Horlogerie
Lancée il y a seulement deux ans, la marque Réservoir démarre sur les chapeaux de roues. Ses garde‑temps reçoivent des cadrans composés comme des compteurs de voiture… La nouvelle Longbridge s’inspire ainsi de la planche de bord d’une Austin Mini.
François Moreau était banquier et a travaillé plus de vingt ans chez HSBC. « Et puis, un beau jour, mon métier a évolué, se souvient-il. Je me suis retrouvé à un poste horriblement ennuyeux. Je n’avais plus de motivation. » A l’époque, il se passionnait pour l’horlogerie, en tant que client. « Je possède une petite collection d’une quarantaine de pièces. » Mais le banquier commençait à déplorer le peu d’audace et de créativité dont faisaient preuve les grandes manufactures. L’équation est aussi simple qu’imparable : ennui au bureau et monde horloger somnolant. Voilà qui va déclencher chez François Moreau la volonté de lancer sa propre marque horlogère. « Quand j’étais petit, je pouvais rester des heures à contempler le tableau de bord de la Rover de mon père. Tous ses petits compteurs et leurs aiguilles me fascinaient », se souvient le fondateur et CEO de Réservoir.
Depuis, cette passion n’a fait que croître. « Les compteurs des années 60 me paraissent les plus réussis. Ainsi, je suis amoureux de la planche de la Jaguar Type E, avec sa rangée de compteurs alignés sur une plaque d’alu », déclare François Moreau. Un jour, alors qu’il est au volant, il a un flash : « Mon attention se fixe sur la jauge à essence de ma voiture. Je me dis qu’aucune montre ne reprend le principe de ce fascinant appareil. » Rentré chez lui, il crayonne un garde-temps qui imite le fonctionnement de cet outil de mesure. Dès lors, tout s’enchaîne. Et vite !
La marque lance en 2016 une campagne de financement participatif qui dépasse les objectifs en seulement quelques semaines et permet de lever 1,35 million d’euros. En seulement deux ans, Réservoir a déjà proposé cinq collections, qui sont autant d’interprétations horlogères d’instruments de bord. Les premières montres s’inspirent des cockpits de voitures de course (collection GT Tour ou Supercharged), d’avions de chasse (Airfight) ou de sous-marin (Tiefenmesser) anciens.
Quant à la nouvelle collection Longbridge, révélée à Baselworld en mars dernier, elle évoque, par moult détails, l’iconique Austin Mini. Son patronyme reprend le nom de la ville anglaise proche de Birmingham où cette « puce à roulettes » est produite. Son cadran rappelle le délicieux compteur de la planche de bord de la voiture so British. Les petits cabochons de pierre précieuse de son cadran imitent les diodes des compteurs de Mini aux élégantes finitions satinées.
Surtout, à minivoiture, montre réduite. Le boîtier en acier est ramené à 39 mm, au lieu des 43 mm habituels chez Réservoir. Cette collection devient, dès lors, plus explicitement unisexe, voire féminine, à l’image de la variante Lady Longbridge à bracelet de cuir coloré.
Dates clés
• 1967 : naissance à Paris de François Moreau, futur fondateur et CEO de Réservoir.
• 2000 : François Moreau devient directeur de la banque à distance de HSBC France.
• 2015 : l’idée de Réservoir éclot. Au volant de son auto, François Moreau a un flash. Il visualise la montre qu’il va fabriquer.
• 2016 : lancement de la campagne de financement participatif.
• 2017 : présentation officielle de Réservoir au salon Baselworld. La marque s’installe au sein de l’espace Les Ateliers, dédié aux horlogers alternatifs indépendants.
• Mars 2018 : présentation à Baselworld de la Longbridge qui évoque un compteur de planche de bord d’Austin Mini.
Complications horlogères à prix serré
Cette famille s’inscrit parfaitement dans l’esprit de la marque. On retrouve ainsi l’original et ludique système d’affichage de l’heure qui fait le sel des garde-temps Réservoir. Celui-ci fonctionne grâce à trois complications horlogères Swiss Made. Une minute rétrograde, indiquée par la grande aiguille, utilise un affichage directement inspiré des compteurs de vitesse ou de compte-tours. L’heure sautante à 240°, qui prend place dans un guichet à 6 heures, rappelle pour sa part le fonctionnement d’un compteur kilométrique. Enfin, une réserve de marche, imitant une jauge à essence ou à huile, complète le tableau.
La marque connaît un bon démarrage. Une première série de pièces, fabriquées avec l’aide de Télôs, spécialiste suisse des complications horlogères, s’écoule rapidement. Un nouveau cycle de fabrication de plus grande envergure est lancé. Cela semble confirmer que la recette de François Moreau fonctionne. « Mes montres mécaniques proposent plusieurs complications horlogères Swiss Made, mais à des tarifs abordables, déclare ce dernier. Elles apportent quelque chose en plus à la lecture de l’heure. »