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Rolex SailGP
Premier bain d’eau douce pour les F50 du Rolex SailGP avec l’inauguration du premier GP Suisse, à Genève sur le Lac Léman.
Ricardo Pinto for SailGP. Handout image supplied by SailGP

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Rolex SailGP, la voile moderne a trouvé son format spectacle

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Catamarans volants, vitesses à trois chiffres, week-ends taillés pour le streaming : SailGP transforme la voile en show global. La jeune ligue a séduit Rolex, qui s’engage pour dix saisons comme partenaire titre. Objectif : inscrire ce nouveau format dans la durée et en faire un feuilleton sportif planétaire.

Avec ses catamarans volants à près de 100 km/h et ses week-ends de course calibrés comme des shows télévisés, SailGP a réinventé la voile. Le championnat séduit un public plus jeune, plus féminin, et se trouve désormais soutenu par un partenaire titre de prestige : Rolex. Dix ans d’engagement pour l’horloger suisse, qui appose son nom à une ligue en pleine ascension et sur un sport devenu spectacle planétaire. Immersion dans les coulisses du Rolex SailGP.


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Un stade nautique global

Dubaï, Auckland, Sydney, Los Angeles ou encore Saint-Tropez et Genève : les stades nautiques prestigieux s’enchaînent. Au bout des pontons, des F50 frôlent le public comme des bolides de poche. Ces catamarans sur foils, tout carbone et munis d’ailes rigides, font le spectacle autour du monde. En tribune, une foule serrée, smartphones en joue.

En cinq ans, SailGP a imposé un nouveau rituel : une ligue mondiale, rythmée, lisible, spectaculaire. Et depuis cette saison, une signature en lettres capitales sur l’affiche : Rolex. L’horloger suisse n’est plus seulement l’allié naturel des grandes régates, il prête désormais son nom à tout le championnat. Un partenariat de dix saisons, chronomètre en main et visibilité globale, qui installe la ligue dans la durée et clarifie l’ambition. La voile moderne a trouvé son format. Et son partenaire de rang.

La foule captivée par ces bateaux volants !
La foule captivée par ces bateaux volants ! Kieran Cleeves for SailGP. Handout image supplied by SailGP

Une recette lisible et efficace

Dans un paysage nautique où l’exceptionnel s’appelait jusqu’ici Coupe de l’America, SailGP a inventé l’ordinaire majuscule : un “tour” annuel, des étapes urbaines, une dramaturgie continue. La recette est simple à expliquer et redoutable d’efficacité : deux jours de course par grand prix, sept manches de flotte — quatre le samedi, trois le dimanche — puis une finale à trois bateaux pour désigner le vainqueur du week-end.

Même sans connaître un virement de bord, les procédures de départ ou le choix de laylines, on comprend qui mène, qui rate son départ, qui revient dans le match. Le stade est sur l’eau, à portée d’œil et de caméra.

Premier bain d’eau douce pour les F50 du Rolex SailGP avec l’inauguration du premier GP Suisse, à Genève sur le Lac Léman.
Premier bain d’eau douce pour les F50 du Rolex SailGP avec l’inauguration du premier GP Suisse, à Genève sur le Lac Léman. Ricardo Pinto for SailGP. Handout image supplied by SailGP

Rolex SailGP Championship : un partenariat au long cours

Rolex, partenaire historique de la voile, a basculé l’automne dernier dans un engagement au long cours : la maison devient Partenaire Titre du championnat, qui s’appelle officiellement Rolex SailGP Championship. Le deal, annoncé à Dubaï, court sur dix saisons et s’ajoute au rôle de chronométreur officiel.

Derrière le naming, une stratégie : ancrer la ligue dans le temps, la doter d’un vernis premium, amplifier sa visibilité dans plus de 200 territoires. Pour une discipline qui a longtemps souffert d’événements ponctuels et de cycles trop longs, c’est un saut d’échelle.

Des audiences records

Les chiffres confirment la traction. La saison 4 (2023-24) a établi un record d’audience TV mondiale à environ 193 millions, en hausse d’environ 48 % sur un an, et une diffusion dans 212 territoires. Côté numérique, la ligue a quintuplé ses vues vidéo pour dépasser 1,4 milliard, et porté sa communauté cumulée à plus de 3,45 millions de fans.

Ce n’est plus un épiphénomène : SailGP a trouvé son public… et sait le garder entre deux étapes avec des productions sur YouTube façon Drive to Survive, la série événement de Netflix sur l’univers de la Formule 1.

