The Good Guide
Vedettes cathodiques et ministres se donnent depuis longtemps rendez-vous avenue Gabriel, dans un restaurant déjà plébiscité par Louis XVI en son temps. Aujourd'hui, le Laurent présente un nouvel apparat et le menu d'un nouveau chef, Mathieu Pacaud, près à séduire ceux qui veulent voir et être vus.
Alors que Paris Society change la donne d’un secteur déjà affaibli pour le Covid, le groupe poursuit sa main-mise sur les établissements historiques parisiens. Si, bientôt, c’est la nouvelle mouture du Maxim’s que nous découvrirons, ce soir-la, c’était au restaurant Laurent que nous avions rendez-vous.
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Une histoire qui nous dépasse
Attablé chez Laurent, nous dinons en fait dans ce qui fut un pavillon de chasse de Louis XIV. Transformé en guinguette à l’époque de la Révolution française, la charmante résidence est ensuite restaurée en 1842 sous la supervision de l’architecte allemand Jacques-Ignace Hittorff, alors mandaté par le roi Louis-Philippe pour réaménager les Champs-Élysées. Le nom « Le Laurent » est inspiré du troisième propriétaire de l’établissement.
Hautement prisée par une clientèle d’affaires, point de rencontre privilégié des cercles ministériels et des intimes de l’Élysée, l’adresse demeure pendant longtemps un haut-lieu du charme à la parisienne, à deux pas de la plus belle avenue du monde, où l’art de vivre à la française règne en maître.
Le lieu alors exploité depuis 2001 par le groupe Partouche bascule sous le contrôle de Paris Society, la mairie ayant, l’an passé, a accordé au groupe les droits de l’exploitation des murs pour les douze prochaines années. La maison mère des restaurants Gigi, Perruche et Bonnie a donc entrepris des travaux de rénovation avec sa directrice artistique Victoria de Castellane pour saupoudrer les lieux des paillettes qu’on connait à la maison.
Le restaurant Le Laurent
Le renouveau du Laurent est réjouissant. Évacuons tout de go un sujet : oui, l’addition sera salée. 38 € pour une cassolette de cuisses de grenouilles, 120 € pour la salade de homard bleu qu’on dégustait déjà chez Monsieur. Les plats, quant à eux, étaient parfaitement assaisonnés.
Certes, on aura quelques petites choses à redire… Bien que dirigé par un grand chef, Mathieu Pacaud, déjà artiste étoilé des cuisines de Apicius, une propriété de Paris Society, le restaurant n’ambitionne pas de rejoindre son aîné dans les astres. Le petit amuse-bouche de légumes est chiche en aïoli, la raviole de homard pourrait sans problème se passer de sa robe en chutney de mangue. Mais sa pâte et sa farce sont bonnes et notre aïoli subtilement aérien. Les cuisses de grenouilles, bien charnues, s’éloignent de leur recette la plus classique pour se voir simplement sautée à la feuille de basilic. La brouillade d’œufs est agrémentée non pas d’une mais de deux langues d’oursin. Bon !
Le reste de la carte est alléchant. D’une brioche au caviar à un « capuccino » de potimarron en passant par des Saint-Jacques meunière et un T-bone de Blanc Angus. Fort est à parier que les hommes en costume et les vedettes cathodiques croisées ce soir-là eurent de quoi casser la croûte correctement.
Le Laurent
41 avenue Gabriel, 75008 Paris
Réservations
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