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Tous les chemins mènent à Rome. Alors n’hésitez pas à emprunter n’importe lequel d’entre eux, comme un avant-goût de la Rome mythique, mafieuse, romantique, sibylline et addictive surtout.
Entre histoire et littérature, cette sélection de romans dévoilent un aspect singulier de Rome et de ses mystères. Dolores Prato, Alberto Moravia et d’autres écrivains célèbrent la Ville éternelle avec une profonde tendresse, tout en interrogeant ses mutations. Les huit ouvrages transportent dans des intrigues palpitantes, des portraits intimes et des chroniques sociales. Découverte.
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Quels romans pour s’imprégner de Rome ?
1 – Panégyrique
Recueil d’articles parus entre 1950 et 1980, cet élégant florilège raconte les émois, les questions et les doutes de Dolores Prato en parcourant sa Ville éternelle adorée. Travelling le long du Tibre, contre-plongée vers le Trastevere ou focus dans les entrelacs de vestiges, le style se fait cinématographique. Entre histoires, anecdotes et portraits choisis, la nostalgie perce.
Face aux rénovations urbaines, devant la normalisation inepte, les interrogations sont nombreuses. Les fameuses sept collines sont toujours là. Mais où sont donc les odeurs, les cris et les célébrations païennes ? La cité serait-elle devenue un musée à ciel ouvert ?
Dans ses textes courts, enlevés et fort bien documentés, l’autrice suggère avec la même malice la majesté d’un monument et la culture populaire qui surgit au coin de la rue. Entre évocation d’un glorieux passé et instant présent, la poétesse née à Rome en 1892 révèle à demi-mot les secrets, les interdits et les mystères. Une formidable ode à venir les découvrir par soi-même.

2 – Mafia blues
Début des années 1970, une bande de malfrats écume Rome. Ils ont pour surnoms le Dandy, le Froid ou le Libanais. Trafics en tout genre, règlements de compte ou prostitution, pas la peine de se pincer pour y croire. Car dans ce roman au souffle épique, la fiction puise directement dans la réalité, celle de la bande de la Magliana.
Ascension, partage de territoires, trahisons, histoires d’amour, c’est un polar addictif qui sent le soufre et fonce à cent à l’heure… On s’aime. On se déteste. On se venge. Et puis, ça défouraille dans tous les sens au volant de sacrées bagnoles et dans les boîtes de nuit. La force de Giancarlo De Cataldo est de presque faire aimer ses personnages. Leurs travers monstrueux. Leur pulsion de vie. Leur envie de pouvoir.
Aucun jugement moral, lecteurs et magistrats se feront leur opinion. C’est aussi la chronique d’une époque violente. Un moment où la frontière entre le bien et le mal se dessinait à grands coups de revolvers, où la politique frayait avec le grand banditisme sous le regard complice de loges maçonniques et de policiers corrompus.

3 – Dédale romain
Pas moins de 36 nouvelles pour ce petit bijou d’imagination et d’humanité. Dans ces textes courts, fantastiques ou hyperréalistes, il n’y a pas de héros. Juste des Romains… Avec leurs habitudes, leurs péchés, leurs angoisses. Alberto Moravia célèbre sa ville, son peuple, avec humour et tendresse. Son recueil se traverse comme la cité.
Le beau succède au moche, le pittoresque au conventionnel, d’une ruelle obscure surgit la lumière. Stop sur un mari trompé, croisement avec un commerçant débrouillard et enfin, tout droit sur un ancien assassin. Aucune prétention sociologique dans ce dédale de portraits, d’intimités et de vies quotidiennes. Simplement de l’amour, de l’amitié et des histoires de famille.

4 – Polar à tiroirs
Un dessin inédit de Michel-Ange est mis en vente. D’où sort-il ? Aurait-il été dérobé au sein du Vatican ? Et si oui, avec quelle complicité ? Un expert parisien mène l’enquête à Rome. Il y retrouve son fi ls Claude et ses amis, les bien nommés Tibère et Néron, un trio d’étudiants fêtards. Sauf que la ciguë va bientôt s’en mêler.
Dans son style habituel, dialogues impeccables et humour cynique, Fred Vargas manie avec brio l’absurdité et la précision. Ses personnages semblent s’être égarés au XXI e siècle, doubles improbables d’empereurs romains. Dans ce polar à tiroirs à ouvrir avec délectation, tout est calculé pour se perdre. Et se retrouver dans un fi nal où la découverte du coupable importe peu. À lire avant, par exemple, de visiter l’extraordinaire bibliothèque vaticane.

5 – Culte
Il faut quelquefois attendre la disparition d’un auteur pour plonger tête la première dans son œuvre. Décédé en novembre dernier, Calligarich a laissé à la postérité quelques scénarios mineurs, des romans salués par une poignée de critiques avertis et un roman culte : Le Dernier Été en ville.
Fin des années 1960, Leo Gazzara fête ses 30 ans. Pas vraiment écrivain, à peine journaliste, ce jeune Milanais balade dans Rome sa mélancolie d’éternel adolescent. Au gré de soirées mondaines et d’escapades à la mer, il rencontre une femme à la beauté irradiante. L’amour est là. Mais si difficile à vivre. À dire. À assumer. On imagine un double de l’auteur, un antihéros total. L’ultimo dei Mohicani.
Quête vide de sens, histoire d’amour tragique, incompréhension face aux transformations sociétales, l’écriture solaire donne à cette errance romaine des allures de dolce vita littéraire. Folie, mort et abîme, certes. Mais toujours avec ironie, beauté et contemplation. Le portrait fulgurant et crépusculaire de la génération sfigata.

6 – Zootopie
Construit en 1911, le zoo romain s’appelle désormais Bioparco di Roma. Mais que d’aventures architecturales, historiques et scientifiques pour arriver à cet écrin de verdure ! Dans un style ironique et dépouillé, Pascal Janovjak raconte la construction, la gloire, la chute et la transformation de ce qui devait être la fierté du royaume italien.
Puis, aux anecdotes loufoques et à la description des augustes pensionnaires – éléphant tueur, ours réalisant le salut fasciste, Khulan mongol –, succède une histoire d’amour bien contemporaine et tout aussi improbable. Giovanna, directrice de la communication du zoo, rencontre Chahine, architecte algérien.
Un va-et-vient malin entre grande et petite histoire rythme ce roman que l’on croyait sans prétention. Car le fameux tamadin, animal mystérieux sorti de l’imagination fertile de l’écrivain, n’est pas qu’une question zoologique, mais de femme, d’homme et de poésie.

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