La France sur la carte

La France n’est pas en retrait. Saint-Tropez a rejoué la carte Riviera, tribunes pleines, images dorées sur tranche. Puis cap sur Genève le week-end dernier, première escale de l’histoire du championnat en eau douce et symbole assumé — la maison mère de Rolex est à deux pas.

Le décor fait le travail : Jet d’eau, bise capricieuse, radoubs éphémères sur les quais transformés en paddock. L’enthousiasme local a tourné à guichets fermés selon la presse genevoise, pendant que L’Équipe chroniquait une première journée tendue, légère en vent, dominée par l’Australie de Tom Slingsby. Les Bleus de Quentin Delapierre terminent à la 7e place, loin de ce que l’équipe est capable de faire. Comme à Sassnitz en Allemagne il y a quelques semaines, lorsque l’équipe tricolore remportait la finale du week-end et inscrivait sa première victoire de la saison. La route est encore longue jusqu’à la grande finale à Abou Dhabi le dernier week-end de novembre 2025.

De gauche à droite : Jason Sanders (flight controler), Olivier Herlédant (wincher), Manon Audinet (stratégiste), Quentin Delapierre (pilote), Matthieu Vandame (Winch), Timothé Lapauw (Winch), Kevin Péponnet (régleur d’aile), lors de leur victoire à Sassnitz en Allemagne en août 2025.
De gauche à droite : Jason Sanders (flight controler), Olivier Herlédant (wincher), Manon Audinet (stratégiste), Quentin Delapierre (pilote), Matthieu Vandame (Winch), Timothé Lapauw (Winch), Kevin Péponnet (régleur d’aile), lors de leur victoire à Sassnitz en Allemagne en août 2025. Andrew Baker for SailGP. Handout image supplied by SailGP

Les forces françaises en présence au Rolex SailGP

Autour de Delapierre, la distribution française semble enfin stabilisée, avec des rôles très lisibles. À l’aile rigide, Kévin Peponnet — champion du monde de 470 en 2018 — gère l’accélérateur du bateau, sa puissance et l’assiette longitudinale.

Le contrôleur de vol n’est autre que Jason Saunders, transfuge de plusieurs équipes, qui tient le plané, règle l’altitude, décrochages interdits. Il gère l’incidence des volets sur les plans porteurs et contrôle « l’altitude » du bateau. Aux colonnes en carbone qu’il faut actionner pour générer de l’énergie dans les systèmes hydrauliques, on retrouve un trio aguerri — Matthieu Vandame, Timothé Lapauw, Olivier Herlédant. Ils sont le carburant (avec le vent) du bateau.

À la stratégie, Manon Audinet, olympienne en Nacra 17, arbitre le trafic et cadre le risque. Elle est les « yeux » du bateau et murmure à l’oreille de Quentin, pilote à la barre, les informations cruciales pour choisir les bonnes trajectoires. En réserve active, Camille Lecointre, autre figure olympique, apporte un sens de la régate chirurgical.

Nouvelle vague en approche : Enzo Balanger et Lou Mourniac s’installent dans l’écosystème, l’un comme navigant en formation multi-postes, l’autre symbole d’une filière qui fait le pont entre foiling de détection et haute intensité.

Prenons un instant pour comprendre la force de cette image.
Prenons un instant pour comprendre la force de cette image. Ricardo Pinto for SailGP. Handout image supplied by SailGP

Une technologie maîtrisée

Pourquoi ça marche ? Parce que SailGP a domestiqué l’extrême. Les bateaux sont monotypes — mêmes coques, mêmes ailes rigides, mêmes foils — et appartiennent à la ligue, qui mutualise maintenance et évolutions.

Exit la course à l’armement façon prototypes opaques : on bataille à armes quasi égales, et la différence se fait au départ, au placement, à l’audace. L’accès total aux données (captées et distribuées en temps réel via Oracle Cloud) nourrit à la fois la performance des équipes, l’arbitrage et le broadcast, avec graphiques, vitesses et angles de VMG lisibles à l’écran. Le spectacle gagne en pédagogie, la courbe d’apprentissage pour le fan aussi.

Un public jeune et féminin

Le public, justement, s’élargit et se féminise. Les responsables de la ligue revendiquent une moyenne d’âge autour de 35 ans, et des événements “in person” à majorité féminine dans certains pays — un profil inédit pour la voile de compétition.

