The Good Business
Une fois n’est pas coutume, le Salon de la Photo 2016 met à l’honneur cuves et pellicules. Cette année, les organisateurs redonnent à l’argentique ses lettres de noblesse via un espace dédié et un partenariat exceptionnel avec “Dans ta cuve”, site web de référence pour les amateurs de photographie rétro. Focus sur le retour en force de la photo argentique.
Le Salon de la Photo a ouvert ses portes le 10 novembre à la Porte de Versailles. La « nouveauté » de cette année ? Le grand retour de l’argentique, comme le confirme Simon Edwards, directeur artistique du Salon. « Il y a un regain d’intérêt pour ce procédé car l’image naît directement du contact entre l’appareil et le monde extérieur. L’an dernier, de nombreux visiteurs regrettaient le manque d’information sur le sujet ». Pour répondre à leurs attentes, les organisateurs ont mis en place un espace dédié ainsi qu’une grande exposition de Jean Marquis, où ses tirages des années 60 partageront l’affiche avec ceux, plus récents, d’autres artistes, comme Raymond Depardon.
Pour l’occasion, le Salon de la Photo a donné carte blanche à l’association Dans ta cuve. Dans leur espace dédié, en plein cœur du pavillon 5, ils organisent des conférences et des ateliers autour de l’argentique. L’occasion aussi de « promouvoir un savoir-faire, plus artistique que technique, et de donner la possibilité aux visiteurs de repartir avec des idées » rapporte Rémy Lapleige, l’un des fondateurs.
La photographie argentique, une expérience immersive
Stéphane Cormier, spécialiste de la question venu en expert partager sa passion, voit en l’argentique une approche plus réfléchie et plus authentique de la photographie : “le rendu est différent du numérique, il y a du grain, des contrastes plus marqués, la photo a une âme.” Il ajoute que l’argentique et ses spécificités – notamment le nombre de poses limitées et le tirage en chambre noire – convient mieux aux démarches artistiques qu’aux professionnels de la presse ou de la mode.
Le business de la nostalgie au cœur de la renaissance de l’argentique
Durement touchée par la démocratisation de la photographie numérique au début des années 2000, l’argentique serait-il en passe de reprendre des couleurs ? A en juger par l’évolution de la vente de pellicules, en hausse constante depuis 2010, il semblerait que oui !
Selon Alexis Alka, fondateur du site La Photo Argentique, « les utilisateurs redécouvrent 10 ans après le côté artisanal de la photographie et la fierté de réussir sa prise de vue ou ses réglages par soi-même ». Une renaissance inattendue qui s’expliquerait également par le besoin pour certains professionnels de se différencier, à l’heure du tout numérique. « C’est une expérience plus immersive et intense, poussant les moins de 35 ans – premiers consommateurs d’argentique – à s’y lancer pour faire leurs preuves » conclut Alexis Alka.
Simple effet de mode ou (ré)installation sur la durée ? L’avenir nous le dira.