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Le serpent le plus précieux au monde fête ses 75 ans

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Selon la mythologie gréco-romaine, le serpent possède des pouvoirs de transformation et de régénération liés à sa capacité à muer. Et quel meilleur exemple que le motif Serpenti inauguré par Bulgari en 1948 qui se réinvente encore aujourd'hui ?

« C’est grâce au parfait équilibre entre son héritage et son évolution créative que cette icône reste réellement intemporelle et toujours en phase avec son temps« , a déclaré Lucia Silvestri, directrice artistique de la joaillerie Bulgari. Le motif Serpenti, introduit de façon évolutive chez Bulgari au fil de son histoire, fête cette année ses 75 ans… dans une toute nouvelle peau.


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La symbolique du serpent

Le serpent soulève autant de fascination que de peurs. Depuis l’aube de l’Antiquité, il est un symbole mythologique profondément enraciné au sein de nombreuses cultures et civilisations, ornant des récits légendaires autant que des bijoux antiques, sa forme sinueuse et élégante se prêtant parfaitement à l’enroulement, comme au temps des pharaons d’Égypte qui arboraient des bracelets serpentins et habillaient leurs coiffes de cobras dressés pour signifier leur statut quasi divin.

Bien des siècles plus tard, au 19e siècle, c’est l’anneau de fiançailles de la reine Victoria, un serpent serti d’émeraudes et de rubis, qui repopularisait les bijoux serpentins, inspirant de nombreuses grandes maisons de joaillerie dans les années 1900, à utiliser ce symbole comme ornement. Parmi elles, Bulgari…

Carlo Maria Mariani, Incantamento.
Carlo Maria Mariani, Incantamento.

Un serpent figuratif

Fondée par l’orfèvre grec Sotirios Voulgaris — dont le nom deviendra plus tard l’italianisé « Bulgari » — à Rome en 1884, la maison Bulgari a puisé dans son héritage gréco-romain son ADN. Depuis l’introduction des serpents chez Bulgari à la fin des années 1940, ceux-là ont pris une multitude de formes, les plus célèbres étant les bracelets, parfois accompagnés de montres.

Cette forme de serpent, premièrement abstraite, a évolué au fil des décennies, prenant progressivement les traits d’un animal dans les années 1960 et au début des années 1970, avant de récemment muer, adoptant une stylisation géométrique plus contemporaines.

Mais c’est dans les années 1940 que l’histoire de Serpenti débute vraiment. Bulgari s’empare d’un tuyau flexible, le « tubogas », communément utilisé pour conduire le gaz sous pression grâce à la souplesse qu’assurent des bandes articulées montées ensemble. La maison emploie cette maille et lui donne la forme du corps d’un serpent qui s’enroule autour du poignet. L’animal n’a pas (encore) de tête.

Bracelet-montre Serpenti en or, émail polychromé et diamant jaune (ca. 1967).
Bracelet-montre Serpenti en or, émail polychromé et diamant jaune (ca. 1967). Serpenti

Les premières montres Bulgari

À la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe n’est guère encline à célébrer l’opulence des bijoux sertis de pierres précieuses. À cette époque, l’attrait se tournait plutôt vers la sobriété du métal poli, et la praticité d’une montre semblait plus adaptée que la pure ornementation.

Le tubogas, assemblé sans soudure, exigeait une grande expertise et une considérable quantité de temps pour être produit — le processus consiste à enrouler de longues bandes d’or autour d’un noyau en acier. Bulgari met au point son premier prototype en 1948 mais il fallut 15 années de recherches et développements aux artisans de la marque pour maitriser ce savoir-faire.

C’est donc au milieu des années 1950, parallèlement aux créations en tubogas, que Bulgari commence à explorer des designs plus naturalistes. La maison revisite en particulier la forme de la tête du serpent, intégrant pour la première fois un mécanisme de montre à l’intérieur de celle-ci, dissimulé, sous un couvercle articulé.

Les mouvements horlogers (calibres mécaniques à remontage manuel) étaient fournis par les grandes maisons de l’époque : Jaeger-LeCoultre, Vacheron Constantin et Piaget. Les cadrans étaient souvent co-signés.

Le tubogas à travers les époques (et les styles).
Le tubogas à travers les époques (et les styles).

Serpenti superstar

Un événement en particulier propulse Bulgari vers de nouveaux sommets. Rome est choisi comme lieu de tournage pour le film Cléopâtre. Elizabeth Taylor, connue pour amour incommensurable des bijoux, est une régulière de la boutique Bulgari et les hommes de sa vie, son mari Eddie Fisher et son amant Richard Burton, la couvrent de bijoux de la marque. Elle est d’ailleurs photographiée étreignant ce dernier portant une montre Serpenti et déclarera au New York Times en 2002 « cela me faisait tant d’effet que je lui sautais dessus et lui faisais quasiment l’amour en Bulgari ».