Cette mue se voit aussi à bord : la part d’athlètes féminines a bondi de plus de 40 % entre les saisons 3 et 4, et la Brésilienne Martine Grael est devenue cette année la première barreuse d’un F50 en course. Ou encore Hannah Mills, l’alter ego de Manon Audinet chez nos meilleurs ennemis sportifs de toujours, les Anglais de Sir Ben Ainslie, le GOAT de la voile « inshore ».

À Genève, douze équipes mixtes s’alignent ; l’image raconte aussi l’époque.

A première vue, la voile est un sport d’initié, avec SailGP, le spectacle est au rendez-vous de manière très intuitive !
A première vue, la voile est un sport d’initié, avec SailGP, le spectacle est au rendez-vous de manière très intuitive ! Jason Ludlow for SailGP. Handout image supplied by SailGP

Un modèle économique solide

L’autre nerf de la guerre, c’est l’économie. Avec son modèle ligue + monotypie + calendrier dense, SailGP contrôle ses coûts et multiplie les guichets : billetterie premium à terre et sur l’eau, hospitalités, médias, droits internationaux, et une caisse de résonance digitale surdimensionnée.

Les revenus 2025 annoncés par Sport Business Journal se situeraient entre 100 et 150 millions de dollars. La ligue flirte avec l’équilibre. Ce n’est pas la NFL, mais c’est déjà une PME sportive mondiale bien tenue — et le label Rolex ajoute la confiance qu’il faut pour convertir les villes hôtes hésitantes.

Face à la Coupe de l’America

Reste à situer SailGP face à l’icône mythologique : la Coupe de l’America. La relation est ambiguë et les deux entités sont intimement liées. Le Néo-Zélandais Russell Coutts, CEO de la ligue SailGP, vient tout droit de l’univers America’s Cup (cinq victoires à son palmarès, avec les Néo-Zélandais, les Américains et les Suisses).

Avec la « Cup », c’est le duel et la complémentarité à la fois. D’un côté les AC75 qui volent, la R&D jalousement gardée secrète, des cycles de trois ou quatre ans, un Defender, un Challenger, un seul gagnant qui soulève l’Auld Mug. SailGP, c’est l’anti-rythme : une saison de championnat sur une année, des manches courtes d’une douzaine de minutes, une finale à trois chaque week-end, douze nations en grille et une grande finale annuelle.

Rolex SailGP : rivalités, drames et sécurité

Toujours est-il qu’en SailGP, on pousse les curseurs de l’entertainment au maximum. Et Julien souhaiterait presque des rivalités entre les athlètes. Comme James Hunt et Niki Lauda en F1, Roger Federer et Novak Djokovic… et Rafael Nadal en tennis, Larry Bird et Magic Johnson en NBA ou encore Kelly Slater et Andy Irons en surf. Le public aime les rivalités et les drames.

Mais la technologie sans cesse poussée à l’extrême dévoile certaines limites. L’Australie a vu son aile s’effondrer à San Francisco, images saisissantes, heureusement sans blessés. À Sassnitz, l’accident à grande vitesse du Brésil pendant les essais a rayé l’équipe du week-end. La France, elle, a vécu ce fameux safran cassé en amont des courses.

Ces incidents nourrissent le dramatique — et donc l’audience — mais rappellent l’impératif de prudence d’une ligue dont les bateaux flirtent avec les 100 km/h dans une coquille de carbone au-dessus de l’eau. Pour rappel, à l’arrivée des nouveaux foils en T sur les catamarans, les Danois ont atteint 103,99 km/h à la barre de leur bateau à Sassnitz en Allemagne.

La vitesse comme ADN

Ce succès tient enfin à une évidence : SailGP raconte la vitesse. Les nouveaux T-foils déployés cette saison ont encore “décranté” les F50, avec des pointes qui flirtent avec 100 km/h selon les conditions.

Quand le vent manque, le suspense reste au départ et sur les laylines ; quand il fraîchit, le public comprend instinctivement ce qu’il voit. Et comme chaque pays — ou presque — a son pavillon sur l’eau, l’attachement émotionnel suit.

Simple à dire, exigeant à produire. C’est précisément là que Rolex sait faire : cadrer le temps, sublimer le cadre, garantir la tenue. La couronne à la proue, la voile moderne a trouvé son tempo.

Navigation au contact et à toute berzingue pour les bateaux allemand et français.
Navigation au contact et à toute berzingue pour les bateaux allemand et français. Felix Diemer for SailGP. Handout image supplied by SailGP

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