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The Good Culture
Pas besoin de savoir coder pour s’aventurer dans un ouvrage rempli de références pop et d’univers fantastiques. Du plus classique au plus contemporain, en passant par la science et les pontes de la science-fiction, on vous embarque dans l’Odyssée des pages.
Qui aime la science-fiction, la culture pop, les jeux (en tout genre), la technologie et l’innovation, adorera le roman dit « geek ». Vous pouvez d’ailleurs n’aimez qu’un pan de cette longue liste hétéroclite et tout de même être susceptible de vous passionner pour le genre. Qu’ils s’agissent de récits au cœur d’univers imaginaires ou, à l’inverse, au plus près de l’impact sur nos sociétés des récentes technologies, vous ne rencontrerez ni iPhone, ni vidéos YouTube le long de ce périple… Plongez plutôt au cœur de romans qui ont bâti le genre – citons George Orwell ou Philippe K. Dick -, d’essais à propos du gaming ou de la science (oui, on parlera trous noirs), d’histoires sur les pionniers du Web ou de guerre entre Nintendo et Sega. Choose your fighter.
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10 romans pour amateurs de littérature geek
« 1984 », de George Orwell
Commençons par le commencement, BIG BROTHER VOUS REGARDE. Si « 1984 » n’est pas un roman pour geek, il a complètement façonné la culture du genre, notamment par ses thèmes liés à la surveillance, à la manipulation de l’information et à la technologie. Mais reprenons le pitch : « Winston aspire à la liberté et à la vérité dans un monde où la pensée personnelle et indépendant est réprimée. Dans cette société totalitaire où l’État est représenté par le Parti, Winston travaille au ministère de la Vérité qui, on s’en doutait, n’abreuve ses concitoyens que de mensonges ». Lisez ce roman de 1949 et vous aurez la clef d’à peu près tous les films dystopiques diffusés ces trente dernières années. La vie privée, la désinformation et la surveillance numérique sont au cœur de cet ouvrage culte, aussi visionnaire que défaitiste.
« 1984 », de George Orwell, aux éditions Gallimard
« Ready Player One », d’Ernest Cline
Si le film (de Steven Spielberg, sorti en 2018) a été un énorme carton, sachez, évidemment, qu’il est basé sur un roman déjà culte et pourtant paru en 2011 : l’histoire de Wade, un orphelin geek, passionné de culture pop, qui, comme des millions d’utilisateurs, fuit un quotidien morose et une société en déclin dans l’OASIS. Un paradis virtuel immersif où il est évidemment possible d’être qui bon nous semble. Lorsque James Halliday, le créateur de l’OASIS, décède, il laisse derrière lui un défi : trouver un « Easter egg » caché au sein de ce monde numérique. Le gagnant héritera de sa fortune et du contrôle de l’OASIS. Voilà pour le topo. Le livre est surtout un must-read pour sa capacité à rassembler des œuvres emblématiques des années 80 grâce à des références omniprésentes. Une nostalgie qui n’empêche pas de se demander quelles relations sont possible dans un avenir technologique ?
« Ready Player One », d’Ernest Cline, édité par Ballantine Books
« Ce qu’il reste de nos rêves » de Flore Vasseur
Voici un livre qui vous prend aux tripes et ne vous lâche pas, tenu par une autrice engagée dont les convictions tracent un sillon clair au fil des pages. Flore Vasseur raconte l’histoire du génie du Web, Aaron Swartz. « Cette figure quasi-christique qui a voulu changer la démocratie » écrit-elle. Ou encore : « un demi-dieu pour les activistes de la liberté d’expression et de l’accès à la connaissance, l’homme à broyer pour les autorités américaines ». Depuis ses 8 ans, Aaron rêve d’open source, de partage du savoir, d’utiliser cette nouvelle technologie pour sauver le monde, rien que ça. Flore Vasseur se met au niveau de l’intelligence de son héros avec une plume lucide et acerbe qui donne à penser. Un road trip en compagnie des pionniers d’Internet, des pirates et des sauveurs, une histoire vraie… Bref, une formidable épopée politique qui raconte les balbutiements d’un Internet libre à travers l’histoire d’un surdoué, rapidement corseté par les gouvernements. Un roman pour geek à lire, à relire, et sur lequel méditer !
