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Sidney Poitier, un militant devant et derrière l’écran 

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Ils sont forts, séduisants et ténébreux. Au cinéma, ils crèvent l’écran à la seule force de leur regard de braise et de leur présence charismatique. Le vent n’a d’ailleurs aucun effet sur leurs cheveux et la transpiration ne laisse aucune trace sous leurs bras. Ils s’appellent Paul Newman, Hugh Jackman ou encore Lino Ventura, et ils ont tous incarné des héros forts et virils au cinéma, véhiculant une certaine idée de la masculinité et de la réussite. Mais sous leurs torses velus et bombés, il y a aussi un petit cœur qui bat et cet été, The Good Life vous propose de découvrir la face cachée de cinq acteurs emblématiques plus sensibles qu’il n’y paraît. 

Sidney Poitier n’est pas un méchant. Sidney Poitier est un héros. A l’écran, l’acteur américano-bahaméen a presque toujours incarné cet homme au sens du devoir sans limite et au courage sans faille. Dans ses films, il s’est toujours battu mais uniquement contre les injustices et les inégalités. Tantôt flic, tantôt enseignant, parfois même prisonnier, au cinéma, Poitier n’a qu’un seul combat, celui de la lutte contre le racisme. Et c’est un rôle que tient aussi l’homme dans la vie. En parallèle d’être le tout premier homme noir à remporter l’Oscar du meilleur acteur en 1964, il sera un ardent défenseur du mouvement américain des droits civiques. Engagé jusque dans sa chair, il deviendra aussi ambassadeur des Bahamas, dont il est originaire, auprès de l’UNESCO. À la scène comme à la ville, Sidney Poitier est décidément un héros, un vrai. 


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Un américain par hasard 

Pour connaître l’histoire de Sidney Poitier, il faut remonter aux années 20, à l’année 1927 précisément. C’est en Floride que l’acteur voit le jour, un peu par hasard, lors d’un voyage de loisirs qu’effectuent ses parents à Miami. Prématuré, le chérubin vivra ainsi les premiers jours de sa vie dans le quartier de Coconut Grove, loin bien loin des Bahamas voisines auxquelles sa famille appartient. La-bas, son père est planteur de tomates et sa mère femme au foyer. Un foyer qui se veut particulièrement modeste au sein de cette ancienne colonie britannique, qui l’est tout autant. Le jeune Sidney quitte l’école assez vite et se destine plutôt à une belle carrière de délinquant. Une voie que son père n’approuve pas vraiment et qui le pousse à envoyer son fils – tout sauf prodige – au côté d’un de ses frères à Miami. Un retour à la case départ qui marque pourtant un tournant décisif dans la vie du jeune Sidney. 

Dans The Measure of a Man, son autobiographie, on découvre que c’est aux Etats-Unis que Sidney Poitier va être pour la première fois confronté au racisme. De double nationalité , l’americano-bahaméen a été bercé par une culture africaine. Alors qu’il cherche des petits jobs pour subvenir à ses besoins, il va être, très vite, confronté au racisme systémique qui touche son nouveau pays d’accueil. Il déclare à ce sujet, bien plus tard en interview, “ je vivais dans un pays où je ne pouvais pas avoir de travail, sauf ceux mis à part pour ma couleur ou ma caste”. A 16 ans pourtant, Poitier monte à la capitale, comme on dit dans le Showbiz et s’installe à New-York pour tenter de devenir acteur. 

Sidney Poitier : le sans-le-sou mais déterminé

Nous sommes dans les années 50 et une compagnie fait de plus en plus parler d’elle dans les ruelles d’Harlem. Cette troupe c’est l’American Negro Theatre et elle a été fondée par l’acteur Frederick O’Neal et le dramaturge Abram Hill. Sidney Poitier veut en faire partie, il sera acteur et il le sait. Pourtant Sidney l’ambitieux va se faire royalement recaler lors de son premier passage. Il lui faudra pas moins de six mois pour parfaire sa technique, adoucir son accent trop prononcé et enfin réussir sa seconde audition.

Le jeune acteur est bon, très bon même et va rapidement décrocher son premier rôle dans Lysistrata, une production signée Broadway, pour ne rien gâcher. La suite va venir vite et bien. Dans les années 60, Sidney Poitier va enchaîner les premiers rôles dans des films tout à la fois salués par la critique et par le public. Au total, il jouera dans près de cinquante films et en réalisera pas moins de dix tout au long de sa carrière. Carrière qui atteindra son apogée en 1964 quand Sidney Poitier recevra l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans Le Lys des champs, devenant ainsi le premier acteur noir à recevoir un tel prix. Des Bahamas à Hollywood, voilà qui a du mérite. 

Derrière le grand écran, Poitier a toujours, ou presque, incarné le good guy. Ce personnage courageux et valeureux, sauvant la veuve et l’orphelin et luttant jusqu’à la mort contre les inégalités sociales. Une incarnation de l’homme fort et droit qui véhicule avec elle une certaine idée du héros américain. Et si bien souvent ces héros s’avèrent être bien loin de leur personnage dans la vraie vie, Sidney lui, est aussi bon à la ville qu’à l’écran.

L’homme ne se contente pas de sa gloire et de sa fortune. Il n’oublie pas non plus les Bahamas d’où il vient, les heures de travail acharné de son paternel ou les remarques racistes entendues lors de ses années à Miami. En pleine gloire il devient ainsi une figure de proue du mouvement des droits civiques au Etats-Unis. En 1997, il est nommé ambassadeur des Bahamas au Japon, puis très vite tenant du même titre mais pour le compte de l’Unesco. Non content d’un Oscar, Sidney Poitier sera aussi fait chevalier par la Reine d’Angleterre et décoré de la médaille de la Liberté par le président Obama.

L’acteur devenu icône, donnera sa toute dernière représentation le 6 janvier 2022 dans sa maison de Beverly Hills, à l’âge de 94 ans. Laissant derrière lui la preuve, par les faits, qu’on peut être un vrai héros à la vill comme à l’écran. 


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