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The Good Life a rencontré Alberto Vollmer, CEO de la maison vénézuélienne Santa Teresa. Leur 1796 a été désigné le meilleur rhum du monde à de nombreuses reprises.
C’est un classique pour qui aime le rhum de dégustation. Le Santa Teresa 1796, fabriqué de la canne à sucre à la mise en bouteille dans la distillerie de la maison au Venezuela, est conçu en suivant la méthode Solera, ou réserve perpétuelle. Une manière de vieillir le vin, surtout en Espagne, sans jamais vider complètement les fûts et en les empilant au fil des années.
En l’important dans son pays et en l’adaptant au rhum, le père d’Alberto Vollmer a révolutionné la distillation vénézuélienne. Et il a créé, pour célébrer le bicentenaire de la distillerie, un rhum brun équilibré, où la feuille de tabac voisine avec la vanille. Un jus qui, depuis 1996, amasse les récompenses prestigieuses, notamment plusieurs médailles d’or dans la catégorie : meilleur rhum du monde. Pas mal !
Rugby et réinsertion
Alberto Vollmer représente la cinquième génération à prendre les rênes de la distillerie familiale, après avoir étudié le commerce dans son pays, mais aussi aux Etats-Unis. CEO depuis 2003, il a profité de sa prise de pouvoir pour donner un sens aux activités de la maison. Il ainsi créé le Proyecto Alcatraz, pour la réinsertion, par le travail à la distillerie, d’anciens membres de gangs.
Anciens rivaux dans les rues de Revenga, ils font désormais équipe. Que ce soit au sein de l’Hacienda, le nom de la distillerie, ou sur un terrain de rugby. Passionné par le ballon ovale, Vollmer a en effet monté une équipe pour représenter Santa Teresa dans le championnat local.
Alors que la tendance des rhums de dégustation – ceux que l’on boit dans des cocktails légers, voire juste on the rocks – on ne pouvait pas passer à côté de l’occasion d’interviewer l’un des hommes aux manettes de l’une des maisons pionnières en Amérique latine.
5 questions à Alberto Vollmer, CEO de Santa Teresa :
The Good Life : Pourquoi l’intérêt des consommateurs pour le rhum premium est-il de plus en plus fort ?
Alberto Vollmer : On se rend compte, depuis quelques années, que les consommateurs boivent moins, mais mieux. Aussi, on profite d’une offre en rhums « super premium » assez peu étoffée, en se positionnant sur ce marché en pleine expansion.
The Good Life : Et qu’est-ce qui distingue le rhum vénézuélien de ses concurrents ?
Alberto Vollmer : Les conditions climatiques rendent le vieillissement plus intense. Cela produit des arômes qu’on ne trouve qu’ici, et qui le rend unique sur le marché du rhum. D’autant plus que, chez Santa Teresa, nous produisons nous-mêmes notre canne à sucre, sur le terrain de l’Hacienda. Nous n’importons rien de l’extérieur, il est donc vraiment local. Aussi, la loi vénézuélienne impose un minimum de deux ans en fût de chêne pour entrer dans la catégorie des rhums, c’est plus que le minimum pour le rhum ambré qui est déjà un produit premium.
TGL : Pourquoi avoir décidé de créer le Santa Teresa 1796 ?
A.V. : Il s’agissait, à l’origine, de fêter le bicentenaire de l’Hacienda, fondée en 1796. Mais aussi de se faire une place sur le marché des spiritueux haut de gamme, où le whisky règne en maître. Nous voulions développer un rhum qui pouvait être compétitif avec le whisky, aussi bien au Venezuela, que dans le reste du monde. Pour cela, mon père a demandé, à ses master distillers, dix avant la date anniversaire, de développer le meilleur rhum artisanal du monde. Et nous avons ainsi fait partie des pionniers de l’utilisation de la méthode Solera : un mélange de rhums légers, rhums lourds et pot still, dont certains ont passé 35 ans en fût.
TGL : Justement, quel est le plus grand défi lorsque l’on crée un rhum Solera ?
A.V. : Il a fallu réinventer une méthode pour faire du rhum ! Et former nos master distillers à reconnaître le moment idéal où le jus est à maturité. Il y a une règle : ne jamais vider le Solera complètement. Ainsi, il est meilleur d’année en année. C’est contraignant, mais cela nous permet d’offrir un rhum complexe et parfaitement équilibré.
TGL : Et quelle est votre conseil pour déguster le 1796 ?
A.V. : Personnellement, j’aime beaucoup le cocktail Ruck, avec de l’eau gazeuse et un zeste d’orange. Mais comme il s’agit d’un rhum très vieux, il peut être bu sec ou sur glace, pour apprécier les notes de tabac, de vanille, de chocolat noir et de poivre noir…
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