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L’édition 2024 des Rencontres de la Photographie d’Arles a débuté ce lundi sous le soleil ardent de juillet. Véritable vivier de création photographique contemporaine, le festival déploie cette année une programmation aussi riche que variée, mêlant les points de vue et les écritures artistiques sur les mondes qui nous entourent.
« Remous, esprits, traces, lectures parallèles et relectures sont autant de nouvelles perspectives qui sous-tendent l’édition 2024 des Rencontres d’Arles. Photographes, artistes et commissaires dévoilent leurs visions, leurs histoires, telle celle de notre humanité, tour à tour contrariée, en perpétuelle redéfinition, résiliente, mais aussi visionnaire. À la marge ou établis, les récits mènent à des voi(x)es multiples », écrit Christoph Wiesner, directeur des Rencontres. Dans l’effervescence de la première semaine du festival, The Good Life a pris le temps de sillonner les différents lieux et expositions qui le ponctuent.
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Nos Coups de Cœur des Rencontres d’Arles 2024
« Quelle joie de vous voir », photographes japonaises des années 1950 à nos jours au Palais de l’Archevêché
Alliant autoportraits, natures mortes, expérimentations, noir et blanc et street photo, l’exposition présente le travail de 25 photographes femmes japonaises, pionnières de la photographie nippone. Toutes parlent, au travers de différents points de vue, de féminisme, de l’histoire des femmes et de leur rapport à la société au fil des générations, le tout dans des scénographies pleines de sensibilités. Une représentation bienvenue de la femme par les femmes.
Cloître Saint Trophime
« The Green Ray » de Mustapha Azeroual et la curatrice Marjolaine Lévy
Partenaire des Rencontres d’Arles depuis des années, BMW Makers permet à un artiste et un curateur de travailler ensemble sur un projet artistique. Cette année, Mustapha Azeroual et la curatrice Marjolaine Lévy, aidés par la Bourse, présentent « The Green Ray ». L’artiste a capturé les couleurs au coucher du soleil, toujours changeantes, pour composer deux fresques se faisant face qui évoluent au fil de notre déambulation. Partant du postulat que chaque coucher de soleil est unique, cette immersion explore la structure physiologique de la couleur grâce à un dispositif optique montrant plusieurs images en même temps.
« Le passé composé » de Vasantha Yogananthan
C’est une série tout en poésie qu’offre Vasantha Yogananthan aux Rencontres d’Arles 2024. Tout débute par l’évocation d’une femme inconnue que l’on découvre au début du projet, un bouquet de mimosa à la main. Au fil de la visite, des questions émergent que le visiteur tente de déchiffrer à partir des inscriptions murales. Une exposition à faire à la lueur du matin, à l’ombre du soleil, dans une atmosphère rassurante créée par les vitraux jaunes du cloître rappelant le mimosa en fleurs.
« Rencontres » de Mary Ellen Mark à l’Espace Van Gogh
C’est la première rétrospective mondiale de l’artiste photographe de renom Mary Ellen Mark retraçant plus de 40 ans de travail, des années 70 à 2010. On parcourt les rues, on s’immisce dans les intérieurs et les intimités de chacun, dans des clubs aux États-Unis en passant par le quotidien des travailleuses du sexe en Inde. Proche de ses sujets et pleine de bienveillance, l’artiste investit les vies de personnes aux existences difficiles. Elle s’intéresse aux « non-connus », aux personnes en marge et leur offre un espace de reconnaissance.
« Voyage au centre » de Cristina De Middel à l’Église des Frères Prêcheurs
Exposée dans l’Église des Frères Prêcheur, la série de Cristina De Middel prend vie sous les voutes et dans la lueur des vitraux. Un projet qui témoigne de la traversée migratoire du Mexique commençant au Guatemala et se terminant à Felicity, une ville de Californie. L’exposition explore le phénomène de la migration, les strates complexes qui composent un territoire et ceux et celles qui le traversent. Utilisant parfois des cartes du tarot en parallèle de ses images, elle aborde alors l’immigration, les politiques migratoires virulentes sous l’administration Trump et l’idée complexe de la « destination finale », le tout bercé par des musiques qui résonnent dans l’église, comme sur un poste radio qui grésille.
