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Nouvelle venue sur le marché des spiritueux haut de gamme, Saudade est une tequila blanco premium élaborée à partir d’un assemblage de deux terroirs réputés du Mexique... mais élaborée en France !
Dans un marché où les tequilas premium connaissent un véritable essor, la nouvelle tequila Saudade se distingue par un choix audacieux : celui de ne produire que de la tequila blanche, souvent moins valorisée que ses versions vieillies. Fondée par cinq associés français, la marque mise sur la qualité de ses agaves et sur un assemblage rare des deux principaux terroirs de Jalisco – la Valle et Los Altos – pour créer un profil aromatique équilibré, à la fois doux, frais et épicé. Pensée comme une tequila haut de gamme, Saudade revendique une identité contemporaine et libre, tournée vers un public en quête d’authenticité et de caractère.
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Présentation croisée de Billie Thomassin et Alexandre Malouf, cofondateurs de Saudade
Billie Thomassin : Je suis Billie Thomassin, directrice artistique de la marque. À l’origine, je suis photographe et réalisatrice, indépendante, avec des collaborations régulières pour la presse et la mode. J’ai aussi un travail plus personnel que j’expose en galerie, ou sous forme de films artistiques. Chez Saudade, je supervise l’ensemble de l’univers visuel et graphique.
Alexandre Malouf : Je suis le directeur général de Saudade, que j’ai cofondée avec Billie et trois autres partenaires. Je viens du monde de la tech, où je travaille encore, mais j’ai aussi une expérience dans le luxe. J’ai eu envie de créer cette marque par amour pour la tequila blanche. J’ai grandi aux États-Unis, puis j’ai vécu en France, avant de retourner outre-Atlantique pendant une douzaine d’années. En revenant ici récemment, j’ai constaté à quel point l’image de la tequila en France était encore très datée : un alcool fort, peu qualitatif, à l’opposé de ce qu’on trouve chez certains producteurs américains ou mexicains, aussi bien artisanaux que plus établis. En France, malgré l’émergence de nouvelles marques, le marché reste dominé par des géants du secteur, souvent peu transparents et très chers pour une qualité discutable. Il y avait donc, selon moi, une vraie place pour proposer une tequila blanche de grande qualité, qui s’adresse à un public européen.

Sur l’origine de la recette et l’approche du goût
Alexandre Malouf : La tequila est une appellation d’origine contrôlée, comme le champagne. Elle doit être produite à partir d’agaves bleus cultivés dans une région bien précise du Mexique. Or, selon l’altitude des terrains, les arômes changent sensiblement.
On distingue principalement deux zones : la vallée, en basse altitude, sur un sol volcanique, qui produit des tequilas plus poivrées ; et les hauts plateaux, Los Altos, qui donnent des tequilas plus douces, plus rondes. Mais à chaque dégustation, j’avais le sentiment qu’il manquait quelque chose : les unes étaient trop vives, les autres trop sucrées. Avec notre partenaire Alejandro, basé au Mexique, qui supervise la culture de nos agaves et la production (y compris des bouteilles, fabriquées de façon artisanale), on a donc décidé d’assembler les deux types d’agaves pour trouver un équilibre.
Le résultat : une tequila ronde à l’attaque, presque florale – certains y retrouvent des notes de camomille – puis une belle longueur en bouche, plus épicée, avec une pointe de poivre, voire de piment doux. On l’a voulue versatile : à boire seule ou en cocktail.
On boit la tequila pure, mixée ou des deux façons ?
Alexandre Malouf : Personnellement, je préfère la tequila nature. Je n’aime pas trop les cocktails sucrés. Mais on a conçu Saudade pour convenir aux deux usages. Elle fonctionne très bien en margarita, par exemple. La tequila blanche est idéale pour ça, justement parce qu’elle a une signature nette mais adaptable.
Le marché de la tequila est en pleine mutation
Alexandre Malouf : Le marché européen de la tequila est encore en construction, ce qui nous laisse une vraie opportunité. Aux États-Unis, c’est déjà très mûr – ce sont d’ailleurs les grandes marques qui font malgré elles un travail d’éducation des consommateurs en Europe. Mais aujourd’hui, les consommateurs, surtout les plus jeunes, sont très attentifs à ce qu’ils achètent. Ils se méfient des grands groupes, recherchent des produits plus artisanaux, plus transparents. Et ils ont raison. Ce que peu de gens savent, c’est que l’organisme qui encadre la production de tequila permet l’ajout d’additifs à hauteur de 10 %, tout en gardant la mention « 100 % agave ». Résultat : beaucoup de marques industrielles ajoutent des arômes (vanille, sucre…) qui modifient fortement le goût. Et les effets se sentent, notamment le lendemain.
Chez Saudade, on a fait un autre choix : zéro additif. Pour arriver à notre profil gustatif, on a joué sur la maturité des agaves (généralement récoltés autour de 7 ans), sur la qualité de l’eau, son acidité, et sur le timing de la récolte. C’est un équilibre fin.

Quelles sont vos ambitions commerciales ?
Alexandre Malouf : Nous avons démarré avec un petit volume. Pour la première production, nous sortons 10 000 bouteilles, réparties en deux lots de 5 000. L’idée, c’est de s’adapter rapidement à la demande grâce à une relation de proximité avec notre distillerie partenaire. La marque est toute jeune : le projet a démarré il y a un an et demi, et nous lançons officiellement la tequila en Europe dans les prochaines semaines.
Nous avons déjà un accord de distribution sur la majorité des pays européens via notre site. En France, on a un distributeur dédié dans le Sud, notamment à Monaco, où Saudade est déjà présente dans plusieurs restaurants, bars, et au Yacht Club.
À Paris, on cherche une distribution plus sélective. On discute avec des maisons comme La Maison du Whisky ou Nicolas, mais rien n’est encore signé.
Une esthétique pensée dans les moindres détails
Billie Thomassin : Oui, la bouteille a été dessinée par mes soins. La version initiale était plus complexe, en verre bicolore façon Murano, mais difficile à produire pour une première série. On espère y revenir sur des éditions limitées. La bouteille actuelle est faite à la main à Guadalajara, en verre 100 % recyclé. Le bouchon rouge, qui fait office de petit bijou, symbolise le soleil couchant sur l’eau – une idée que l’on retrouvera dans toute l’imagerie de Saudade, qui mêle sensualité, chaleur, et mélancolie.
Et la suite ?
Alexandre Malouf : On prépare plusieurs activations cet été, de Monaco à Marseille. L’idée est de faire découvrir la marque en petit comité, via des événements ciblés. Un lancement officiel est prévu à Paris à la mi-septembre. Nous avons aussi envie d’explorer des éditions limitées, des bouteilles spéciales, des collaborations artistiques… Saudade n’est pas juste une tequila : c’est un univers. Et cet univers va s’élargir. Quant aux déclinaisons du produit, l’équipe est partagée. Certains veulent aller vers des tequilas vieillies ; d’autres, comme moi, préfèrent continuer à travailler sur des assemblages de tequilas blanches, plus rares, plus subtiles. On verra. Mais pour l’instant, on veut d’abord bien poser cette première pierre.
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