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Depuis plus d’un siècle, sa Concha attire la fine fleur espagnole et, désormais, le gratin du cinéma comme les foodies du monde entier. Lieu unique et préservé, San Sebastián a su prendre chaque virage avec finesse.
A première vue, San Sebastián est une ville bourgeoise, conservatrice, dans laquelle déambulent, hors saison, d’élégants couples de retraités et où se pressent, en été, des hordes de touristes. Mais derrière cette image, certes avérée, il y a une ville qui veut se rajeunir en misant sur la recherche et sur l’innovation. « Notre ville est une vraie ville, composée de citoyens qui vivent ici toute l’année. Nous ne sommes pas une ville touristique, comme Benidorm », affirme Eneko Goia Laso, maire de San Sebastián depuis 2015. C’est la jonction entre le riche passé industriel de la région et l’arrivée, au début du XXe siècle, d’une aristocratie en quête de villégiature qui a fait de cette ville un lieu unique en Espagne. Un lieu préservé, qui n’a pas eu à se réinventer comme Bilbao et qui a plutôt bien résisté aux crises économiques. Le sentiment nationaliste basque y est pour tous une évidence, une conviction qui n’a cependant rien à voir avec le terrorisme. Depuis 1979, le Pays basque est l’une des 17 communautés autonomes d’Espagne, mais elle jouit, comme la Catalogne, d’une autonomie plus importante, notamment en matière de fiscalité.
San Sebastián, la force est sa prospérité
La ville pavante le PIB par habitant le plus élevé d’Espagne et le taux de chômage le plus bas. « La plupart des gens pensent que l’autonomie est positive, poursuit le maire, membre du parti nationaliste basque EAJ-PNV. En veulent-ils plus ? Je pense qu’ils s’interrogent sur les conséquences négatives d’une plus grande indépendance. Pour moi, elle n’est pas suffisante. D’abord, dans des domaines comme le transport ferroviaire, les installations portuaires et aéroportuaires et les retraites. Ensuite, le gouvernement central tente sans cesse de passer des lois pour récupérer certaines de nos compétences. Le combat est continu. » Le maire reconnaît qu’il représente des citoyens plutôt heureux et amoureux de leur ville. Seuls bémols : ils sont de plus en plus âgés – le plus grand groupe est compris entre 41 et 60 ans – et se loger au cœur de la ville est devenu impossible pour les moins nantis. Avec Barcelone et Madrid, San Sebastián fait en effet partie du top 3 des villes d’Espagne dont le prix de l’immobilier est le plus élevé. Attirer de jeunes professionnels est devenu une priorité, et la mission de Fomento de San Sebastián. Cet organisme municipal en charge du développement économique de la ville par la recherche et le développement s’implique au niveau de la formation, de l’accueil de chercheurs, aide les entreprises innovantes à s’installer sur le territoire et les met en lien avec les industriels. Il assure aussi la promotion de centres de recherches performants dans les domaines de la santé, de l’énergie, de l’environnement, du biomédical ou de la nanotechnologie. Ils sont pour la plupart installés dans le parc technologique de Miramón.
Et puis il y a le surf, qui fait partie de l’ADN de la ville, avec des entreprises qui lui sont liées, comme Wave Garden (inventeur d’un système de vagues artificielles) et qui se sont regroupées au sein du cluster Surf City Donostia. Ville de surf, ville intelligente, ville innovante, mais aussi ville culturelle (nommée capitale européenne de la culture en 2016), notamment grâce à son festival de films fondé en 1953.
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Malgré son décor de carte postale, San Sebastián est bien plus qu’une ville pour touristes. Elle cherche même à en limiter le nombre, en incitant à visiter les environs, en restreignant les locations temporaires d’appartements dans certains quartiers, en n’autorisant plus l’ouverture de nouveaux restaurants et bars dans la vieille ville. Certes, le tourisme est encore en pleine expansion (une quinzaine de projets d’hôtels sont en cours), mais avec une moyenne de 3 visiteurs pour 1 habitant, on est loin du ratio de Barcelone qui est de 13 pour 1. Et malgré les plaintes de certains, il n’y a pas encore de quoi altérer l’excellente qualité de vie de ses habitants.
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