![Cristina De Middel. Revenir à nouveau [Volver Volver], série Voyage au centre, 2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste/Magnum Photos.](/wp-content/uploads/sites/2/2024/07/2024-middel-thegoodlife.jpg)
« Finir en beauté » de Sophie Calle aux Cryptoportiques
Peu avant l’inauguration de son exposition « À toi de faire, ma mignonne » au musée Picasso, à Paris, un orage a abîmé certaines des œuvres de Sophie Calle, artiste multidisciplinaire et plasticienne, laissant des spores de moisissure notamment dans « Les Aveugles », une des séries qui devait constituer son exposition. « Les restaurateurs se sont prononcés : afin d’éviter tout risque de contamination, il était préférable de détruire les œuvres« , explique-t-elle. Ne souhaitant pas s’en défaire, l’artiste décide de créer autre chose à partir de la décomposition de ces dernières. Montrant ses œuvres inondées, des objets lui appartenant, des mots, des poèmes finissant leur agonie dans la crypte, Sophie Calle donne une seconde mort à ses créations. « Attention à ceux qui songeraient emprunter l’une de ses œuvres, elles sont hautement contagieuses et contamineront l’intérieur », prévient-elle avec amusement.
« Wagon-bar » par le commissaire Arthur Mettetal, à La Croisière
Si l’histoire de la restauration ferroviaire en France débute dans les buffets de gare, des repas sont servis à bord des trains dès les années 1860 aux États-Unis avant de progressivement se généraliser dans le monde. Les photographies et archives présentées dans cette exposition sont issues des fonds de l’ancienne Compagnie internationale des wagons-lits et du Service Archives Documentation du groupe SNCF (SARDO) ; celle-ci est coproduite par le fonds de dotation Orient Express et Les Rencontres d’Arles, en collaboration avec la SNCF et avec le soutien de Newrest wagons-lits. — F.L.G.
Prix Dior de la Photographie
Pour sa 7ème édition, le concours du « Prix Dior de la Photographie et des Arts Visuels pour Jeunes Talents » initié en 2018 en partenariat avec LUMA Arles et l’ENSP d’Arles continue plus que jamais de mettre en lumière de jeunes artistes visuels encore inconnus, qu’ils soient photographes et/ou vidéastes. Cette année, c’est un jury présidé par la grande photographe française Brigitte Lacombe connue pour ses portraits de stars qui a sélectionné, pour leur talent et leur singularité, une poignée d’étudiants et d’alumni qui s’est exprimée avec force autour du thème annuel et récurrent de ce concours, « Face to Face ». Voyageant à la découverte d’autres cultures, plongés dans un travail introspectif ou encore habités par des visions poétiques, tous ont fait preuve de sensibilité et d’ouverture au monde et aux autres.
Bonus : où dormir à Arles pendant les Rencontres ?
Le Jules César Arles Hotel & Spa-MGallery permet de s’offrir une parenthèse loin du tumulte des Rencontres dans ses jardins abrités de la chaleur ou à la fraîcheur de son spa. Autrefois couvent de Carmélites, ce bâtiment historique du XVIIe siècle a été métamorphosé sous la direction artistique de Christian Lacroix, infusant à chaque recoin de l’hôtel et de ses 52 chambres une élégance colorée. Les plus chanceux et chanceuses d’entre vous croiseront peut-être le créateur himself qui y passe de temps à autre dans le lobby… Pendant les Rencontres d’Arles, l’hôtel accueille également une exposition du OFF, sur Madagascar d’un collectif d’artistes, une manière d’initier sa lancée d’expositions. — F.L.G.
9 Bd des Lices, 13200 Arles. Réservations.
