The Good Business
Réputées dans l’univers du son et de l’audio, focus sur trois entreprises françaises qui ont à cœur de créer des produits capables de rendre toute l’émotion du son. Leur approche singulière les démarquent également à l’étranger, où elles revendiquent fièrement des valeurs et un savoir-faire made in France. Troisième partie : Charlestine, et son P-DG Xavier Barthélémy.
The Good Life : Quelle est la situation de Charlestine dans le contexte actuel ?
Xavier Barthélémy : Les déplacements et les expéditions ont, bien sûr, été très freinés. En revanche, l’activité sur Internet, qu’il s’agisse de ventes ou de demandes de restauration, a augmenté. Malgré un chiffre d’affaires diminué de 30 %, les demandes de devis ont doublé par rapport à 2019. J’ai noté dans le discours de nos clients que leur décision d’achat était de plus en plus guidée par un besoin d’alignement avec les valeurs de Charlestine. Le sens que nous donnons à notre travail, le soin que nous apportons à faire revivre ces objets magnifiques, sont autant de promesses que nos clients sont venus chercher chez nous. Par ailleurs, l’année écoulée a été très enrichissante du point de vue personnel. Pouvoir stopper son quotidien pour se recentrer sur sa famille, gagner en sérénité et avoir la certitude que, si on arrive à surmonter ça, on est capable de faire face à toutes les situations par la suite. Nous avons dû mettre en pause les projets prévus pour 2020, mais tout le travail de préparation n’est pas perdu et on est prêt à tout réactiver le moment venu.
TGL : Quel est votre cœur de métier ?
X. B. : J’ai commencé l’aventure tout seul, en 2015, dans un atelier partagé à Clichy, à deux pas de Paris, avant de déménager dans l’Oise. L’idée était de travailler de mes mains, de faire de l’artisanat qui ait du sens. La radio est typiquement un objet sentimental et historique. Je travaille avec des ébénistes qui sont formés à mes procédés de fabrication et de modernisation et qui apportent aussi leur expertise technique. Chaque radio restaurée passe entre plusieurs mains. Il faut compter environ une dizaine d’heures en moyenne pour une réparation de radio. Cela inclut le nettoyage, l’intégration du système audio, l’optimisation acoustique, etc.
TGL : Quel est le nerf de la guerre de Charlestine ?
X. B. : L’humain, sans conteste. Chaque poste raconte une histoire. L’idée est de partir d’une radio qui date souvent des années 30 ou 50, de lui redonner du cachet grâce à notre savoir-faire en ébénisterie, et de lui offrir une belle qualité sonore grâce à notre système audio moderne. Ce bel objet de décoration chargé d’histoire est alors de nouveau prêt à chanter comme à l’époque, mais en mieux ! On essaie toujours de préserver le vernis d’origine, qui a conservé les traces du temps, mais également sa capacité à briller de mille feux. Aujourd’hui, moderniser les radios de nos clients représente environ 50 % de notre activité, l’autre moitié concerne la vente directe via notre site ou nos revendeurs partenaires. Charlestine est un petit atelier, mais la marque est bien établie. Quand les clients achètent une radio, ils achètent également l’histoire qui va avec. On le sent vraiment avec l’activité de restauration, où l’attachement à l’objet est phénoménal. L’atelier est nourri par ces anecdotes.
Développer Charlestine
TGL : Quelle est votre stratégie commerciale ?
X. B. : J’ai été rejoint en 2017 par des associés investisseurs qui m’ont donné les moyens de développer l’activité en participant à des salons professionnels, en France comme à l’étranger. Aujourd’hui, nous sommes présents, notamment, à Londres, Berlin, New York, Hong Kong ou encore Shanghai. C’est d’ailleurs en Chine que nous enregistrons le plus de ventes récurrentes sur notre réseau de distributeurs. De manière globale, les exportations représentent environ 20 % de nos ventes totales.
TGL : Quelles sont vos ambitions ?
X. B. : À court terme, il s’agit de réactiver le plan développé autour du numérique pour renforcer la part de nos ventes directes. Nous lançons également une nouvelle gamme de meubles hi-fi en partenariat avec la marque autrichienne Pro-Ject afin de nous diversifier et monter en gamme. Il s’agit de meubles des années 60 de différents formats, équipés d’un système audio de très grande qualité, Bluetooth et vinyle. L’année 2020 et les restrictions de déplacements n’ont pas été propices au développement de notre offre sur ce secteur, mais nous sommes prêts à relancer la machine en nous appuyant sur notre réseau de revendeurs et nos partenaires prescripteurs dans la décoration d’intérieur.
Charlestine, le charme du vintage remis au goût du jour
Reliques d’un passé révolu, désormais inutiles avec leurs gros boutons, leur ampli à lampes et leur façade qui fait voyager de Monte-Carlo à Luxembourg et de Lahti à Baden-Baden, les radios d’antan hantent les vide-greniers et les brocantes. Leurs technologies d’avant-guerre les rendent obsolètes à l’heure de la radio numérique terrestre. Et pourtant, leurs qualités esthétiques demeurent intactes… C’est pour sauver ces vestiges de la casse et de l’oubli que Xavier Barthélemy a créé Charlestine.
Ancien chef de produit pour un site de vente en ligne, Xavier Barthélemy décide, un jour, de quitter un travail qui manquait singulièrement de sens à ses yeux pour s’embarquer dans une aventure où le fait-main et le souci du détail forgeraient son quotidien. Son objectif : récupérer de vieux postes de radio, des années 1910 à 1970, et leur redonner vie en remplaçant la partie électronique par un ampli et un haut-parleur de qualité, et les doubler d’un récepteur Bluetooth afin de leur permettre de jouer la musique de nos portables. Guitariste et passionné de musique, le fondateur de Charlestine avait déjà eu l’occasion de se frotter à l’électronique et à la lutherie, mais en simple amateur.
Quand il se lance dans l’aventure en solo, avec comme toute mise de fonds ses économies et ses indemnités de licenciement, il lui faut apprendre des techniques d’acoustique, d’électronique mais aussi d’ébénisterie… Car une fois les postes récupérés… Lire la suite de l’article →
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