The Good Business
Célèbre pour son port, Rotterdam est une ville trépidante dont l’architecture bouge dans tous les sens. Véritable exemple à suivre, surtout en matière d'exploitation de lieux une fois abandonnés. Entre prisons, rooftops et parcs de recyclage, The Good Life y était et peut le garantir.
L’effervescence artistique, architecturale et urbanistique est le carburant de Rotterdam en 2017. Deuxième ville aux Pays-Bas, elle est renommée pour ses taxi-boat jaunes qui naviguent à toute vitesse sur La Meuse, ses ponts et son port, le plus grand d’Europe. Quant à ses habitants multiculturels – on en compte un million deux-cent mille dans son agglomération –, ils ont l’habitude d’imaginer des services inédits pour améliorer leur vie citadine. Cette expertise s’est affinée avec le temps jusqu’à en faire croître exponentiellement la réputation. Entre œuvres architecturales qui en redessinent les espaces urbains, festivals sur les toits, parcs flottants et quelques immanquables bonnes adresses, Rotterdam se renouvelle sans cesse. Le tout à un rythme particulièrement convivial et conscient.
Rotterdam, toujours plus haut
Depuis les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, qui l’avaient complètement rasée au sol, nombreux sont les « archi-stars » qui ont laissé leur trace en ville : Renzo Piano, Norman Foster ainsi que les agences locales OMA et MVRDV ; tous travaillant d’un commun accord avec la municipalité et les institutions culturelles. Parmi les projets les plus attendus, le Art Depot offre aux citoyens un sensationnel dépôt de plus de 75 000 objets d’art au milieu du museumpark, le musée Boijmans Van Beuningen a fait appel à la créativité de Winy Maas de l’agence MVRDV (voir notre interview).
À Rotterdam, la verticalisation est devenue une solution presque naturelle au besoin d’espace de ses habitants. Le visionnaire Winy Maas y avait déjà pensé au début des années 2000, en rajoutant 120 m2 à la terrasse sur le toit d’une maison historique convertie en atelier de perruques appartenant à un couple d’amis. Avec l’arrivée de leurs enfants, ils avaient besoin de plus de place ; et l’architecte a fait d’une extension vers le haut, géométrique et colorée, une réponse inattendue et originale.
Les rooftops, pas qu’une question de fête
Mais Winy Maas n’est pas le seul à avoir eu cette réflexion. C’est en traînant sur les toits de Rotterdam que Léon van der Geest et Joep Klabbers se sont rendu compte du potentiel inexploité que leur ville offrait en plein centre, une superficie équivalente à 150 champs de football. Avec les « Rotterdam Rooftop Days » les deux amis ont fait de leur passion un business authentique. Ainsi, du 9 au 11 juin plus de 10 000 visiteurs ont pu (re)découvrir la ville d’une façon inédite, entre dîners, cafés, expositions, concerts et vidéos projections éparpillés en haut de 50 rooftops.
« Personne n’y croyait ! Peu à peu, nous avons rencontré les gérants et les propriétaires de chacun de ces rooftops. On voulait leur expliquer comment ils pouvaient conférer de la valeur ajoutée à leur immeuble en ouvrant par exemple un restaurant ou un café à son sommet », ils confiaient à The Good Life sur le toit du grand magasin De Bijenkorf à l’occasion de la troisième édition de ce festival atypique et non lucratif. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, faire la fête sur un joli rooftop n’est pas le but. « L’idée est plutôt de rendre le centre-ville plus sain, en transformant cet immense espace inutilisé en parcs verts, des lieux de rencontre et de partage d’expériences. Cela nous paraissait logique » affirmaient les deux organisateurs satisfaits.
Le luxe des prisons
À Rotterdam, l’ambition de se reconstruire et d’optimiser les espaces ne s’arrête pas aux organisations non lucratives. Dans la sphère de l’immobilier toute occasion est également à saisir pour des projets inattendus. Pour le groupe Tuin Van Noord ce fût la fermeture des prisons de Noordsingel en 2012. Édifié en 1892 au nord de la ville, ce pénitentiaire est un véritable patrimoine architectural d’art déco. Disposition en étoile, escaliers laqués en rouge, les loges jaunes, les portes bleu cobalt des cellules faisaient de cette construction un endroit irréprochable pour y organiser des soirées à thème inspirées de la série télé Prison Break jusqu’à ce que ces immobiliers ne prennent la relève. Les cellules ainsi que les jardins et les espaces une fois destinés à la récréation se verront tous reconvertis en luxueux complexe résidentiel de design. En attendant la réalisation du projet, prévue pour 2019, quelques maisons, en vente à partir de 270 000 euros, se sont déjà vendues. Incroyable.
Un parc qui flotte
Niveau recyclage, la pollution aquatique est une question importante dans celle qui est la première ville portuaire d’Europe. Le coup de génie du « Recylced Park » revient cette fois à Ramon Knoester, à la tête du cabinet d’architecture Whim. Sa mission : dépolluer la Nouvelle Meuse des déchets en plastique, avant qu’elle se jette dans la mer du Nord. Avec son équipe, il trie les différents types de plastique pour en faire des plateformes modulables qui accueilleront des nouveaux écosystèmes et constitueront un parc flottant sur l’eau. On attend avec impatience la première réalisation avant la fin de l’année. Une initiative qui fait éco à Amsterdam, Anvers et dans le monde entier… on entend déjà parler de l’installation d’un parc recyclé à Ambon, en Indonésie… Bien joué Rotterdam !
Pratique
- En train depuis Paris avec le Thalys.
Environ 2 h 30. A/R à partir de 70 €. - En avion vers l’aéroport d’Amsterdam‑Schipol, à une vingtaine
de minutes en train de Rotterdam. - Se déplacer : en louant un vélo, avec un service de bus et de taxis flottants, ou en empruntant un réseau dense et facile de tramways et de métros. Plus d’informations sur
- holland.com
- rotterdam.info
- app Rotterdam Tourist