« Ce qu’il reste de nos rêves » de Flore Vasseur, aux éditions Équateurs
« Une brève histoire du temps », de Stephen Hawking
Rien que ça. Ceux qui s’y sont frottés savent que l’ouvrage de 200 (à 250 pages selon les éditions) peut freiner même les plus téméraires. Le résumer est même périlleux et il serait dommage de vous passer l’envie de le découvrir. Pour cause, « une brève histoire du temps », dont le titre du film biographique sur l’auteur a transformé « brève » en « merveilleuse », est un classique de la vulgarisation scientifique. Il prouve qu’on peut théoriser la nature du temps, les trous noirs ainsi que l’univers en expansion et être poétique, qu’on peut expliquer la mécanique quantique et jongler avec quelques métaphores simples, qu’on ne peut dissocier place dans l’univers et philosophie. C’est un petit traité d’intelligence. Qui a d’ailleurs vu le film, ou travaillé sur l’homme Stephen King (1942 – 2018), ne peut réprimer l’envie de lire ses mots. Pour se souvenir qu’on ne sait pas grand-chose. Par son intérêt pour la cosmologie et la relativité, le livre est un modèle de geekness.
« Une brève histoire du temps », de Stephen Hawking, aux éditions Flammarion
« Python » de Nathalie Azoulai
C’est une curieuse recommandation que ce livre… Car il n’est pas tout à fait vrai qu’il se consacre à notre sujet, les romans pour geek. Pourtant bien parti, le thème se concentre sur une quinquagénaire, écrivaine, double fictionnel de l’autrice, qui croise lors d’un déjeuner entre amis, le fils de ceux-là en train de coder. Passons sur l’attrait obsessionnel qu’elle éprouvera pour le garçon, le livre promet une histoire fabuleuse, celle d’une femme qui découvre un langage que seule la jeunesse semble pratiquer, qui peut créer des mondes et décider du futur. Elle contacte Xavier Niel, la directrice de l’École 42 puis deux professeures et décide d’apprendre à coder en Python, ce mot qui la fascine. Seulement voilà, au milieu du livre : patatra. La promesse de la quatrième de couverture se volatilise et ne nous reste qu’une femme et ses souvenirs sentimentaux. Cependant ! Python est un excellent ouvrage sur deux mondes qui ne se comprennent pas. Et lire la deuxième partie ne fait que confirmer cela.
« Python » de Nathalie Azoulai, aux Editions P.O.L
« Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? », de Philippe K. Dick
Difficile de ne pas citer l’auteur américain de science-fiction, Philippe K. Dick, né en 1928 et mort en 1982 qui connut une gloire posthume. Il a marqué toute une génération de lecteurs et continue d’être avidement étudié par des passionnés. Dans ce roman écrit en 1966 et publié deux ans plus tard, le protagoniste Rick Deckard est un chasseur de primes chargé d’éliminer des androïdes rebelles appliqués « réplicants ». Évidemment, Rick va commettre l’irréparable en se rapprochant de Rachael, une androïde, et remettre en doute toute la nature de l’humanité. Qu’est-ce qu’un être humain ? D’où viennent les émotions ? Quels sont nos rapports avec la technologie ? Ring a bell comme on dit ? Le roman a été adapté par Ridley Scott en 1982 sous le titre de « Blade Runner ».
« Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? », de Philippe K. Dick, aux éditions J’ai lu
« Le syndrome de Palo Alto », de Loïc Hecht
Un roman pour s’immiscer dans les couloirs des GAFA où l’argent règne en maître. A Palo Alto, cette ville où vivent les dirigeants et employés de la Silicon Valley, Marc Klein, un Français, rumine le licenciement de la start-up qu’il a créé. Il pense à sa vengeance, s’oublie sur le net et rencontre Luz, une jeune colombienne qui gagne sa vie en proposant des shows sexy sur le Web. L’histoire déroulera ensuite l’impitoyable réponse de Marc qui se fera passer pour un groupuscule d’activistes anti-tech pour mieux désarmer ses ennemis et anciens collègues. Mais ce que raconte ce roman pour geek est bien plus que la destinée d’un personnage : à chaque page, on est tenté d’y voir notre propre reflet, assujetti à cette addiction sans limite que partage toute la société. Terriblement vertigineux.
« Le syndrome de Palo Alto », de Loïc Hecht, aux éditions Léo Scheer
« Console Wars : Sega vs Nintendo, la guerre qui a bouleversé le monde vidéoludique », de Blake J. Harris
Best-seller outre-Atlantique dans le pays de son auteur, qui est également producteur, « Console Wars » raconte la rivalité emblématique entre Sega (créé en 1960 à Tokyo) et Nintendo (fondée en 1889 à Kyoto) durant les années 90. Un ouvrage complet, qui fourmille de recherches approfondies et d’interviews pour plonger dans l’univers des consoles de jeux vidéo et dépeindre cette lutte acharnée pour dominer le marché. Les publicités iconiques y sont racontées de la même façon que les les coûts marketing comme les coups bas entre concurrents. Au final, c’est l’histoire des jeux vidéo qui se voit impacté directement (l’allure des jeux, la prépondérance des personnages héroïques, le design des consoles, etc.). Et si Sega ne vous parle pas forcément, sachez que c’est, entre autre, la maison créatrice de Sonic le Hérisson.
« Console Wars : Sega vs Nintendo, la guerre qui a bouleversé le monde vidéoludique », de Blake J. Harris, aux Editions Pix’n Love
« La Horde du Contrevent », d’Alain Damasio
Dans un monde hostile où le vent souffle constamment, tourbillonne et se transforme parfois en tempête, rendant la vie difficile, un groupe de personnages (la Horde) part à la recherche d’un mystérieux point d’origine des vents. Difficile de revenir à la réalité quand on est plongé dans l’univers de ce pavé de 548 pages, numérotés à l’envers comme un compte à rebours oppressant. Au fil de leur voyage, ils affrontent non seulement les éléments, mais aussi des menaces internes et externes. Roman geek par excellence et classique français de la science-fiction, son auteur excelle à parler de solidarité et de résistance dans un monde éreintant et hostile. A la fin, confronté au « Point d’Origine », chaque membre du groupe réalise la signification de leur voyage et l’entraide qui les a portés jusque-là. En 2004, lors de sa sortie aux éditions La Volte, l’ouvrage est accompagné d’un CD de musique de la « bande originale du livre », géniale invention.
« La Horde du Contrevent », d’Alain Damasio, aux éditions La Volte
« Raconteurs d’histoires. Les mille visages du scénariste de jeu vidéo », de Pierre-William Fregonese
A ceux qui ne jouent pas tant aux jeux vidéo que ça : il vous sera peut-être compliqué de rentrer dans ce roman pour (ultra) geek. N’empêche. Tous les entretiens de professionnels qui jalonnent ce livre racontent un monde passionnant : celui de scénariste de jeu vidéo. Ce sont les plus plébiscités par les joueurs : ces jeux où l’on joue un rôle, où l’on prend un personnage, où l’on suit une histoire, j’ai nommé le jeu vidéo narratif. Pierre-William Fregonese, politologue et ancien chercheur invité à l’Université de Kobe, notamment sur les influences culturelles de la pop et de la geek culture en Europe et en Asie de l’Est, se propose d’expliquer l’envers du décor et comment naissent ces histoires. Écriture individuelle ou collective, références historiques ou imaginaires, proposition d’une co-création avec le joueur : tout y est détaillé, élevant ce métier jusqu’à sa forme artistique.
« Raconteurs d’histoires. Les mille visages du scénariste de jeu vidéo », de Pierre-William Fregonese, aux éditions Pix’n Love
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