The Good Business
Ils ont crée des logiciels - Skype et Spotify - que la plupart des utilisateurs mondiaux ont téléchargé et/ou utilisé sur leur propres ordinateurs (sans parler des smartphones). Portrait de deux acteurs majeurs de l'économie stockholmoise, rois de la Swedish Tech.
1- Niklas Zennström, cofondateur de Skype
Il y a de nombreuses façons de décrire Niklas Zennström, tant ce personnage phare de la Swedish Tech est complexe. On peut parler du fondateur de start-up qui ont toutes marqué une étape essentielle dans leur domaine. A commencer par Kazaa, ce système de partage de musique gratuit créé en 2002. Inquiètes des dommages que ce dernier pourrait causer à leurs revenus, les majors de la musique ont réussi à faire condamner la société, qui a dû arrêter ses activités en 2005. Mais Niklas Zennström aime trouver des solutions technologiques à des problèmes, si possible d’envergure mondiale. Après Kazaa, il cofonde Skype avec Janus Friis en 2003. Ce logiciel permet de téléphoner gratuitement d’un ordinateur à un autre dans le monde entier. Bingo ! La déréglementation des télécoms suscite l’intérêt de grandes sociétés technologiques. Skype se fait racheter après à peine deux ans d’activité par le géant eBay pour 2,6 milliards de dollars. Mais la greffe ne prend pas. Ebay revend 65% de Skype à un consortium de fonds en 2009. Skype sera rachetée en totalité par Microsoft en mai 2011 pour 8,5 milliards de dollars, faisant de Niklas Zennström et de Janus Friis des hommes riches, figurant désormais au top 10 des fortunes technos européennes…
On peut parler du Niklas Zennström investisseur. En 2006, il crée, à Londres, la société d’investissement Atomico. Celle-ci a levé son quatrième fonds en février 2017 : avec 765 millions de dollars, c’est le plus gros jamais levé en Europe. Atomico a investi dans une cinquantaine de sociétés, dont les finlandaises Rovio (Angry Birds) et Supercell (jeux mobiles dont Clash of Clans), les suédoises Klarna ou Truecaller, les vélos chinois en libre-service d’Ofo ou le jet électrique à décollage vertical des berlinois de Lilium Aviation… On peut aussi parler du Niklas Zennström philanthrope, de l’Européen engagé ou encore du sportif. En 2007, avec sa femme Catherine, il a fondé Zennström Philanthropies, un fonds qui soutient des projets de défense des droits de l’homme et de protection de l’environnement. Il préside la European Tech Alliance (EUTA), créée en octobre 2015 par le Parlement européen, un groupe de sociétés technologiques européennes (dont Bla- BlaCar, Spotify ou Avast) qui œuvre pour faire de l’Europe un hub pour la technologie. Enfin, il garde un peu de temps pour participer à des courses sur ses voiliers Rán V et Rán VI. Il a notamment remporté la Fastnet Race en 2009 et en 2011. Complexe ? Complet !
2 – Daniel Ek, cofondateur de Spotify
Il s’est marié sur une chanson de Bruno Mars – chantée en live par la star –, devant Chris Rock, qui lui a fait prononcer ses vœux, et sous l’œil probablement attendri de son copain Mark Zuckerberg. Pas mal pour ce nerd de 34 ans, né dans une banlieue banale de Stockholm. Il a eu son premier ordinateur et sa première guitare à 5 ans. Et son premier million à 22. Lui, c’est Daniel Ek, cofondateur de Spotify, une autre star de la Swedish Tech. Et ailleurs. C’est grâce au réseau de partage Napster que, adolescent, Daniel Ek enrichit sa culture musicale et saisit le plaisir de la découverte de nouveaux artistes. A 14 ans, c’est déjà un programmeur expérimenté et il réalise des pages d’accueil pour une centaine d’euros. Ne se sachant pas trop bon en design, il forme ses camarades dessinateurs à Photoshop et monte un petit business qui finit par lui rapporter beaucoup d’argent. Quelques années plus tard, il entre au Royal Institute of Technology de Stockholm, mais le quitte huit semaines plus tard, jugeant l’enseignement trop théorique.
Il se remet au travail et fonde Advertigo, agence de publicité sur Internet, qu’il vend une petite fortune à TradeDoubler. Il a du succès, s’achète une Ferrari. C’est alors que l’histoire se transforme en légende : Daniel Ek s’interroge, il n’aime pas sa vie… Bref, il déprime, et se retire avec une guitare dans une cabane au fond d’un bois après avoir vendu appartement et voiture. De retour à Stockholm, il tombe sur Martin Lorentzon, celui qui lui avait acheté son agence, et tous les deux imaginent Spotify, plate-forme musicale pair-à-pair. C’était en 2006 et, dix ans plus tard, Spotify représente quasiment la moitié des abonnements payants à une plate-forme musicale dans le monde. 140 millions de personnes l’utilisent, en version payante (48 millions d’abonnés) ou gratuite (avec de la publicité). Pourtant, malgré un chiffre d’affaires qui explose, les pertes sont importantes, la faute au paiement de droits musicaux, aux investissements et au développement de nouveaux produits. Une entrée en Bourse a été annoncée au printemps, puis démentie par le cofondateur de Spotify, Martin Lorentzon, du moins dans le court terme. Ce à quoi Spotify a répondu sèchement qu’il n’était pas le porte-parole de l’entreprise et que rien n’est encore confirmé ou infirmé. Ce qui est certain, c’est qu’il y a une certaine nervosité dans l’air…
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