoise : Jonas Samuelson, président d’Electrolux.
Les acteurs clés de l’économie stockholmoise : Jonas Samuelson, président d’Electrolux. DR

Start-up californienne basée à San Francisco, Anova a mis au point un accessoire de cuisson sous vide qui se connecte au smartphone. Elle apporte à Electrolux un accessoire branché, vendu en ligne et communautaire. Le groupe a également entamé un partenariat avec Google pour connecter certains de ses appareils à l’assistant vocal Google Home. Premiers appareils concernés: le cuiseur d’Anova et le climatiseur CoolConnect de Frigidaire. Jonas Samuelson ne devrait pas avoir trop de difficultés à maintenir Electrolux sur la voie de la rentabilité. Dans les prochaines années, la croissance viendra d’Asie, où les classes moyennes s’équipent massivement. Les moyens de production du groupe ont été rationalisés et certaines usines transférées dans des pays à faible coût de main-d’œuvre, sauf en ce qui concerne les produits les plus sophistiqués. Par exemple, les fourneaux Molteni, tant appréciés des chefs du monde entier, restent fabriqués à Saint-Vallier, dans le sud de la France. Quant aux machines de blanchisserie professionnelle (entre autres utilisées pour les vêtements et les équipements des pompiers), elles sont fabriquées à Rosières-près-Troyes, dans l’Aube. S. C.


  • Jacob Wallenber, banquier et industriel

Chez les Wallenberg, la banque est une tradition. On doit ajouter, pour ceux qui le peuvent, des métiers dans l’industrie et des sièges aux conseils d’administration et aux comités de direction des principaux groupes suédois. Jacob Wallenberg est de ceux qui le peuvent. Avec son frère Peter et son cousin Marcus, ils sont la cinquième génération Wallenberg aux commandes des entreprises familiales. Diplômé de la Wharton Business School de l’université de Pennsylvanie, Jacob Wallenberg a fait toute sa carrière dans les sociétés du groupe, à commencer par la Skandinaviska Enskilda Banken (SEB), la banque familiale et l’une des premières banques suédoises. De 1995 à 2005, il en est successivement vice-président, directeur général, puis président. Dès le début du e siècle, pour se diversifier, la banque investit dans les industries du pays. Elle le fait par l’intermédiaire d’une filiale créée en 1916 dans ce seul but : Investor. Jacob Wallenberg en est vice-président depuis 1999 et président depuis 2005. Investor est présente au capital des principales entreprises suédoises : Ericsson, SEB, Electrolux, ABB, Saab, Astra Zeneca, Husqvarna, Atlas Copco…

Les acteurs clés de l’économie stockholmoise : Jacob Wallenberg, banquier et industriel.
Les acteurs clés de l’économie stockholmoise : Jacob Wallenberg, banquier et industriel. DR

A la fin du premier trimestre 2017, la valeur de ses actifs atteignait 330 milliards de couronnes, soit 34,5 milliards d’euros. The Economist a estimé que, dans les années 70, les entreprises de la famille Wallenberg employaient 40 % de la main-d’œuvre industrielle du pays et que ses participations équivalaient à 40 % de la valeur de la Bourse de Stockholm. Dans les années 90, la famille avait ainsi le contrôle d’un tiers du PNB suédois ! Il n’est donc pas usurpé que les Wallenberg soient surnommés « la famille royale de la finance suédoise ». Très scandinave, le train de vie des membres de la famille n’a rien d’ostentatoire et leur engagement dans le développement de l’économie suédoise n’est pas feint. Ainsi, les fondations de la famille financent des bourses d’études, des chaires et des centres de recherche, notamment à la Stockholm School of Economics (SSE). Il faut dire que c’est grâce à l’importante somme d’argent donnée par Knut Agathon Wallenberg en 1903 que la SSE a vu le jour, les industriels de l’époque éprouvant le besoin d’éduquer et de former les futurs dirigeants de leurs entreprises. Ce qui vaut aujourd’hui à Jacob Wallenberg, en plus de ses nombreuses fonctions, de présider le conseil d’administration de la SSE. S. C.

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