Fruit du hasard, la Cléopâtre qu’elle campe dans le film de Joseph L. Mankiewicz (1963) se pavane des serpents d’or enroulés autour des bras…

Liz Taylor, bracelet Bulgari au poignet.
Liz Taylor, bracelet Bulgari au poignet.

La figure du serpent poursuit son momentum mode en parallèle. Dans une note de service de 1968 à son équipe, la grande rédactrice en chef de Vogue, Diana Vreeland, écrit : « N’oubliez pas le serpent… il devrait être sur chaque doigt et sur tous les poignets… le serpent est le motif des heures en joaillerie… on ne s’en lasse pas« . Vreeland elle-même portait une ceinture Bulgari Serpenti en émail blanc et rose — parfois autour de sa taille, parfois enroulée autour de son cou.

Des transformations au programme

Les années 1970 sont à leur tour le théâtre de transformations sociales, marquées par un style de vie de plus en plus décontracté. C’est au cours de cette décennie que les modèles en tubogas gagnent à nouveau en popularité — jusqu’à ce que leur production s’arrête vers le milieu des seventies.

À la recherche de nouvelles idées pour faire évoluer ses collections, Bulgari introduit en effet l’association de l’acier et de l’or. Cette innovation, qui ne semble pas bien compliquée à première vue implique pourtant un défi considérable : la température de fusion beaucoup plus élevée de l’acier et sa malléabilité beaucoup plus faible par rapport à l’or.

En 1978, Bulgari ouvre une première manufacture pour produire ses propres mouvements horlogers.

L’actrice Marisa Berenson porte une montre Serpenti (Septembre 1981, Los Angeles, Californie, USA).
L’actrice Marisa Berenson porte une montre Serpenti (Septembre 1981, Los Angeles, Californie, USA). © Christian Simonpietri/Sygma/Corbis

La Serpenti des temps modernes

Bulgari fêtait son 125e anniversaire en 2009 en réinventant sa fameuse Serpenti dans une mouture plus géométrique. La tête du serpent adopte une silhouette triangulaire, dotée de cadrans en nacre ou en onyx noir, et d’index sertis. Les écailles du bracelet quant à elles prennent une forme carrée avec un profil plus épais.

L’année suivante, c’est le tubogas qui revient sur le devant de la scène. Reprenant le principe du bracelet imbriqué à un boîtier, les deux éléments fusionnent sans preuve de couture, le premier se rétrécissant progressivement pour intégrer le second. Paolo Bulgari fait don d’une version double tour en or rose de cette pièce à Elizabeth Taylor, faisant d’elle la propriétaire d’une quatrième montre Serpenti.

La montre Serpenti dans sa mouture contemporaine.
La montre Serpenti dans sa mouture contemporaine. Serpenti

En 2016, Bulgari dévoile la collection Serpenti Incantati une toute nouvelle approche de son animal totem. Contrairement aux modèles précédents qui s’enroulaient autour du poignet, le corps du serpent parcourt la circonférence du boîtier à plat et se termine par la tête émergeant de la queue. La collection Haute Joaillerie de la même année présente deux interprétations du motif Serpenti : une série de pendentifs uniques mettant en avant la tête du serpent avec des lignes courbes et d’énormes cabochons, et des boucles d’oreilles et des bracelets se concentrant sur les écailles, les stylisant en formes géométriques épurées rappelant les années 1930.

La montre se présente aussi sans sa queue de serpent…
La montre se présente aussi sans sa queue de serpent… BULGARI

75 ans et pas une ride !

Le serpent mue et ne vieillit pas : pour ses 75 ans, l’univers de Serpenti se réinvente à nouveau. Si la maison présente cette année la variation Mediterranea, elle introduit aussi sa Serpenti Factory.

De la peinture à la photographie, de la mode au design, le serpent a toujours joué un rôle central dans l’expression artistique. Il a inspiré d’innombrables artistes, animant les œuvres de créateurs tels que Miró, Paul Klee, Alexander Calder, Keith Haring, Robert Mapplethorpe et Helmut Newton.

Le serpenti se dessine aujourd’hui sur les sacs de la marque.
Le serpenti se dessine aujourd’hui sur les sacs de la marque. BULGARI

Restant fidèle à cet héritage, Bulgari a lancé son nouveau projet artistique dédié au serpent autour d’une série de collaborations spéciales avec des artistes contemporains internationaux comme Refik Anadol, Davide quayola, Daniel Rozin, Sougwen Chung et Cate M. Tout au long de l’année, les Serpenti Factories du monde entier présenteront leurs créations, de la Chine aux États-Unis en passant par l’Europe. Chaque étape de ce voyage présentera une nouvelle mue de Serpenti et hissera le magnétisme exercés par ce symbole au rang d’art.


Site internet de Bulgari.


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