The Good Business
Créée en 2011 par une talentueuse diplômée de l'université d'Harvard, la plateforme en ligne Stitch Fix mêle stylisme et algorithmes pour proposer des colis personnalisés à ses clients.
Il faut moins d’une dizaine de minutes pour remplir le questionnaire de Stitch Fix et choisir la date de son premier envoi personnalisé. Les équipes de stylistes du pure player californien se mettent en ordre de marche et déterminent, en fonction des réponses fournies par le client et des algorithmes spécialement conçus par les scientifiques salariés de l’entreprise, le contenu du colis qu’il recevra quelques jours plus tard.
Cinq pièces dont les prix varient entre 25 et 600 $ (55 $ en moyenne), de marques exclusives à Stitch Fix et d’autres comme Scotch & Soda et Penguin, très populaires aux Etats-Unis. Le destinataire choisit alors de garder ou renvoyer les fripes et s’acquitte du prix de celles-ci, et d’un billet de 20 $ supplémentaire pour la prestation des stylistes. La livraison et les retours sont gratuits. D’après les commentaires que le client laisse sur le site et les pièces qu’il a refusé, la plateforme peut affiner son algorithme et préparer encore mieux le prochain envoi (une fois par mois, tous les deux mois ou tous les trimestres). Un cercle vertueux.
La première box part en 2010 depuis la chambre de Katrina Lake sur le campus d’Harvard, où elle teste son concept. Puis elle crée officiellement Stitch Fix en novembre 2011, à San Francisco, six mois après son diplôme. Deux ans plus tard, sa jeune entreprise lève 4 millions de dollars et compte déjà une cinquantaine d’employés. En 2014, ils seront 400 de plus.
Stitch Fix, une success story inspirante
D’ouvertures d’entrepôts en diversification – une collection homme depuis 2016, une ligne enfant cet été, de nouvelles marques premium et des grandes tailles – Stitch Fix a généré l’an dernier un chiffre d’affaires de 1,2 milliard de dollars, salarie 6 300 personnes, dont 3 700 stylistes et 85 data scientists tout en fidélisant 2,7 millions de clients réguliers. Considérable. Un succès qui a poussé Katrina Lake à faire entrer son entreprise au Nasdaq fin 2017. Malgré une introduction délicate, en dessous des objectifs affichés par la CEO, l’action a, depuis, vu sa valeur augmenter de 153 %.
Depuis, ce concept de « box surprise » mensuelle a été repris partout dans le monde. C’est le cas avec le vin, dont Le Petit Ballon est l’un des acteurs principaux, le grooming, le jardinage, la cuisine, le thé… et la mode, avec, en France notamment, Le Grand Dressing, exclusivement réservé au vestiaire masculin. Stitch Fix, elle, se contente pour le moment du seul territoire étasunien.
Aucune immersion en dehors des frontières américaines n’est à l’étude, si l’on en croit les dirigeants. Sans tomber dans l’hypothèse de comptoir, il est possible que Stitch Fix redoute une concurrence aux dents longues, qui a eu le temps de se faire sa place, surtout en Europe. En outre, une internationalisation demanderait des efforts logistiques considérables (nouveaux entrepôts) et la négociation avec de nouvelles marques plus familières pour ce nouveau marché. Moins d’un an après son introduction en bourse, cette entreprise qui détonne dans son voisinage de la Silicon Valley par ses actions raisonnées et sa stabilité financière privilégie sans doute le renforcement de sa présence nationale. Avant, pourquoi pas, de traverser l’Atlantique ?